Journal C'est à Dire 151 - Janvier 2010

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ALAIN JOYANDET : ENQUÊTE SUR LE “SARKOZY FRANC-COMTOIS”

Jonglant entre ses fonctions de secrétaire d’État, de maire et son habit de candidat U.M.P. aux Régionales de mars 2010, le Vésulien Alain Joyandet est sur tous les fronts. À peine rentré de République Dominicaine d’où il a ramené les deux Bisontines emprisonnées, il s’apprête à dévoiler sa liste et sa stratégie pour le scrutin régional des 14 et 21 mars. On le sait énergique, on le dit ambitieux, on le présente souvent comme un animal politique, un homme d’affaires… Qui est-il vraiment ? Que veut-il pour la Franche- Comté ? Comment prépare-t-il déjà sa succession ? Enquête sur un homme hautement médiatisé… mais peut-être encore méconnu.

Parcours

Alain Joyandet, l’homme pressé Poussé par les militants de droite autant que par son tempérament, le secrétaire d’État a deux mois pour convaincre les Francs-Comtois qu’il est le meilleur candidat pour sortir la région de son quasi-anonymat.

Le 17 octobre dernier,

le secrétaire d’État venait dans le Haut- Doubs pour décorer Annie Genevard de la légion d’honneur.

S amedi 17 octobre 2009, Villers-le-Lac. La Peugeot 607 d’Alain Joyandet se gare devant la salle des fêtes de la ville. À l’intérieur, un parterre de personnalités attend fébrilement le ministre. La star du jour,ce n’est pas lui. C’estAnnie Genevard,maire deMorteau, éle- vée au rang de chevalier de la légion d’honneur. Mais la “guest star”, l’invité d’honneur, c’est bien lui. La veille, missionné par l’État français, Alain Joyandet assis- tait au “sacre” du nouveau pré- sident gabonais Ali Bongo. Il

fera le voyage de nuit entre le Gabon et la France pour être à l’heure à Villers-le-Lac et ain- si pouvoir remettre l’insigne en mains propres à sa future co- listière aux régionales de mars prochain. Depuis avril 2008, l’agenda d’Alain Joyandet est réglé au rythme des voyages incessants qu’il effectue en tant que secré- taire d’État à la Coopération et à la Francophonie. Un jour à Vesoul, le lendemain à Paris, le surlendemain à Haïti, à New- York ou à Beyrouth, avant une escale à Besançon. Alain Joyan-

det est dans les pas de son ami et modèle en politique, Nicolas Sarkozy. Il en a l’énergie, la démarche et les idées. Maire de Vesoul à 41 ans, séna- teur de la Haute-Saône quelques semaines plus tard, il a bâti sa carrière politique à rebours du schéma classique. Sénateur avant d’être député, il a pris la chambre haute pour un trem- plin plutôt que pour une confor- table maison de retraite. La reconquête de la Région Franche-Comté, il y a immé- diatement pensé quand le 18 mars 2008 il est appelé par

Nicolas Sarkozy pour entrer au gouvernement. Mais il attendra que 11 des 13 parlementaires francs-comtois viennent le sol- liciter pour sortir du bois. En

décembre 2008, il officialise son statut de “chef de file” de la majo- rité avant de déclarer officiel- lement sa candidature le 21 novembre dans un grand show sarkozien à Besançon- Micropolis. Ses affinités avec le président de la République, il les reven- dique plus que jamais. Même quand le chef de l’État est au plus bas dans les sondages, c’est lui qui l’invite à Vesoul, juste avant les municipales de mars 2008. Aujourd’hui, il assu- me sa “filiation” avec le chef de l’État dont il est l’aîné d’un mouvement avec près de 90 réformes accomplies. Les Fran- çais, au-delà de l’écume des choses, savent que nous tra- vaillons sérieusement. En mars prochain, nous confirmerons ces résultats” assure le candidat U.M.P. Les vrais adversaires pour lui, ce sont “les socialistes.” Jean- François Humbert, le grain de sable dans l’engrenage bien hui- lé, il n’en fait plus grand cas. Il a reçu mission de reprendre à la gauche la région de Franche- Comté. Il affirme avoir répon- an. Alain Joyandet exhorte ses partisans de “regarder le chemin par- couru depuis deux ans et demi, depuis l’élection de Nicolas Sarkozy. Nous avons remis la France en

du à l’appel des militants et des sympathisants de droite. Mars 2010, c’est une nouvelle étape inscrite dans son agenda. Une marche de plus dans sa car- rière politique presque sans fau- te. Et s’il échoue ? Il l’assume par avance. Car au vu des actuels sondages d’opinion, la droite ne devrait pas reprendre beaucoup de régions à la gauche au soir du 21 mars. Si Alain Joyandet parvient à faire bas- culer la région à droite, le secré- taire d’État qu’il est aura tous les arguments pour convaincre son ami président de la Répu- boulimique d’action. Il affirme faire de la Franche-Comté sa “priorité.” Ce qui ne veut pas dire qu’il n’acceptera pas de mener de front sa carrière minis- térielle en même temps que la présidence de Région en cas de succès. Les Francs-Comtois préféreront- ils un président à temps plein ou un homme d’État qui por- tera les couleurs de la Franche- Comté à Paris et dans le mon- de ? C’est la principale incon- nue du scrutin de mars. J.-F.H. blique de rester en poste dans son secré- tariat d’État. Mener de front la présiden- ce de Région avec son portefeuille ministé- riel n’effraie pas ce

S’il échoue ? Il l’assume par avance.

En présence notamment de la présidente du Saugeais et de Lola Sémonin, Alain Joyandet décore l’ancien arbitre Michel Vautrot à Paris. C’était le 30 novembre.

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