Journal C'est à Dire 144 - Mai 2009
É C O N O M I E
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Founets-Luisans Jean-François Kahn sillonne les chemins de l’Europe L’ex-patron de presse et journaliste se lance dans la course aux Européennes sous la bannière du MoDem. Il était dans le Haut-Doubs début mai. Il illustre ce carnet de campagne pour tenter de comprendre les enjeux locaux de l’Europe.
“V ous vous battez donc pour que la catégorie d’A.O.C. puisse être attri- buée au type de bois résineux qu’on travaille dans cette région ?” La question, un peu naïve, n’est pas très assurée. Le candidat découvre la campagne, dans tous les sens du terme, essaie de comprendre, écoute. Le président des scieurs de Franche-Comté résineux, Didier Lamotte, lui explique alors dans le détail la démarche entre- prise par la filière bois qui cherche à obtenir une recon- naissance et une protection A.O.C. pour tenter de se démar- quer de la féroce concurrence que livre la forêt allemande aux scieurs franc-comtois. Voilà l’Europe : des pays voisins, amis, mais dont la gestion forestiè- re est rigoureusement différente de la nôtre et qui entraîne une distorsion de concurrence de plus en plus mal supportée par la filière bois locale. Nous sommes à Fournets-Lui- sans, Haut-Doubs, Jean-Fran- çois Kahn apprend son futur métier de député européen. “Et
a beau être, de par sa réputa- tion, en très bonne place pour devenir un des futurs députés européens issus du MoDem fran- çais, on lui en demande déjà beaucoup… L’ancien journaliste sillonne les routes de France. Paradoxale- ment, entre une U.M.P. qui a eu tous les maux du monde à bou- cler ses listes et un P.S. qui se
avec ça, vous faites aussi du bois d’isolement ?” (au lieu d’isolation…). Toujours en apprentissage M. Kahn, mais le métier rentre, à force de visites, de réunions publiques et de débats. Autre incompréhension du président des scieurs : “L’Europe nous impose une nor- me des poussières de bois que l’on respire à 0,5 mg par litre
cherche, c’est peut- être les candidats du MoDem qui réussissent le mieux à surnager dans l’indifférence quasi générale que pro-
d’air inspiré et la Fran- ce, seule, a décidé d’imposer 0,1mg. Quand vous serez au Parlement, on compte sur vous pour expliquer aux députés français qu’il est incon-
“Les Européennes ne sont pas un tremplin.”
voque ce scrutin européen du 7 juin. Les quelques problèmes soulevés par la filière bois franc- comtoise, qui avec ses 13 000 salariés est le cinquième employeur industriel de la région, sont pourtant des questions concrètes que jusque-là, l’Europe n’a jamais su traiter. “Si je me suis engagé dans cette campagne, c’est pour prôner une autre voie, tenter de trouver une alternati- ve de société. C’est ça ou la bar- barie. Je veux une société où l’on remette l’homme au centre” confie
cevable d’exiger des normes 5 fois plus contraignantes qu’à nos voisins !” revendique M. Lamotte. Jean-François Kahn écoute enco- re. Autre doléance de la filière bois : “Nous vous demanderons d’être plus vigilants par rapport aux aides que l’Europe octroie aux entreprises du bois. Les scieurs allemands arrivent à obtenir jusqu’à 40 % d’aide pour leurs investissements, c’est loin d’être le cas en France…” Même pas élu et déjà harcelé de sol- licitations. Jean-François Kahn
Le candidat du MoDem s’est fait expliquer par les employés de la scierie R.H.D. de Fournets-Luisans, le marché des résineux.
l’ancien journaliste. Et il promet que s’il est élu, il sera “un élu à plein-temps. Les problématiques européennes demandent une bataille de tous les jours. Pour moi, les Euro-
re bois franc-comtoise, le métier d’homme politique commence déjà à rentrer. Il en a déjà les habitudes lexicales et le sens des promesses… J.-F.H.
