Journal C'est à Dire 148 - Octobre 2009

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V A L D E M O R T E A U

Après la démonstration de force… Le cortège de tracteurs qui a investi Besançon le 17 octobre sonnait comme un grand ras-le-bol d’une agriculture qui se bat pour ne pas mourir. En filigrane, des prix toujours orientés à la baisse et les marges des intermédiaires. Débat. Les paysans dans la rue

“I l y a trois ans, on ven- dait un bon veau 300 euros. Aujour- d’hui, c’est 150 euros maxi et il faut qu’il soit nickel” rapporte cet agriculteur des Fins venu manifester son méconten- tement dans les rues de Besan- çon le 17 octobre dernier. “Et il

ment en fonction du degré de libéralisme ou de contrôle de pro- duction dans lequel elles évo- luent. Les producteurs et les grossistes de viande font grise mine. La consommation ne décol- le toujours pas et la grande dis- tribution qui commercialise 80 % de la viande ne cède pratique-

l’abandon progressif de toutes les formes de soutien, la dispa- rition des prix de sécurité sur les produits industriels et la pres- sion impitoyable des opérateurs de la G.M.S. “Même s’ils annon- cent des marges nettes de 2 à 3 %, ils font des plus-values énormes” , considère ce producteur de lait standard qui n’a jamais vécu pareille situation. La plupart des autres respon- sables syndicaux comtois sont sensiblement sur la même lon- gueur d’onde. La Confédération paysanne estime que la gran- de distribution n’est pas l’unique responsable de la crise laitière. Elle réclame surtout le retour à une politique interventionnis- te de l’Europe sur la régulation des marchés. Les Jeunes Agri- culteurs du Doubs souvent à l’ini- tiative des opérations de relevés de prix apprécieraient qu’on sanc- tionne les abus. “On constate une déconnexion complète entre le prix des matières premières et les prix consommateurs. Dans

ment rien sur ses confortables marges. “La part de la grande distribution augmente sans cesse dans notre chiffre d’affaires, confir-

arrive de plus en plus souvent que les ache- teurs arrivent sur le marché du veau en disant : “Je vous don- ne 10 euros pour tous

“On constate une déconnexion complète.”

les filières régionales, on sait que la distribution prend des marges importantes. On s’interroge devant l’attitude des transfor- mateurs. Il serait bon de mettre en place des brigades de contrô- le de la D.G.C.C.R.F. qui repro- duisent le travail de l’observa- toire des marges sur les produits régionaux. On a sollicité le pré- fet dans ce sens” , note Philippe Cuinet, le président des J.A. du Doubs. Jean-Claude Jeannin, à la tête de la F.D.S.E.A. du Doubs, s’éton- ne de voir que le prix du pain n’a pas bougé d’un centime alors que les cours du blé ont chuté de 35 %. Le syndicat majoritaire avait choisi de bloquer en juin dernier plusieurs centrales d’achat. La Coordination rurale a préféré d’autres moyens com- me la grève du lait ou la dis- tribution gratuite aux citadins. “On s’était déplacé au centre de Besançon le 8 septembre dernier. On leur a expliqué que le litre de lait payé 25 centimes au pro- ducteur se retrouve à presque 1 euro dans les rayons des grandes surfaces après qu’il ait été conditionné en briques. On agissant un tant soit peu sur les marges distributeurs, on amé- liorerait forcément la situation des producteurs. J’espère que les constats de l’observatoire vont déboucher sur des mesures concrètes” conclut Daniel Pépiot, le président de la Coordination rurale du Doubs.

Zoom Connivence entre pouvoirs

vos veaux.” Alors soit on accep- te, soit on rentre avec nos veaux. Le problème, c’est que le groupe Bigard détient désormais le qua- si-monopole, ils font la pluie et le beau temps” poursuit-il. Ce qui vaut chez les producteurs de veau ne s’applique pourtant pas dans toutes les filières. En résu- mé, beau fixe chez le producteur de lait à comté, ciel nuageux chez l’éleveur bovin ou porcin. Le moral dans les filières agri- coles comtoises varie pratique-

me Guy Belot, grossiste bison- tin. Les accords tarifaires qui régissaient nos relations n’ont plus cours. On fonctionne le plus souvent sur appel d’offres.” Consé- quences, les prix sont de plus en plus tirés vers le bas au détri- ment des éleveurs qui paient les pots cassés. La situation des producteurs de lait standard comtois s’aggra- ve de semaine en semaine. Fré- déric Perrot, le président de la F.D.S.E.A. du Jura l’explique par

