Journal C'est à Dire 148 - Octobre 2009

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S O C I É T É

La nouvelle vie de Johanne Johanne Kervella vient de tourner la page des Miss après un an sous les projecteurs. Sa vie d’étudiante se poursuit mais les sollicitations de mode sont de plus en plus nombreuses. La belle garde la tête froide. Un an après Miss France

signes d’encouragement des personnes qui m’ont soutenu. Et il y a toujours ce groupe de fans sur Facebook qui compte tout de même 1 700 membres. Càd : Après l’élection, Geneviève de Fontenay vous avait promis un “lot” de consolation en vous nommant Miss Tourisme International ? Vous n’avez jamais rien vu venir ! J.K. : En fait, il n’y a jamais eu de vraie proposition concrète. Tout était parti d’une émission de Jean-Marc Moran- dini sur Europe 1 où Geneviève avait annoncé ça pour se défendre et “désen- fler” le début de polémique. Elle ne m’en a jamais reparlé mais paraît-il que c’est à moi de la solliciter. Tous les ans, elle choisit dans son “cheptel” de Miss, quelques-unes qui représente- ront la France dans des concours inter- nationaux. J’avais déjà eu cette expé- rience à l’élection de Miss France, ça m’a suffi. Càd : Pourtant, vous n’avez pas l’air aigrie du tout. Finalement, les vraies gagnantes de Miss France, ce sont des filles comme vous, non ? J.K. : Je ne dirais pas ça quand même car une défaite est toujours une décep- tion. Mais j’ai repris ma vie, un mois seulement après cette expérience. Je continue ce que j’ai entrepris. journées ? J.K. : Je suis en deuxième année d’école d’ingénieur à la Bouloie, en génie bio- médical. Mes copains sont sympas par- ce qu’ils m’aident à rattraper le retard que j’avais pris. Je compte toujours me diriger après mes études dans le domai- ne des cosmétiques et intégrer, c’est mon souhait, une activité de recherche et développement chez L’Oréal. Et à côté de cela, je travaille. Càd : À quel rythme ? J.K. : Mon activité de mannequin me prend 15 heures par semaine environ. Je fais de la pub, des photos de mode. Je suis référencée dans trois agences, j’ai un book en ligne et les agences me Càd : Vous êtes étudian- te tout en approfondissant vos expériences dans le mannequinat et les pho- tos. À quoi ressemblent vos

C’ est à dire : Un an après votre élection à Miss Franche-Comté et l’expérience malheu- reuse à Miss France, la page des Miss est définitivement tournée. Nostalgique ? Johanne Kervella : Il y a forcément un peu de nostalgie mais j’ai fait ce que j’avais à faire. Je me suis beaucoup investie, en région notamment, et une année de Miss, c’est bien. J’ai répondu au maximum de sollicitations, ça me plaisait de le faire. Càd : L’échec à Miss France pèse-t- il encore ? J.K. : Je suis forcément déçue car ça reste un échec même si j’ai toujours la grande satisfaction de l’avoir fait. C’était un de mes souhaits depuis toujours, je l’ai réalisé. Càd : Un an plus tard, êtes-vous toujours surprise du choix du jury ? J.K. : Ce n’était pas vraiment une sur- prise. Sur place, on s’aperçoit très vite de ce qui se trame dans les coulisses. Zoom Johanne Kervella et les Miss Johanne et cinq autres anciennes Miss Franche-Comté se sont mobili- sées pour lʼassociation jurassienne Nausicaa qui lutte contre la leucémie. Un calendrier 2010 avec les photos de ces Miss vient de sortir. Il est dis- ponible à Besançon au magasin Beva- lot-Phox (rue Moncey) ou à com- mander sur Internet par lʼintermédiaire du blog de Johanne : johanne-ker- vella.blog4ever.com

