Journal C'est à Dire 146 - Septembre 2009

9

L E G R A N D T É M O I N

Patrick Dils : “Mon histoire peut servir” Exclusif Patrick Dils. Derrière ce nom, une des plus grandes erreurs judiciaires de l’Histoire. L’homme qui rési- de en Franche-Comté, à proximité de Montbéliard, nous a ouvert sa porte. Il se confie sans tabous.

P.D. : (sourire). Bien sûr, c’était le 24 avril 2002. Je ne fais pas de gâteau pour la fêter mais j’ai eu besoin de faire deux années de suite un pèlerinage à Lyon (lieu de son incarcération). Càd : Racontez-nous votre sor- tie de prison ? P.D. : Je n’étais pas un détenu comme les autres car j’étais inno- cent donc il y a eu de l’euphorie ressentie mais je pense que pour un détenu normal, la personne sort dans l’anonymat comme elle y est rentrée. Il y a un manque terrible et c’est là que mon his- toire peut aider. Je ne dis pas que j’ai des solutions mais on peut améliorer les choses. Càd : Comment fait-on pour tenir dans une cellule ? P.D. : Grâce à la flamme de l’innocence. Càd : Avez-vous pensé au sui- cide ? P.D. : Une seule fois, mais ce n’était pas par rapport à mon innocence mais par rapport aux conditions de détention. Càd : Sont-elles aussi atroces comme on peut l’entendre ? P.D. : Je dirais qu’il y a à boire et à manger. Mais pour y avoir passé quinze ans, je peux vous dire qu’il faut arrêter de se voi- ler la face : il y a des suicides, des viols, des coups. J’ai vu de l’évolution mais il n’y a pas d’hygiène et pas de respect. Le gardien n’est là pour juger. Le détenu doit lui aussi respecter. Mon histoire peut servir.

Càd : Libre, quel était votre souhait ? P.D. : Je suis sorti un mercredi soir, le vendredi soir, j’étais sur le plateau de TF1 pour l’exclusivité et le mardi matin, alors que j’aurais été en droit de partir en vacances, mon souhait était de travailler comme tout le monde. Quand on travaille, on sait apprécier les week-ends, les vacances. Càd : Le chapitre prison est- il difficile à évoquer ? P.D. : Il n’y a rien de difficile à évoquer que ce soient les condi- tions de vie, le viol, le tabassage, le travail effectué en prison, sinon je ne ferais pas sept ans après des conférences pour faire connaître mon parcours. Ceci, je l’ai vécu… Je ne veux rien révo- lutionner mais si je peux aider, je le fais. J’aimerais, en partena- riat avec les mairies, pouvoir par- ler de mon expérience aux jeunes. Càd : Vous réalisez des confé- rences à travers la France. Quel est le thème, l’objectif ? P.D. : L’erreur judiciaire et sur- tout les valeurs de la vie. Les gens les ont perdues. Pourquoi ? Parce que vous n’êtes jamais pri- vé de quelque chose. Vous pre- nez soin de votre santé (il me pointe du doigt), et bien vous allez voir votre médecin lorsque vous êtes malade. Pourquoi au même titre que votre santé ne pren- driez-vous pas soin de votre liber- té ? La liberté n’est pas un dû ! Càd : Avez-vous des liens avec les victimes du procès

C’ est une maison au cœur du petit village de Mézi- ré, dans le Territoire- de-Belfort. En bas de la sonnet- te, une étiquette “Dils Patrick”. Vingt-deux ans après, ce nom et prénom incarnent l’une des plus grandes erreurs judiciaires fran- çaises. Le 20 avril 1987, Patrick Dils, apprenti pâtissier de 16 ans, est inculpé puis condamné à la prison à perpétuité pour le meurtre de deux enfants, Cyril et Alexandre, à Montigny-lès- Metz (Moselle). Durant sa gar- de à vue, l’adolescent avait avoué le double meurtre avant de se rétracter et clamer son innocen- ce depuis la cellule de sa prison. Il attendra quinze ans avant d’être entendu puis disculpé. La présence sur les lieux du cri- me, au même moment, du tueur en série Francis Heaulme, et des incompatibilités avec son emploi du temps, ont permis à ses avo- cats d’obtenir gain de cause. C’est à dire : Aujourd’hui, que faites-vous Patrick Dils ? Patrick Dils : Comme vous, j’ai un travail qui m’occupe 8 heures par jour. Je tiens à être comme tout le monde en dehors du fait que j’ai un nom qui a défrayé la chronique et qui a marqué l’histoire.

ans en prison pour rien. À qui en voulez-vous ? P.D. : À personne, je ne suis pas aigri. J’estime seulement que l’on m’a volé quinze ans de ma vie, alors aujourd’hui je n’ai plus de temps à perdre. Je suis quel- qu’un de positif et je m’investis beaucoup pour les autres avec mon association Louve qui aide des jeunes en difficulté. Et ce n’est pas parce que j’ai été accu- sé du meurtre de deux enfants que je l’ai créée. Je parraine éga- lement un enfant malade (http://dylanpourlavie.hawablog.co m). Càd : Quinze ans en cellule, vous avez dû vous sentir aban- donné ? P.D. : Bien évidemment. Il faut rappeler que je suis resté deux ans tout seul sans avoir le droit au parloir ! Càd : À 16 ans, c’est terrible ! P.D. : C’est indescriptible. On m’a volé mon adolescence même si on me dit : “Mais M. Dils, vous pouvez sortir maintenant, aller en boîte”, je réponds oui, mais ce que je n’ai plus, c’est l’insouciance des 20 ans. Càd : Vous rappelez-vous la date de votre retour à la liber- té ? Est-ce une date anniver- saire ?

