Journal C'est à Dire 142 - Mai 2009

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D O S S I E R

Arc-et-Senans L’autonomie énergétique a un prix Cet habitant d’Arc-et-Senans qui n’avait aucune possibilité d’être relié au réseau élec- trique, n’a eu d’autre choix que d’installer lui-même un système de cogénération. Il produit lui-même l’électricité et l’eau chaude sanitaire de sa maison.

Q uand la tempête sévit sur le secteur d’Arc-et- Senans et que le villa- ge est plongé dans l’obscurité, privé de courant, Pier- re Schepens observe, narquois, depuis sa maison forestière bien éclairée et chauffée. Il est, dans cette situation, le seul habitant à toujours être “branché”. La rai- son est simple : il est depuis cet- te année totalement autonome en matière d’électricité et d’eau chaude sanitaire. Son secret : la cogénération. Cette indépen- dance a un coût - 40 000 euros - mais qu’à cela ne tienne, Pierre Schepens n’avait d’autre choix. En novembre 2004, il se porte acquéreur d’une maison nichée

son projet à bien, Pierre Sche- pens frappe à la porte de la D.D.E., même refus. Il s’adresse alors à l’architecte des bâtiments de France, Marc Wattel, qui “a sauvé le projet affirme M. Schepens. Personne ne peut empêcher quelqu’un d’habiter et de rénover une maison existan- te. M. Wattel m’a signé un per- mis en blanc que j’ai pu déposer à la mairie.” Lâché par la commune qui refu- se tous travaux sur son domai- ne public destiné à raccorder la maison forestière au réseau E.D.F., Pierre Schepens peut alors démarrer son projet, seul, qui consiste à installer un système de cogénération (production

à l’orée d’une forêt, au bout d’un chemin de terre, à l’entrée du village. La bâtisse était habitée, au XIX ème siècle, par le garde forestier du château de Roche, situé à quelques centaines de mètres de là. Le projet du nou- veau propriétaire, Pierre Sche- pens, consiste à transformer l’édifice bâti en 1811 en maison d’habitation. Reste à régler la question du raccordement au réseau électrique. Il se renseigne auprès d’E.D.F., il en aura pour 15 000 euros. C’est là que les ennuis commencent : la mai- rie d’Arc-et-Senans refuse caté- goriquement de lui accorder un permis de construire, sans motif apparent. Déterminé à mener

siment, car le propriétaire a dû subir une nouvelle embûche dans ce parcours du combattant avec l’incendie accidentel, début jan- vier, du local où étaient instal- lés les groupes électrogènes. Encore quelques semaines de travail et le dispositif sera à nou- veau opérationnel à 100 %, assu- rant au futur occupant de cette maison encore en travaux, une totale autonomie en matière énergétique. Mais cette auto- nomie à un prix : financier d’abord (40 000 euros), un temps fou consacré par le porteur de projet, pas mal de tracas admi- nistratifs et aucune subvention à la clé. Pour Pierre Schepens en fait, cette autonomie n’avait justement pas de prix. Mais l’essentiel est peut-être ailleurs : si Pierre Schepens avait dû dimensionner son installa- tion pour sa consommation habi- tuelle, elle aurait été deux fois plus grosse, et deux fois plus chère. Résultat : en choisissant ce mode de production, il a, de fait, divisé sa consommation quo- tidienne par deux. J.-F.H.

simultanée de chaleur et d’électricité), devant lui assu- rer une autonomie totale en matière d’éclairage et d’eau chau- de sanitaire. “J’avais contacté 5 installateurs différents qui m’ont envoyé 5 devis radicalement oppo- sés. Devant ce flou, j’ai décidé de tout faire moi-même.” Le pro- priétaire se plonge dans des for- mations très pointues en élec-

de batterie qui analyse le cou- rant entrant et sortant. Lorsque le niveau de charge est atteint, ce contrôleur commande à nou- veau les groupes électrogènes pour recharger les batteries.Tout est automatisé. La production d’eau chaude se fait, elle, grâce à la chaleur des gaz d’échappement des groupes fonctionnant au gasoil. Cette cha-

tricité, il se rapproche des rares fournisseurs de matériels et s’engage dans le mon- tage de ce système qui, contrairement à une

leur est alors récupérée dans un échangeur de chaleur relié à un fais- ceau de tuyaux dans les- quels circule l’eau, qui est alors chauffée puis

Après quatre ans d’efforts et de rebondis- sements.

cogénération “classique” consis- te, là, à “fabriquer l’électricité et pour rentabiliser l’électricité fabriquée, la récupérer pour pro- duire de la chaleur.” Son électricité est produite grâ- ce à deux groupes électrogènes. Le courant alternatif de ces groupes passe ensuite par des chargeurs-onduleurs qui trans- fèrent ce courant en courant conti- nu. Le tout est relié à un ensemble de 12 batteries qui accu- mulent l’énergie électrique, gérées elles-mêmes par un contrôleur

stockée dans une cuve de 1 000 litres. L’eau, il la capte grâce à des conduites déjà existantes, à trois sources situées en amont. Impropre à la consommation, cet- te eau a dû passer par un sys- tème de filtre à paille de céra- mique que M. Schepens a éga- lement installé lui-même. “Ce système filtre l’eau au 100 de micron.” Après quatre ans d’efforts et de rebondissements, le système mis en place par Pierre Schepens est quasiment opérationnel. Qua-

Pierre Schepens a acquis début 2005 l’ancienne maison forestière d’Arc-et-Senans.

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