Journal C'est à Dire 146 - Septembre 2009
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sible. La maison de santé : le remède à la désertification médicale Le regroupement des professionnels de santé se développe de façon signi- ficative en Franche-Comté et dans le Haut-Doubs. Le concept de maisons plu- ridisciplinaires a le vent en poupe comme l’explique Arnaud Blessemaille, le président de la Fédération des maisons de santé comtoises ou F.E.M.A.S.A.C. 38 projets en cours
en situation fragile ou défici- taire. Càd : C’est donc un outil d’aménagement du territoi- re ? A.B. : Exactement au même titre que pour les autres services à la population. C’est même dom- mage que nos dirigeants aient eu autant de difficultés à prendre en compte cette dimension. Càd : La F.E.M.A.S.A.C. est- elle une spécificité comtoi- se ? Pouvez-vous nous en dire plus sur cet orga- nisme ? de plusieurs porteurs de projets de maisons de santé en Franche- Comté. Elles se situent à Blet- terans, Pagney, Besançon, Bau- me-les-Dames et Belfort. C’est la première fédération de ce type en France. Son rôle : accompa- gner et conseiller les candidats intéressés par cette méthode de travail pluridisciplinaire. La F.E.M.A.S.A.C. s’intègre dans l’équipe d’appui “Territoire et santé” qui réunit également l’union régionale des caisses d’assurances maladie (U.R.C.A.M.), la Mutualité Socia- A.B. : Cette associa- tion a été fondée en mai 2007 à l’initiative A près trois ans à rempla- cer ses confrères dans dif- férents cabinets du Haut- Doubs, il se sent prêt à s’installer durablement. “Ces diverses expé- riences sont très formatrices. J’ai découvert que c’est la médeci- ne de campagne qui me convient le mieux.” S’il partage la même passion du métier que les anciens, Nicolas Kury ne tient pas pour autant à exercer dans les mêmes conditions. Travailler seul ne l’intéresse guère. En couple, il n’y songe pas car son épouse, elle aussi originaire du coin, poursuit une carrière d’endocrinologue en milieu hos- pitalier. La famille, les sapins, tout les incite à quitter Besançon où ils résident actuellement pour reve- nir vivre dans le Haut-Doubs. Plusieurs solutions s’offrent au jeune médecin. “J’effectue des remplacements à La Cluse-et- Mijoux chez le docteur Salins qui doit partir en retraite dans deux ans.” L’idée d’une succession lui plaît assez mais plutôt en l’élargissant à une maison médicale. Militant actif dans les associations d’étudiants en médecine durant sa formation, Nicolas Kury s’est donc impliqué avec la même énergie dans ce projet, accep- tant ainsi le rôle du généralis- te fédérateur indispensable dans ce type d’entreprise. “Plusieurs acteurs de santé à La Cluse ou dans les environs seraient par- tants. Mais la démarche sup- pose d’abord de trouver un autre médecin.” Même en s’appuyant
le Agricole (M.S.A.) et le Conseil régional. Càd : Combien de maisons de santé sont aujourd’hui en activité ? A.B. : Il y en a une dizaine et on dénombre 38 projets en cours de réflexion mais tous n’aboutiront pas. Càd : Pourquoi ? A.B. : Soit pour des raisons financières ou par manque de motivation. Avec l’expérience, on constate que rien ne peut n’est pas toujours facile de vou- loir travailler ensemble quand on a eu l’habitude d’exercer en solitaire. Convaincre les prati- ciens, c’est peut-être l’un des principaux écueils au lancement de tels projets. Càd : L’investissement finan- cier peut être un frein pour un jeune candidat à l’installation ? A.B. : Beaucoup craignent de se lancer dans une configuration d’autofinancement. Même sans aide, il faut savoir que c’est pos- se faire sans l’implication très for- te des professionnels. C’est avant tout une question d’équipe. Ce
Càd : Vous en parlez en connaissance de cause ? A.B. : On a procédé de cette manière à la maison de santé de la Prairie à Baume-les- Dames. L’outil nous permet d’assurer la permanence des soins complète à la demande des patients. Cela permet de régu- ler beaucoup de choses et notam- ment la petite urgence. Depuis qu’on fonctionne de cette maniè- re, on bénéficie d’une souplesse dans le travail incomparable. L’effet positif se répercute aus- si dans la qualité de vie. Càd : Quels autres avantages voyez-vous dans les maisons de santé pluridisciplinaires ? A.B. : C’est le lieu idéal pour fai- re de l’éducation thérapeutique. La maison de santé facilite la prise en charge individuelle ou collective d’une pathologie. La F.E.M.A.S.A.C. emploie d’ailleurs deux infirmières chargées uni- quement de mener des actions thérapeutiques en lien avec le diabète, l’asthme, l’obésité. On privilégie le préventif au cura- tif. Pour moi, c’est l’avenir de la santé.
C’est à dire : En quoi ce concept est-il innovant ? Arnaud Blessemaille : Le fait de réunir des généralistes n’est pas nouveau en soi. En associant dans la même structure méde- cins, kiné et infirmières voire
d’autres professionnels, on amé- liore considérablement la pri- se en charge du patient. La démarche ne se limite pas au simple partage des locaux. Ce concept a été lancé il y a trois ou quatre ans. Il répond aux
attentes des nouveaux généra- listes de moins en moins enclins à exercer seuls. Avec cette for- mule, ils ont moins peur de s’installer. La maison de santé permet de maintenir l’offre de soins sur des territoires ruraux
“Ce n’est pas toujours facile.”
Propos recueillis par F.C.
Pas évident de trouver la bonne formule Jeune médecin originaire de Chaffois, Nicolas Kury projette de s’installer dans le Haut-Doubs, mais si possible pas seul. Tergiversations. Installation
Arnaud Blessemaille est le président de Fédération des maisons de santé comtoises.
Nicolas Kury s’implique depuis un an dans la création d’une maison de santé à La Cluse-et-Mijoux. Facile à dire, plus difficile à concrétiser.
l’installation, on hésite à s’engager dans un projet trop lourd. C’est toujours plus risqué qu’après 15 ou 20 ans d’exercice.” Après une année de démarches, de recherche d’informations, le dos- sier piétine. “En théorie, la mai- son de santé représente la solu- tion idéale mais cela s’avère plus
complexe à mettre en œuvre. Je constate en tout cas que cela induit obligatoirement un très fort investissement personnel.” Aura-t-il la patience ou la moti- vation nécessaire ? Rien n’est moins sûr. Surtout quand autre possibilité d’installation dans le cadre d’une extension de cabi- net est envisageable sur le Haut- Doubs.
sur tout son réseau de connaissances, aucun collègue de promotion ou d’ailleurs ne lui a répondu positivement. Vient ensuite la ques-
Un complexe à mettre en œuvre.
tion du terrain, des locaux donc de l’investissement immobilier. “Quand on est au départ de
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