Patrick Dils, un homme comme les autres…

d’Outreau, autre grand fias- co judiciaire ? P.D. : Oui grâce à l’association France Justice. J’ai suivi la réfor- me de la Justice et je ne com- prends que l’on s’appuie sur des personnes qui ne connaissent pas totalement l’univers de la prison. Càd : Vous paraissez à l’aise, prolixe, posé. Ce n’est pas l’image qui a été donnée de vous par les médias… P.D. : (il coupe). Prenons les mots exacts : on a dit que j’étais un “beu-beu”, un illettré. Comment peut-on juger une personne qu’on ne connaît pas ! Vous m’avez demandé si j’en voulais aux jour- nalistes. Ceux qui m’ont détruit sont ceux qui m’ont permis de mettre la tête hors de l’eau. Cer- tains ont eu une flamme et sont allés au bout de ce qu’ils pen- saient. Moi, j’ai toujours dit que j’étais innocent.Au deuxième pro- cès, mes avocats ne savaient plus

quoi faire. Je leur ai dit : “On va se battre.” Càd : On vous a reconnu inno- cent et vous avez perçu 1mil- lion d’euros. Vous pourriez arrêter de travailler. P.D. : C’est faux, j’ai perçu 700 000 euros. Honnêtement, vous pensez que ça se calcule ! Si on avait eu la décence de me demander ce que je voulais pour réparation, je n’aurais pas deman- dé 1 centime. J’aurais demandé, mais c’est un rêve éveillé, que tous les gens qui ont eu affaire à moi - de près ou de loin - vivent et subissent ce que j’ai vécu pen- dant 15 ans. Là, on aurait été quitte… Càd : Êtes-vous un homme heureux ? P.D. : Je le suis complètement. Il me manque juste une chose : être papa… Propos recueillis par E.Ch.

Càd : Vous avez passé quinze

DEVENIR PROPRIÉTAIRE ET METTRE SA FAMILLE A L’ABRI Tout le monde y a droit et c’est maintenant beaucoup plus facile Heureusement, au milieu du marasme ambiant qui règne, cer- taines sociétés régionales implantées depuis plus d’un quart de siècle, tirent leur épingle du jeu, en offrant à leurs clients des rapports qualité/prix imbattables. Parmi elles, la société Bâtiments et Logements Résidentiels, par abréviation “BATILOR”, qui travaille sur toute la France-Com- té et sur les Vosges, vient ainsi de lancer une nouvelle génération de maisons tra- ditionnelles en briques, à partir de 77 500 euros, avec un niveau d’’isolation Très Haute Performance Energétique, permettant au client final de se chauffer à moindre coût. Le modèle Haut de gamme qui dépasse les 135 m2 habitables, dont une partie aménageable, est à moins de102 000 euros ! et pour moins de 10 000 euros de plus, vous bénéficierez d’une pom- pe à chaleur haut de gamme associée à un plancher chauffant. Qui dit mieux ? Il faut rappeler que ce constructeur, leader sur son secteur, est une référence sur la région et qu’il intègre dans ses prix, toutes les garanties prévues par la loi. Maison nouvelle génération à partir de 77 500 €

Il permet ainsi à tous ceux qui veulent mettre leur famille à l’abri, en devenant propriétaire d’une mai- son, de pouvoir le faire à un prix raisonnable, tout en s’offrant des prestations haut de gamme.

Des garanties complètes

Si l’on tient compte des nouvelles mesures de l’état en faveur de l’immobilier, qui n’ont jamais été aussi intéressantes, à savoir doublement du prêt à taux 0%, crédit d’impôt sur les intérêts d’emprunt, possibilité de décaler le remboursement du terrain et celui de la maison (maison à 15 euros ou Pass Foncier), qui viennent s’ajouter à la baisse des taux d’intérêts, on comprend aisément que c’est maintenant qu’il faut acheter.

Attention : plusieurs de ces mesures du gouvernement ne sont valables que jusqu’à la fin de l’année.

Des mesures qui n’ont jamais été aussi intéressantes

David BAUDIQUEY, dirigeant de ce groupe qui réalise plus de 1 200 maisons par an à travers plusieurs marques leader dans l’Est de la France (Babeau Seguin, Cercle Entreprise, Batilor) vient de s’étendre à Tours avec le rachat de la société Maison Concept, après avoir racheté en 2008 les Maisons CMDC à Metz. Selon lui, l’avenir appartient à des marques régionales leader, capables de réagir vite et d’offrir grâce à une politique d’achat importante, un rapport qualité/prix imbattable à ses clients.

Cʼest à Dire

Made with FlippingBook - Online catalogs