Journal C'est à Dire 148 - Octobre 2009

D O S S I E R

14

LES CHASSEURS SE SENTENT TRAQUÉS

Deux accidents de chasse depuis l’ouverture, dont un mortel à Pontarlier. Ce funeste bilan plombe les bons résul- tats en matière de sécurité et pourrait inciter la fédération à imaginer un “plan sécurité” unique en France dès 2010. Une association nationale demande l’interdiction de chasse le dimanche alors que cette pratique voit ses effectifs s’éroder malgré l’arrivée massive des femmes. Même menacée, la chasse demeure un puissant lobbying.

Polémique Une première dans le Doubs pour les chasseurs ?

L a Fédération départementale des chasseurs du Doubs travaille actuellement sur un sujet sensible qui l’oblige à prendre des précautions. Selon nos informations, elle pourrait obliger l’ensemble des ses chasseurs (environ 10 000) à suivre une journée dite de “sécurité” et ce, dès l’année pro- chaine. Si elle existe déjà, cette remise à niveau n’est pour l’heure qu’optionnelle. En

L’accident de chasse mortel survenu le mois dernier à Pontarlier plombe la crédibilité des chasseurs du Doubs. La Fédération imagine une mesure unique en France.

la rendant obligatoire, le Doubs devien- drait alors le premier département à prendre cette mesure radicale. Imagi- nez tous les possesseurs du permis de conduire obligés de suivre une remise à niveau du code de la route ou de conduite ! Directeur de la fédération des chasseurs du Doubs (F.D.C. 25), Raphaël Savignat avoue que la fédé- ration réfléchit sur le sujet dans le cadre de l’établissement de son nou-

Dans le Doubs, 10 000 chasseurs traquent le gibier de septembre à janvier. Dès l’an prochain, la journée de sécurité pourrait être rendue obligatoire.

veau plan départemental cynégétique mais reste prudent : “Pour le moment, nous n’avons aucun cadre juridique pour obliger un chasseur déjà posses- seur du permis à suivre une formation de sécurité” dit-il. Selon ce dernier, l’accident mortel de chasse survenu à Pontarlier n’a pas de conséquences directes avec cette déci-

passe-t-il ? Alors que depuis de nom- breuses années notre département n’a pas connu d’accidents graves, il serait particulièrement dommageable de connaître une augmentation.” Un mail a d’ailleurs été envoyé à 3 000 chasseurs pour rappeler les consignes. Il a même été demandé aux présidents de société de chasse de signaler et cor-

sion. Disons que l’événement accélère les choses. Sur cet accident, Raphaël Savignat demeure intransigeant : “Une telle accumulation de fautes ne peut laisser indifférente la

riger sur le champ les com- portements dangereux. “La chasse n’est pas une activité dangereuse, ni un western. Seul le comportement de cer- tains chasseurs peut l’être”

“La chasse n’est pas un western.”

conclut Raphaël Savignat. L’autre mesure. Demander aux pré- sidents de chasse de “condamner” un chasseur qui ne respecte pas les règles (tir en direction d’une voie de circu- lation, sans identification certaine, sans visibilité, tir hâtif dû à l’excitation (fré- nésie), déplacement intempestif du chasseur et abandon de poste au cours d’une battue…). E.Ch.

fédération comme elle ne laisse pas non plus indifférent un grand nombre de chasseurs.” Rappelons qu’il a coûté la vie à un chasseur pontissalien de 86 ans et son chien. Pour autant, il ne veut pas que l’on “diabolise la chasse” même si dans ce cas précis, les erreurs de sécurité se sont accumulées (tir sans avoir identifié le gibier, à proximité d’une zone de promenade). D’où l’interrogation du directeur : “Que se

Made with FlippingBook Online newsletter