Journal C'est à Dire 149 - Novembre 2009

S O C I É T É

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Le service “réa” a pansé ses plaies Traumatisme L’affaire avait provoqué un véritable électrochoc au sein du service de réanimation chirurgicale. L’arrivée d’un nouveau chef de service a remis de l’ordre.

sé “des agents à solliciter la direc- tion de l’hôpital et remettre en cause les systèmes de notation mis en place au sein du servi- ce.” Le personnel a tenu bon. Et c’est “un mouvement de grève provoqué par des agents du ser- vice” qui a tout déclenché. Les Renseignements généraux auraient averti le préfet de ce mouvement de grève alors qu’il était en déplacement avec Jack Alzon, le directeur de la D.R.A.S.S. de l’époque, dans le même véhicule. Et c’est à l’initiative de la D.R.A.S.S. que la première enquête a été déclen- chée. J.-F.H.

L a crise née à l’aube des années 2000 “a été dévas- tatrice au plan des rela- tions professionnelles” constate le rapport de l’I.G.A.S. (inspec- tion générale des affaires sociales) que nous nous sommes procuré. Depuis la nomination du pro- fesseur Boillot (remplacée depuis demandes de mutations. “Cer- tains personnels infirmiers ont demandé à changer de services, d’autres ont même quitté la région, trop marqués par cette affaire” selon une source hos- pitalière bisontine. Aujourd’hui, on continue à tout faire pour oublier cette période. Aucun personnel soignant n’a par le professeur Emmanuel Samain), la tension grandis- sante avait d’ailleurs provoqué des

d’ailleurs souhaité commenter à visage découvert ce sombre épisode. Mais une chose est sûre : le service de “réa-chir” a pansé ses plaies. “Le service de réanimation a récupéré. Il fonc- tionne correctement et suit la réglementation en vigueur. Il s’est passé des choses sérieuses dans ce service, désormais la jus- aujourd’hui au C.H.U. Minjoz. Les problèmes “d’ordre organi- sationnel et relationnel” selon les termes de l’I.G.A.S. semblent aujourd’hui résolus. Les pro- blèmes relationnels, selon nos informations, seraient nés de certaines propositions de l’ancien chef de service, jugées “ten- dancieuses” , qui auraient pous- tice gère le dossier. On attend les conclusions et nous tirerons toutes les conséquences en temps voulu” commente-t-on

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“Les prix de reprise sont incitatifs.”

10 années d’interrogations Les faits remontent entre 1998 et 2001 et c’est en 2002 qu’une partie du per- sonnel soignant met en cause des médecins du service réanimation chirur- gicale en dénonçant leurs pratiques. S’en est suivie une longue période d’enquêtes et de rapports. Rappel des faits.

une enquête dont les conclusions seront rendues en septembre 2002. Du 22 au 24 mai et du 28 au 30 mai, deux inspecteurs se ren- dent au C.H.U. Leur mission : en savoir plus sur “le problème de fond du fonctionnement de l’anesthésie-réanimation chirurgicale du C.H.U. de Besançon, existant indépen- damment des responsabilités individuelles mises en cause dans ce conflit.” Suite à cela, la D.R.A.S.S. demande à la justice de sʼemparer de lʼaffaire. Le procu- reur de lʼépoque, Jean-Pierre Nahon ouvre une enquête préliminaire. Deux ans plus tard, son successeur, Jean-Yves Coquillat, fait expertiser les dossiers par un expert lyonnais. “Le procureur informe alors la chan- cellerie qu’il va clore l’affaire. Et c’est le minis- tère qui ordonne d’ouvrir une information judiciaire” raconte une source proche de ce dossier. Lʼinformation judiciaire est ouverte début juillet 2007 et cʼest le 13 juin 2008 que les deux experts parisiens sont nommés. Cet- te longue période dʼinvestigations est bien- tôt terminée, après plus de 10 années dʼinterrogations. J.-F.H .

C omme une thérapie ou un exutoi- re, une dizaine de personnels soi- gnants du C.H.U. sʼétaient livrés longuement début 2003 à lʼhebdomadaire LʼExpress. En racontant comment il leur était devenu de plus en plus difficile de suivre les prescriptions de certains méde- cins du service de réanimation chirurgi- cale à destination des patients en fin de vie. À cette époque et jusquʼà sa des- titution en 2003, cʼest Annie Boillot qui était à la tête de ce service où les conflits relationnels étaient devenus de plus en plus difficiles à gérer. Depuis, cette pra- ticienne a été destituée de la chefferie, elle exerce toujours néanmoins au C.H.U. bisontin en tant quʼanesthésiste. Cʼest à lʼautomne 2001 que ces personnels,

infirmiers pour la plupart, se sont résolus à dénoncer aux autorités sanitaires (D.R.A.S.S. de Franche-Comté), les actes dʼeuthanasie pratiqués au C.H.U. entre 1998 et 2001. Et cʼest sur la base de ces témoi- gnages concordants que le directeur de la D.R.A.S.S. de lʼépoque, Jack Alzon, décide dʼouvrir une enquête. Début 2002, deux médecins de la direc- tion régionale des affaires sanitaires et sociales et un médecin de la D.D.A.S.S. mènent lʼenquête au sein même du C.H.U. Minjoz. En avril 2002, ils rendent leur rap- port qui parle “d’accélérations de fin de vie.” Quelques semaines plus tard, suite à une saisine commune des ministres de la San- té et de lʼEmploi, lʼInspection générale des affaires sociales (I.G.A.S.) lance à son tour

Les services de réanimation chirurgicale gèrent les techniques permettant de maintenir en vie une personne accidentée ou gravement malade.

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