Journal C'est à Dire 150 - Décembre 2009

L A P A G E D E L ’ A R T I S A N

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Les candidats à la reprise ne prennent plus de risques Les repreneurs sont de moins en moins dis- posés à investir beaucoup pour reprendre une entreprise. Ils veulent être indépendants mais éviter tous les problèmes. Transmission d’entreprise Zoom Les formules d’accompagnement à la reprise

T ous les artisans ne sont pas égaux face à la transmission d’entreprise qui n’est pas toujours synonyme de capi- tal retraite. Un maçon qui tra- vaille seul depuis trente ans, ayant aménagé son bureau dans son habitation personnelle, ne peut guère espérer vendre autre chose que son matériel lorsqu’il arrête son activité. En revanche, un fleuriste qui a pignon sur rue, dont l’entreprise ne vaut peut- te le transformer en salon de coiffure. Le commerce n’a qu’une valeur immobilière mais elle est essentielle. Le service trans- mission-reprise de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat du Doubs (il est financé par le Conseil régional) traite en moyenne 50 % des dossiers de transmission dans le départe- ment. Le reste se répartit entre les notaires, les avocats et les experts-comptables qui ont cet- te compétence. En 2008, 140 entreprises artisanales ont été cédées dans le Doubs. “Il y en a 40 dans l’alimentaire, 40 dans le bâtiment, 55 dans les ser- vices et 5 dans la production” énumère Catherine Bongain qui gère le service avec Virgi- être rien, aura la pos- sibilité de monnayer son pas-de-porte,même si l’investisseur auquel il l’abandonne souhai-

1 - Le Proforeart avant la vente Le Programme de Formation à la Repri- se dʼEntreprise Artisanale permet au futur repreneur dʼêtre stagiaire durant une période de 4 à 12 mois dans lʼentreprise quʼil souhaite acheter. Ce programme sʼadresse aux deman- deurs dʼemploi, sans limite dʼâge, qui ont en projet de reprendre une entreprise franc-comtoise. Le statut de stagiaire de la formation profes- sionnelle lui est accordé par le Conseil régional de Franche-Comté. 2 - Le tutorat après la vente Le cédant sʼengage par le biais dʼune convention à passer le relais à son repreneur pendant une durée variant de 2 mois à 3 ans. Le cédant doit être affilié au R.S.I. (régime social des indépendants). Il bénéficiera dʼune réduction dʼimpôt sur le reve- nu sʼil est bénévole. Le tutorat est compatible avec le Proforeart. 3 - Aide de lʼOpcams avant la vente LʼOpcams (organisme qui gère les contributions des entreprises artisa- nales pour la formation profession- nelle) propose une aide spécifique pour la reprise dʼune entreprise de service par un de ses salariés. Cet- te aide consiste à la prise en char- ge de la formation du repreneur ain- si que le versement dʼune indemni- té à lʼentreprise. Source C.M.A. du Doubs

nie Chessel. La part du bâtiment est assez faible alors que ce secteur consti- tue 40 % du répertoire de la Chambre de Métiers. “D’abord, ce secteur n’a pas la culture de la transmission. Ensuite, si ce n’est pas un fils ou un salarié qui décide de pérenniser l’activité, l’artisan peut difficilement espé- rer vendre son entreprise.” C’est plus vrai encore s’il est seul à travailler. “Le bâtiment fait par- tie des secteurs où on peut créer son entreprise plutôt que d’en reprendre une existante. 25 % seulement des immatri- culations de sociétés sont des reprises et 75 % des créations. Pourtant, les statistiques mon- trent que les entreprises qui durent dans le temps sont celles qui ont été transmises. “À cinq ans, 75 % des entreprises qui ont été cédées sont encore en vie et 50 % lorsqu’il s’agit de créations. Le taux de réussite est donc plus fort dans le cadre d’une reprise.” Ajoutons que l’âge moyen des repreneurs est de 39 ans alors qu’il est de 29 ans pour les créateurs. Par- mi les professions sinistrées qui peinent à trouver des repre- neurs et même parfois à vendre démarrer très vite une activité avec peu de matériel.” Un entrepreneur préférera donc

140 entreprises artisanales cédées.

Virginie Chessel et Catherine Bongain s’occupent du service transmission-reprise à la Chambre de Métiers du Doubs.

leur fonds de commerce, il y a les pressings. Les candidats à la reprise sont découragés par l’obligation de mettre aux normes ces sociétés. “Il faut compter 100 000 euros d’investissement” explique Catherine Bongain. Si l’artisan ne trouve pas de repreneur, il devra payer cher l’enlèvement des machines avant de vendre son pas-de- porte.

Actuellement, la majorité des acquéreurs ne sont pas prêts à prendre de tels engagements. “Les repreneurs sont animés par l’idée d’être indépendant sans faire quelque chose de grand. Le plus souvent, ils ne veulent pas de contraintes et pas de salariés pour éviter les problèmes sociaux. Si le loyer est le plus bas possible, c’est encore mieux. Ils ne veulent pas prendre de risque et avoir

le moins d’emprunt.” Tous ne sont pas aussi frileux. Il y a ceux qui fonctionnent au coup de cœur et qui achètent le fonds de commerce qui leur plaît et d’autres qui vont même jusqu’à vendre leur maison pour acheter un garage. Pour ceux-là, la prise de risque est totale, mais ils croient en l’avenir et en leur bonne étoi- le. T.C.

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