publics entre grande distribution L a F.D.S.E.A. du Doubs participe depuis plusieurs années au Pac40, cet observatoire alimenté par les agriculteurs sur les prix pratiqués dans la grande et moyenne distribution. “On a déjà constaté certains dérapages notamment sur lʼem- mental avec des marges distributeurs qui pouvaient varier de 55 à 71 %. Ces abus montrent que des opérateurs sʼen mettent plein les poches”, observe Martial Marguet. Le président de la Fédération Nationale des Producteurs Lai- tiers qui sʼoccupe de ce dispositif dans le Doubs dénonce aussi les mises de fond imposées par la G.M.S. à certains trans- formateurs pour accéder aux rayons. “On réclame un vrai par- tage de la valeur ajoutée entre les différents acteurs. Il fau- drait pouvoir lʼadosser aux coûts réels pour définir le prix de ven- te consommateur.” Ces problèmes de marges sont récurrents et rien ne semble évoluer depuis des années. Face à cet immobilisme, Martial Marguet soupçonne une certaine connivence entre les pouvoirs publics et la grande distribution. “À force de trop tirer sur la cor- de, elle risque de casser.” Il nʼest pas plus tendre avec la P.A.C. qui ne fait pas son boulot. “Avec des systèmes de régulation, on éviterait dʼavoir des abus importants et les distributeurs nʼau- raient plus la possibilité de faire la pluie et le beau temps. On a une commission européenne qui a oublié ses agriculteurs.” Le processus actuel est-il irréversible ? Pas sûr. Sachant quʼon nʼest jamais aussi bien servi que par soi-même, les agriculteurs vont poursuivre leurs actions de surveillance. “On nʼarrêtera jamais et on est suffisamment nombreux et en capacité dʼagir vite.” Il y a encore de lʼaction dans lʼair.

Les paysans francs-comtois ont manifesté leur colère. Qu’en reste-t-il ?

Personnes âgées : bientôt une structure d’hébergement locative Les Fins Le projet se précise avec l’acquisition d’une parcelle de ter- rain près du centre nautique où sera construite une mai- son d’accueil pour personnes âgées autonomes.

L a meilleure façon de gérer le vieillissement de la population, c’est d’anticiper sur les consé- quences d’un phénomène qui touche tout le pays, en ville comme à la cam- pagne. La plupart des communes du Val de Morteau réfléchissent à la ques- tion. “On vient de créer une commis- sion spécifique au sein du conseil” , note Gérard Colard, le maire des Fins.

Colard. S’il n’y a pas pour l’instant une deman- de urgente de prise en charge, les élus des Fins ont choisi de prendre les devants. La question du terrain est réglée. Quand à la structure, il s’agi- ra probablement d’un petit immeuble intégrant des studios individuels, des parties communes et des logements destinés au personnel qui prendront en charge les “résidents”.

La démarche fait suite à la requête foncière transmise par la commune auprès de la com- munauté de communes du Val de Morteau, propriétaire d’une parcelle située près du centre nautique. Cette rétrocession

Âges et Vie et Villa Family proposent aujourd’hui ce type de concept qui correspond bien aux attentes du public en milieu rural. Des petites uni- tés à taille humaine qui évi-

La question du terrain est réglée.

a d’ailleurs été validée sans problème lors de la dernière séance commu- nautaire qui s’est tenue le jeudi 15 octobre. Un prêté pour un rendu puisque ce terrain intercommunal appartenait initialement aux Fins qui s’en étaient séparés lors de la construc- tion du centre nautique. “On cherchait un emplacement proche des commerces et des services. Le principe étant de ne surtout pas isoler les personnes âgées des autres habitants” , poursuit Gérard

tent le déracinement. “Il reste enco- re à préciser les besoins, à contacter les opérateurs. Voilà où l’on en est” , conclut Gérard Colard. D’autres projets similaires sont dans les tuyaux à Montlebon et Gran- d’Combe-Châteleu. “Plusieurs de nos anciens ont déjà quitté leurs maisons pour des logements plus petits. C’est un signe. L’idée d’une structure d’hé- bergement a été évoquée au niveau du centre communal d’action sociale. On

Les communes du Val de Morteau souhaitent privilégier des partenariats avec des opérateurs comme Âges et Vie qui a déjà plusieurs réalisations à son actif dans le Haut-Doubs.

Même son de cloche à Montlebon. “On a rencontré deux fois les responsables d’Âges et Vie. C’est probablement avec eux qu’on travaillera sur ce dossier. Le

n’est pas aussi avancé que les Fins car il nous reste encore à trouver le ter- rain” confirme Évelyne Boillot, mai- re de Grand’Combe-Châteleu.

terrain est quasiment choisi. L’objec- tif est de finaliser le dossier d’ici 2012” , déclare Christophe André, le maire. F.C.

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