Journal C'est à Dire 150 - Décembre 2009

L A P A G E D U F R O N T A L I E R

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Société “L’assistance sexuelle est une réponse parmi d’autres” C’est pour que les personnes en situation de handicap puissent rompre avec un désert de sensualité, que Cathe- rine Agthe, sexo-pédagogue a Genève, a mis en place une formation d’assistance sexuelle. Dix assistants sexuels, six femmes et quatre hommes, ont été formés pendant un an et offrent désormais la tendresse sur ordonnance.

Coktail maison et feuilletés *** Mise en bouche ***

Foie gras de canard maison cuit au torchon et sa gelée de coing *** Aumonière de Saint-Jacques sauce Macvin du Jura *** Surprise du Chef *** Caille farcie aux morilles à la crème de vin jaune et ses accompagnements *** Assiette de fromages Franc-comtois *** Charlotte aux griottines et sa sauce chocolat maison

Soirée dansante du matin avec les Mélod’elles v Menu du 31 décembre 2009 à partir de 19h

C’ estàdire : En France, le sujet est encore tabou. Comprenez- vous que nous puissions com- parer l’assistance sexuelle à de la prostitution ? Catherine Agthe : Il faut com- prendre que le contexte est diffé- rent. La Suisse est un pays où

l’assistance sexuelle pour des personnes handicapées ? C.A. : Nous parlons de personnes en situation de handicap et pas de handicapés. Il s’agit d’abord d’hommes et de femmes.À partir du moment où nous changeons notre approche vis-à-vis de ces personnes, on peut considérer qu’elles peuvent elles aussi, com- me chacun d’entre nous, avoir des besoins affectifs,intimes et sexuels. L’assistance sexuelle est une répon- se parmi d’autres à ces besoins et s’adresse uniquement aux per- sonnes qui le souhaitent. Mais il ne s’agit en aucun cas d’une sup- pléance à une relation amoureu- se. Ce service est adapté à une personne en situation de désert de sensualité. L’assistant sexuel va l’accompagner pendant une heure minimum (150 francs suisses pour une heure). Càd : Comment avez-vous recruté les assistants sexuels ? C.A. : Au départ, une quarantai- ne de candidats ont déposé un dossier agrémenté notamment d’un extrait du casier judiciaire et d’une lettre de motivation. À la suite d’entretiens, nous en avons retenu douze (N.D.L.R. : deux per- sonnes ont abandonné). Les assis- tants qui ont entre 35 et 55 ans, ont été sélectionnés de manière drastique pour suivre cette for-

la prostitution est légale. À par- tir de là, il n’y a pas de problè- me avec le principe d’assistance sexuelle. En Suisse, les assistants sexuels sont assimilés à des pros- titués, mais ça ne leur pose aucun problème. Càd : Qu’est-ce qui vous apous- sé à former des personnes à

mation atypique et exigeante qui a duré un an (300 heures). Les cours abordaient le champ juri- dique, éthique, la connaissance des handicaps. Il n’est pas exi- gé de ces assistants qu’ils soient aptes à tout offrir jusqu’à la péné- tration. L’approche est d’abord sensuelle. Néanmoins, nous avons demandé aux dix assistants, si certains étaient prêts à aller au- delà tout en sachant que 90 % des demandes qui nous sont faites de la part de personnes en situa- tion de handicap ne souhaitent pas un passage à l’acte sexuel avec pénétration.Nous avons reçu la demande d’une personne qui voulait juste une fois sentir le corps d’un homme à côté d’elle, qui ne porte pas de jugement sur son corps dysmorphique. Càd : Les assistants sexuels vivent exclusivement de cette activité ? C.A. : Non, cela fait aussi partie de nos exigences. La personne doit justifier d’un emploi. L’assistance n’est qu’une forme d’activité acces- soire. C’est très important qu’elle soit autonome financièrement. Càd : Comment parvenez-vous à évaluer le désir de personnes handicapées qui n’arrivent peut-être pas à le formuler ? C.A. : Des personnes qui ont un

Tél. 03 81 67 19 40 Fermé le lundi et mardi toute la journée uniquement sur réservation

Auberge du Charron 25500 Montlebon

participer à plusieurs débats en France pour évoquer le sujet. L’idée chemine en Fran- ce ? C.A. : J’ai été invitée en 2005 aux premiers états généraux du handicap,

handicap physique nous appel- lent pour exprimer leurs besoins. C’est plus complexe en effet pour les personnes atteintes d’un han- dicap mental ou psychique. La

personne ne peut pas toujours exprimer ses besoins. Dans ce cas, c’est sur la base d’observation que les services d’un assistant sexuel peuvent être pro-

“Réticences dans les can- tons suisses francophones.”

L’association des para- lysés de France m’a fait venir pour en parler. Il y a un début de réflexion. Les associations de per-

posés. Une personne qui va tou- cher les éducateurs et les édu- catrices, qui aura des gestes d’automutilation de son sexe, nous pouvons apporter une réponse. Mais il faut toujours au préalable une lecture et un décryptage pré- cis des besoins. Càd : Vous avez été amenée à

sonnes qui ont un handicap phy- sique y réfléchissent. Le débat est ouvert en France, mais le pas n’a pas encore été franchi.

Propos recueillis par T.C.

Catherine Agthe préside l’association S.E.H.P. (sexualité et handicaps pluriels) qui a organisé la formation des assistants sexuels.

Rens.: www.sehp-suisse.ch

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