péennes ne sont pas un tremplin pour des scrutins nationaux. Quand je fais quelque chose, je le fais à fond, etc., etc.” S’il le can- didat MoDem n’a pas encore sai- si toutes les subtilités de la filiè-
Morteau Réveillez l’artiste qui sommeille en vous C es séminaires de travail sont généralement axés sur des thèmes en lien avec une douzaine de membres. Difficile de s’aventurer dans un domaine aussi particulier sans compétences adéquates. Les orga- sera accompagné par deux pro- fessionnels des arts plastiques, Alexandre et Florence Lamarche- Ovize. Morteau accueille le 17 juin le congrès régional du Centre des Jeunes Dirigeants (C.J.D.). 150 cadres invités à s’investir dans une inédite démarche créative.
9 heures à 12 heures, les congres- sistes se retrouveront à partir de 14 heures pour la restitution du projet. “En fin d’après-midi, on invite des chefs d’entreprises locales à venir d’une part décou- vrir le C.J.D. et, d’autre part à assister à une conférence animée par Christian Mayeur.” Une manière comme une autre d’assurer la promotion du C.J.D. et pourquoi pas d’élargir le cercle des adhérents. Mouvement apolitique et sans représentativité syndicale ou pro- fessionnelle, le C.J.D. se veut être un organe de réflexion et d’échanges au service des jeunes
la performance. La section du Haut-Doubs du C.J.D. a préféré sortir des habitudes. “On a choi- si l’art et l’entreprise. L’idée étant de voir comment les jeunes diri- geants d’entreprise peuvent réagir sur une problématique origina- le qui tranche de leurs préro- gatives en terme de gestion, res- sources humaines et formation” , indique Laurent Grosso, le pré- sident de la section qui fédère
nisateurs se sont donc tournés vers Christian Mayeur qui dirige la socié- té Entrepart, spécialisée dans ce type d’intervention. “Il nous a proposé de réaliser un pro-
En Franche-Comté, le Centre des Jeunes Diri- geants réunit environ 300 chefs d’entreprises et cadres qui assument des responsabilités. Une bonne moitié est atten-
“Ne pas avoir toujours la tête dans le guidon.”
due lors de la journée du 17 juin qui se déroulera à l’espace Gene- vard deMorteau.Après la séquen- ce de travail programmé de
jet qui s’articule autour de l’art contemporain.” Auteur de l’ouvrage “Le manager à l’écoute de l’entreprise”, ChristianMayeur
Dirigeant de l’entreprise mortuacienne Grosso Agencement, Laurent Grosso préside depuis deux ans le C.J.D. du Haut-Doubs.
dirigeants. Sa dynamique se décli- ne en quatre mots-clefs : réflé- chir, progresser, influencer et expérimenter. “Cela permet de ne pas avoir toujours la tête dans le guidon. À l’échelle du Haut- Doubs, on se retrouve une fois par mois. Lors de ces réunions plénières on fait régulièrement appel à des intervenants exté- rieurs, des juristes, des spécia- listes du stress, du management, des entraîneurs de clubs sportifs, des champions olympiques. Paral- lèlement à ça, on se voit aussi en plus petit comité. Il s’agit de réunion miroir en vue d’échanger par rapport à nos pratiques.” Avec la crise qui sévit actuelle-
ment, la tension est montée d’un cran à tous les niveaux hiérar- chiques de l’entreprise. De nou- velles contraintes pèsent sur les dirigeants. “On est obligés de réagir très vite. Les clients devien- nent de plus en plus exigeants. Dans ces circonstances, le C.J.D. peut constituer un outil parmi d’autres pour apporter des réponses à nos interrogations.” Après 5 ans au sein du C.J.D. du Haut-Doubs, Laurent Grosso estime l’expérience bénéfique aussi bien sur le plan personnel que professionnel. “On se sent plus sûr de soi.” Un surcroît de confiance bienvenu par les temps qui courent.
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