Càd : Les dés étaient pipés ? J.K. : Dès la préparation, certaines filles étaient beaucoup plus encadrées que d’autres, plus mises en avant, on prenait soin d’elle, à la coiffure, au maquillage, les chorégraphes passaient beaucoup plus de temps avec elles. C’était flagrant. Càd : Qui était le vrai patron : le producteur Endemol ou Geneviève de Fontenay ? J.K. : Clairement Endemol. Il fallait une métisse cette année. Barack Oba- ma venait d’être élu, c’était dans l’air du temps. Càd : Amère vis-à-vis de Chloé Mor- taud la gagnante ? J.K. : Pas du tout, car ce sera dur pour elle aussi. Elle a arrêté ses études et l’image de Miss France lui collera tou- jours à la peau. Ce n’est pas forcément toujours un avantage. L’avantagepour elle, il est quand même financier pour l’instant. 5 000 euros par mois, elle a les nombreux cadeaux, aucun frais durant une année et un appartement payé par la production. Càd : Quels rapports avez-vous entretenu avec M me de Fontenay ? Ne ringardise-t-elle pas les Miss ? J.K. : On ne l’a quasiment pas vue. Je l’ai très peu côtoyée, sauf dans les galas régionaux. Mais Geneviève reste l’image de Miss France. Miss France sans Gene- viève de Fontenay, ce ne sera plus Miss France. Et Endemol ne fait pas com- plètement la loi. L’avis de Geneviève compte encore. Càd : Le formidable engouement qui était né pour soutenir votre can- didature est retombé ? J.K. : J’ai toujours sur Internet des Càd : Que gagne une Miss France ? J.K. : Elle est payée

Johanne Kervella espère décrocher un stage chez L’Oréal dans le cadre de sa formation d’ingénieur en génie biomédical.

contactent au gré de leurs besoins. Mes deux activités sont pour l’instant com- patibles. Càd : Un exemple récent ? J.K. : Mon portrait a servi de sup- port récemment à une grande cam- pagne de huit semaines sur tous les photomatons de France, 11 000 appa- reils en France et 5 000 en Belgique. Autre exemple : je suis partie une semai- ne au Japon pour des photos destinées à une marque japonaise de bijoux. Plus récemment, je suis allée au Maroc pour une campagne de photos destinée à l’office de promotion du tourisme à Marrakech. Càd : Y a-t-il eu des propositions plus “décalées” ? J.K. : Des dizaines de propositions pour participer à des émissions de télé-réa- lité, par M6, par TF1… Notamment “Un Dîner presque parfait”, “Secret Story”…Des propositions que j’ai natu- rellement refusées. Il y a aussi eu quelques propositions pour jouer dans des téléfilms, et même pour enregis- trer des chansons ! Les personnes qui font tout ça, au final, ne font rien du tout. Càd : Et des propositions plus gra- veleuses… J.K. : Oui, des propositions de photos carrément “chaudes”, ou des choses un peu loufoques, style photo en lingerie fine sur des gros bateaux…

à voir avec de l’ostracisme mais si nous commençons à célébrer un P.A.C.S., nous les aurons tous. À ma connais- sance, aucune mairie du Val de Mor- teau n’en fait. En conseil municipal, j’ai posé la question si un adjoint vou- lait le célébrer. Personne n’a voulu. Fai- re ça en mairie, c’est pour le décorum.” Dans les prochaines années, les mai- ries pourraient être contraintes à prendre le P.A.C.S. à leur compte : “Je ne verrai aucun blocage si l’État nous oblige, dit Jean Bourgeois, mais je ne serai pas enthousiaste pour célébrer des couples homosexuels.” Dont acte. Zoom Les chiffres du P.A.C.S. au tribunal de Besançon Déclarations Résiliations 2001 : 128 23 2002 : 160 35 2003 : 236 63 2004 : 257 53 2005 : 332 88 2006 : 392 69 2007 : 444 88 2008 : 687 151 2009 : 860 106 Càd : On sent bien votre réel poten- tiel pour la mode. Qu’est-ce qui vous intéresse vraiment dans ce métier ? J.K. : Ce qui m’intéresse, c’est la pho- to de mode, tout simplement. Je fais les choses progressivement, je ne veux pas faire n’importe quoi. Pour l’instant, je freine, je reste raisonnable. Je ne veux retenir que les belles propositions. Càd : Vous en vivez déjà de lamode ? J.K. : Si j’avais le temps, si j’avais ter- miné mes études, je pense honnête- ment que je pourrais en vivre très cor- rectement. Pour l’instant, je me fais un beau salaire étudiant avec la mode. Càd : Vous semblez vraiment gar- der la tête sur les épaules ! J.K. : Je me dis qu’après tout, c’est sans doute mieux de ne pas avoir une éti- quette de Miss France sur le dos. Car si on regarde bien, combien de Miss France ont vraiment des choses biens et durables par la suite ? Pas beau- coup. Càd : Dernière question, indiscrè- te, de la part de tous ces gens qui se demandent si Johanne Kervel- la, à 24 ans, est toujours un cœur à prendre ? J.K. : Je ne réponds ni oui ni non. Dites- leur que ça ne les regarde pas… Propos recueillis par J.-F.H.

