Journal C'est à Dire 146 - Septembre 2009

D O S S I E R

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Belleherbe

Installé depuis 1977 à La Cluse-et-Mijoux, le docteur Salins fait partie de cet- te génération de médecins de campagne qui s’investissaient corps et âme dans leur métier. Des sacrifices certes, mais aucun regret. Travail en couple Gérard Salins : “J’appréhende de partir”

La maison médicale : ouverture retardée

B ientôt l’ouverture pour la maison médi- cale de Belleherbe. Prévu en septembre, le lieu situé ouvrira ses portes soit le 1 er octobre ou le 1 er novembre en fonc- tion de la fin des travaux. Coût de l’opération : 900 000 euros. Porteuse du projet, la commu- nauté de communes “Entre Dessoubre et Bar- Pour être efficace, la maison médicale de Belleherbe regroupe des services à la population. Ouverture prévue à l’automne.

veau médecin, c’est plus compliqué. Rappelons que l’unique docteur de Belleherbe (le docteur Cachot) va faire valoir ses droits à la retraite. “Nous préférons pour le moment rester prudents quant à la venue d’un médecin, avoue le prési- dent de la communauté de communes. Une discussion s’est engagée avec les médecins de Pier- refontaine-les-Varans et Sancey pour voir la pis- te à engager. On s’oriente plutôt vers une orga- nisation sectorielle.” En clair, ce n’est pas un nouveau médecin qui débarquerait mais un des deux présents sur la zone qui reprendrait Belleherbe. L’Union Régio- nale des Caisses d’assurance-maladie (U.R.C.A.M.) et la Région pilotent désor- mais le projet médical. À noter que le bureau de Poste et celui de l’A.D.M.R. vont être transférés dans ce nouvel espace ainsi que le bureau de la communauté de communes. “Ce ne sera donc pas seulement une maison médicale mais un pôle de vie avec une borne de visio-guichet” conclut Charles Schelle. Cette maison médicale deviendra la troi- sième du Plateau de Maîche après Le Russey et Maîche. Ces dernières ont une raison d’être. Alors pourquoi pas Belleherbe ? E.Ch.

E nchaîner les gardes de jour comme de nuit,se déplacer par tous les temps sur tout type d’intervention, consulter le plus souvent sans rendez-vous. Autre temps,autre époque.Et per- sonne ne trouvait à se plaindre de ces conditions de travail. “On a parfois l’impression d’être des diplodocus d’une race en voie d’extinction” , suggère de façon imagée le docteur Jean Gacon- net. Souvent cité en référence par ses pairs, le médecin de Labergement-Sainte-Marie aujourd’hui en retraite repré- sentait l’archétype même du médecin de campagne d’une dis- ponibilité à toute épreuve et qui n’a pas vu grandir ses enfants. Son confrère Gérard Salins a lui aussi été formé dans le même moule. L’exemple de son père et son oncle également généralistes dans le Haut-Doubs ne l’ont pas détourné de sa vocation médi- cale. Serment prononcé, il ouvre son cabinet à La Cluse-et-Mijoux en 1977. Installation à domi- cile bien entendu. Comme sou- vent en pareil cas, c’est l’épouse qui effectue le secrétariat, la comptabilité et supervise en grande partie la vie familiale. “Même aujourd’hui un généra- liste qui travaille seul peut dif- ficilement se payer une secré- taire”, justifie Gérard Salins. S’il ne regrette rien dans ce fonc- tionnement en couple, il tient à souligner le rôle de son épouse. “Elle s’est sacrifiée pour moi.” Ce qui n’est peut-être pas vrai

bèche” peaufine les derniers ajuste- ments “afin que notre secteur ne devien- ne pas un désert médical. Même si cela peut paraître bizarre que des fonds publics viennent aider des professions libérales, on ne peut pas rester sans rien

“Discussion avec les médecins.”

Installation à domicile, travail en couple, le docteur Gérard Salins illustre un fonctionnement traditionnel probablement condamné à disparaître de nos campagnes.

faire ! On espère seulement un juste retour” explique le président de la communauté de com- munes Charles Schelle, lequel souhaite don- ner du dynamisme à son espace (14 villages, 2 300 habitants). Dans cet espace flambant neuf, un kinésithé- rapeute, peut-être un podologue et quatre infir- mières s’installeront. Pour la venue d’un nou-

dans l’autre sens. Les secréta- riats téléphoniques décentrali- sés n’existaient pas, tout com- me le S.A.M.U. De ce fait, le généraliste était très souvent sollicité. “On allait sur tout type d’intervention et par tous les temps” , se souvient celui qui devait parfois mobiliser le can- tonnier qui le transportait avec le tracteur communal jusqu’au hameau des Prises quand la rou- te était trop enneigée. “C’est devenu un copain.” La pratique privilégiait aussi largement les visites à domicile, “trois fois plus qu’aujourd’hui” , et les consul- tations sans rendez-vous. Une façon de faire qui renforçait indé- niablement les relations humaines avec la patientèle. “On peut parler de liens d’amitié, apprécie encore Gérard Salins en ajoutant : J’appréhende presque de partir.” Depuis 1977, la médecine et les

mentalités ont beaucoup évolué avec des bons et des mauvais côtés. Le système de garde, les consultations sur rendez-vous ont sensiblement amélioré le sort des généralistes. Du confort pas forcément synonyme de tran- quillité d’esprit. “Le stress est plus important en exerçant dans une société plus procédurière qu’autrefois.” À 2 ans de la retrai- te, Gérard Salins estime qu’il trouvera assez facilement quel- qu’un pour lui succéder. “La proximité de Pontarlier est un atout même si on subit la contrainte des bouchons aux Rosiers.” Son secteur d’intervention s’étend jusqu’aux Fourgs et aux Verrières. Ce qui offre un potentiel intéressant de 3 000 habitants. De quoi ima- giner un possible regroupement à deux généralistes, voire pour- quoi pas une maison de santé. Reste à trouver les candidats.

La maison médicale de Belleherbe accueillera un “Pôle de vie” avec des services comme La Poste. Le secteur en a besoin (photo archive Càd).

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