Journal C'est à Dire 150 - Décembre 2009

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P O L I T I Q U E

Jean-François Humbert reste sourd aux appels Régionales 2010 Le candidat “libre” de la droite a posé un lapin au secrétaire d’État et candidat U.M.P. aux Régionales qui lui avait proposé une rencontre. Le sénateur n’en fait qu’à sa tête. Zoom La réponse du sénateur Humbert Pour savoir ce que Jean-François Humbert a sur le cœur, la seule solution est de consulter son énigmatique blog, www.jfhumbert.com. Extraits signés J.-F. Humbert.

“Sʼ i l n ʼ en r e s t e quʼun, je lui ten- drai la main” a cla- mé auprès de toute la presse, le tout récent “tête de liste” U.M.P. pour les Régionales 2010. Tendre la main, c’est bien, très bien, c’est grand. Cepen- dant, quel sens donner à cet- te main tendue ? Est-ce une main tendue comme une offre de secours ? Ce secours qui a probablement agi “loyalement” lors des sénatoriales et qui a dû faire terriblement défaut à M. Longeot et à Mme Genevard… Efficacité redoutable qui fait gagner Hum- bert mais qui fait perdre deux sénateurs à l’U.M.P. du Doubs.

tant quʼancien président de Région son expérience sera pro- fitable pour aider les Francs- Comtois à traverser la crise…” Mais ces mots sont d’autant plus impossibles à lire qu’ils n’ont jamais été prononcés. Alors il (Alain Joyandet) conti- nue de tendre la main ainsi il est grand dans la démarche et obstinée pour préserver sa destinée. Drôle de conception du respect des personnes, drôle de concep- tion du respect de l’histoire, même locale. Leur slogan est que les Francs-Comtois doivent saisir leur chance… sinon quoi ?”

La main tendue façon récon- ciliation ? Quel était le sujet de la discorde ? Probablement le rocambolesque épisode des municipales de Besançon avec une investiture-désinvestiture sanction… Le chef de file U.M.P. avait promis de mettre tout son poids, ses réseaux, sa famille dans la campagne et le résul- tat fut sans appel : échec his- torique de la liste U.M.P. qui ne compte plus qu’une poignée de conseillers municipaux. Enfin nous pouvons imaginer la main tendue pour la signature d’un pacte […] Nous aurions pu lire : “Jʼai souhaité la participa- tion de Jean-François Humbert à cette campagne parce quʼen

Alain Joyandet a présenté ses quatre têtes de liste départementales. La secrétaire d’État mènera campagne dans le Doubs.

L e tableau était presque p a r f a i t . Ve n d r e d i 27 novembre, la grande famille de la droite était réunie à École-Valentin à l’invitation d’Alain Joyandet. Ils

de mars prochain. La famille est ravie, elle a trouvé un vrai lea- der pour tenter de reconquérir la Région Franche-Comté. Seul manquait à l’appel, naturelle- ment, Jean-François Humbert,

J’ai pris contact avec Jean-Fran- çois Humbert, je le rencontre ce week-end et nous allons par- ler. J’espère qu’il pourra nous rejoindre.” Espoir d’unité à droite mais le lendemain, patatras : le rendez- vous qui était fixé dans le sec- teur de Saint-Vit s’est soldé par “un lapin” posé par M. Humbert à M. Joyandet. Le secrétaire d’État n’en est pas à un voya- ge près mais il est tout de même revenu expressément de Paris pour ce rendez-vous manqué… Pour ce dernier, les choses sont désormais très claires : on se passera du sénateur Humbert. J.-F.H.

étaient tous là : Jean- Marie Binétruy en tant que président départe- mental de l’U.M.P.,Annie Genevard, tous les dépu-

lui-même candidat aux Régionales et dont l’ombre plane désormais sur la moindre réunion de l’U.M.P.

Espoir d’unité puis, patatras…

tés U.M.P. de la région, de nom- breux conseillers régionaux… Le secrétaire d’État candidat aux Régionales était là pour pré- senter les quatre têtes de liste qui mèneront la bataille dans chacun des quatre départements francs-comtois pour le scrutin

Mais cerise sur le gâteau ce jour- là : Alain Joyandet annonce qu’il doit rencontrer le lendemain le grand absent du jour. “Ma mission est de rassembler tou- te la famille et au-delà, toute la majorité présidentielle. Ma volonté est de tendre la main.

Luc Ferry

“La mondialisation est un fait, pas un choix” De passage dans le Doubs pour une confé- rence organisée par le M.E.D.E.F., le philosophe, écrivain mais aussi ancien ministre, donne des pistes de réflexion sur la place de l’homme dans l’entreprise aujourd’hui.