“Elle choisit dans son “cheptel” de Miss.”

P.A.C.S., entre succès et interrogations À Villers-le-Lac, la mairie a refusé de célébrer l’union de deux homosexuels. Près de 860 Pactes civils de solidarité (P.A.C.S.) ont été enregistrés au tribunal de Besançon. Une mode. Société

S téphanie Vignot (26 ans) et David Clerget (27 ans) sont deux jeunes “Pacsés”. À la sor- tie du tribunal d’instance de Besançon où ils ont paraphé leur contrat, pas de lancer de riz, enco- re moins de haie d’honneur ni de bai- ser de circonstance. Si le jeune couple s’est pacsé le 13 octobre (jour des 10 ans du pacte), c’est avant tout pour officialiser leurs 10 ans de vie com- mune et “un peu pour les impôts” admet Vincent. “Nous ne voulons pas nous marier tout de suite car c’est un peu cher, constate Stéphanie. Alors

pour les fonctionnaires. Exemple avec Jean, jeune professeur d’Histoire-Géographie qui a fait valoir “le rapprochement de conjoint” pour revenir dans l’académie de Besan- çon à la rentrée dernière. La signature du P.A.C.S. lui a permis de récupé- rer des points et ainsi revenir plus rapidement à Besançon : “Si je n’avais pas signé de P.A.C.S., j’enseignerai enco- re en région parisienne cette année !” dit-il. Le choix a vite été fait. Il a deman- dé à une amie de signer le contrat “pour du beurre.” Bref, on comprend mieux pourquoi les

signatures de P.A.C.S. explo- sent de mai à juillet puisque c’est la période où les muta- tions sont enregistrées. “On en signe jusqu’à 35 par jour sur rendez-vous. Il faut

le P.A.C.S. était la solution de facilité.” L’étudiante en phar- macie attendra la fin de ses études pour dire “oui” devant le maire. Le P.A.C.S. qui fête ses dix

“Homosexuels refusés à Villers-le-Lac.”

ans a bien évolué. Établi à la base pour permettre aux couples homo- sexuels de vivre ensemble avec des garanties (administratives et finan- cières), le contrat s’est largement développé aux couples hétérosexuels qui souhaitent mettre un cadre à leur relation amoureuse. Si la majorité des P.A.C.S. sont conclus par amour, bon nombre le sont pour les avantages qu’il procure. C’est encore plus vrai

compter une demi-heure d’entretien” dit un greffier du tribunal d’instance de Besançon. Pour la dissolution : rien de plus simple. “Il suffit d’une lettre en recommandé avec accusé de réception.” Pour le moment, les mairies ne sont pas tenues d’officialiser un P.A.C.S. ÀVillers-le-Lac, un couple d’homosexuel s’est vu refuser de célébrer son P.A.C.S. aux côtés de Marianne. Le maire Jean Bourgeois s’explique : “Cela n’a rien

Stéphanie et David viennent de signer leur contrat, le 13 octobre, jour des 10 ans du P.A.C.S.

E.Ch.

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