C’ est à dire : Par rap- port à votre expé- rience personnelle et à l’histoire, n’estimez-vous pas que les rapports sociaux se dégradent dangereusement dans les entreprises ? Luc Ferry : Tout dépend de l’échelle historique que vous pre- nez. Bien entendu, par rapport aux années quatre-vingt-dix, la crise actuelle marque une régres- sion. Mais si vous remontez aux années soixante - pensez à mai 1968 - les rapports étaient encore beaucoup plus tendus qu’aujourd’hui. L’entreprise était souvent perçue comme le lieu maximum de “l’exploitation de l’homme par l’homme” et de la “lutte des classes”. Le Parti com- muniste, encore parfaitement stalinien, passait allègrement les 20 % et la gauche démocratique était totalement sous sa coupe. Nous n’en sommes plus là… Càd : En quoi l’entreprise peut-elle être un lieu d’épanouissement personnel ? Elle ne l’a pas toujours été,

l’est-elle moins ou plus qu’avant ? L.F. : Il serait souhaitable, en tout cas, qu’elle le soit, vu le temps qu’on y passe. C’est souvent là qu’on se marie, qu’on se fait des amis, qu’on peut, c’est l’idéal, s’épanouir aussi dans son métier. Je suis convaincu que tout, ou presque, dépend de la person- nalité du chef d’entreprise. Entre un bon et un mauvais, en termes de relations humaines, c’est le jour et la nuit, l’entreprise peut être un enfer ou un lieu de vie. Càd : Compétitivité, concur- rence, objectifs, résultats, ces

Luc Ferry, ici en conférence le 20 octobre dernier à Besançon, est l’auteur notamment de “Apprendre à vivre” et “La sagesse des mythes”.

susceptible de faire émerger une pensée philosophique nou- velle ? L.F. : Vous avez évidemment rai- son. La question philosophique de la vie bonne, du sens de la vie, va revenir au premier plan,même chez des personnes peu pas- sionnées par les idées a priori , et ce pour une raison de fond : une vie humaine réduite aux seules dimensions de la produc- tion et de la consommation n’est pas “tenable”. Comme vous le savez, c’est à cette interrogation que je consacre désormais tous mes livres. Propos recueillis par T.C.

tionniste et l’État commercial fermé ? La mondialisation est un fait, pas un choix. Deuxième pro- blème : savez-vous qu’on se sui- cide moins à France Télécom qu’à peu près partout ailleurs ? Beau- coup moins que chez les méde- cins et les professeurs par exemple, et moins que la moyen-

querie intellectuelle, comme l’ont montré de manière irréfutable certains chercheurs de l’I.N.S.E.E., peu suspects au demeurant de complaisance à l’égard de la direc- tion de France Télécom. Il faut donc, là aussi, faire attention et garder les yeux ouverts. Càd : Le modèle économique tel qu’il existe actuellement a-t-il atteint ses limites ? L.F. : La vérité, c’est que per- sonne n’en sait rien, et voici pour- quoi. Dans le contexte de la mon- dialisation, c’est-à-dire de la com- pétition avec des pays comme l’Inde ou la Chine où les coûts de production sont infiniment infé- rieurs aux nôtres, la lutte pour la survie de nos économies va être terrible. Il faudra innover

sans cesse, chercher la croissance par tous les moyens possibles sans pour autant faire trop de casse sociale. Pas commode. Et en même, temps, si on y arrive, il faut bien voir que du point de vue écologique, une croissan- ce infinie est sans doute inte- nable. Autrement dit, sans crois- sance, nous avons des faillites et du chômage, mais avec elle, nous avons une crise écologique qui se profile à l’horizon. C’est aujour- d’hui la principale contradiction à résoudre. Càd : Notre modèle écono- mique ne manque-t-il pas cruellement de philosophie, de sagesse ? Le contexte actuel qui s’accompagnera peut-être de mutations, est-il justement

“valeurs” sont-elles compatibles avec le bien-être de l’être humain dans l’entreprise ? Au contraire, ne sont-

ne nationale toutes caté- gories professionnelles confondues. Allez voir les chiffres sur Internet et vous serez sidéré de constater que cette affai-

“Une belle escroquerie intellectuelle.”

elles pas responsables de souf- frances comme on a pu le voir chez France Télécom où 25 personnes se sont suicidées ? L.F. : Problème : vous mettez quoi à la place ? Le modèle soviétique ? La décroissance ? Le protec-

re qui fait de France Télécom un cas à part, bien pire que les autres, a été montée de toutes pièces pour alimenter l’idée que la privatisation était synony- me de sauvagerie. C’est, en termes médiatiques, une belle escro-

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