Journal C'est à Dire 142 - Mai 2009

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D O S S I E R

Énergie Branché, le Dessoubre Depuis trois générations, la famille Joliot utilise l’eau du Dessoubre pour produire de l’électricité grâce à sa microcentrale installée à Rosureux. Elle approvisionne environ 290 foyers. Visite.

centrale, lʼobtention de ce droit fondé en titre ou concession préfectorale de 40 ans est obli- gatoire. Prix dʼachat de lʼélectricité. Deux tarifs sont en vigueur été et hiver. Le prix de vente de base varie de 3,4 centimes dʼeuro par KwH à 8,6 cen- times. Débit. Pour une production dʼélectricité optimale dans le cas de cette microcentrale, le débit du Dessoubre doit avoisiner les 4 m 3 . Un canal de dérivation permet de gérer les fluctuations de débit du cours dʼeau en cas de crue.

En bref… Microcentrale. Cʼest lʼadjectif caractérisant les installations dont la puissance varie entre 20 et 500 kW. Droit. Construite en 1963 par Jules et Jeanne Joliot, la centrale possède un droit fondé en titre antérieur à 1789. Il est transmissible soit par ven- te ou héritage. Pour ce référé à ce droit, il exis- te la carte de Cassini ainsi que le traité de Nimègue (1678) pour la Franche-Comté. Pour installer une

Le dégrilleur automatique permet de limiter l’intervention humaine. Ainsi, la microcentrale

produit de l’électricité 24 heures sur 24.

D e l’énergie à revendre,bien sûr que le Dessoubre en possède. Rivière encaissée dans une étroite vallée, elle fait fonctionner trois centrales hydro- électriques sur ses 33 kmde che- minement allant du cirque de Consolationenamontpourrejoindre Saint-Hippolyte en aval. À Rosureux, la famille Joliot a capté et dompté la force du cours d’eau pour produire de l’hydroélectricité qu’elle revend ensuite à Électricité de France (E.D.F.). Voilà quarante-six ans que ça dure. “La centrale a été construite en 1963 par Jules père. “Certains investissent dans une maison. Nous, nous avons choisi la microcentrale afin qu’elle reste dans le giron familial” , explique l’homme qui possède un droit fondé en titre pour uti- liser légalement la force de l’eau. En plus d’être renouvelable, l’énergie produite est “propre” selon lui, d’où cet intérêt à la fois économique…et écologique. “C’est une centrale au fil de l’eau. Cela veut dire que nous n’intervenons pas sur le débit de la rivière. Le débit qui arrive par un canal est le même en ressortant” , explique Jean-Paul Machado. L’impact de cette structure sur la faune piscicole serait limité. Joliot qui possédait une scierie” , se souvient Jean- Paul Machado, l’actuel gérant qui a repris le flambeau en succédant à Bernard Joliot, son beau-

Mieux, en sortant des turbines, l’eau permettrait de “ré” oxy- géner le Dessoubre en été. Après avoir visité d’autres micro- centrales, il a décidé de moder- niser son installation en inves- tissant près de 40 000 euros dans la pose d’un dégrilleur auto- matique et d’une caméra. Ainsi, le voilà relié sept jours sur sept avec sa centrale histoire de gérer au mieux une panne. “Je reçois également des S.M.S. sur l’électricité produite” , dit-il. Résul- tat : sa centrale permet d’éclairer environ 290 foyers. “En 1999, lors de la tempête, elle fonction- d’eau qui permet de gagner en production mais un débit régu- lier. Quatre mètres cubes secon- de permettant de produire 250 kW à l’heure. Une fois l’eau passée dans la grille, elle des- cend 8,40 m plus bas via un lar- ge tuyau. L’énergie potentielle de la chute d’eau devient alors une énergie mécanique en pas- sant dans une turbine de type Ossberger. Elle se transforme ensuite en énergie électrique grâ- ce à une génératrice. L’électricité est ensuite conduite sur le réseau grâce à une ligne à haute ten- sion (20 000 volts). Depuis l’automatisation de la microcentrale, le gain de pro- nait ! Nous avons pu alimenter E.D.F.” , se remémore le gérant. Contrairement aux idées reçues, ce n’est pas un fort débit

ductivité est sensible “puisque le nettoyage de la grille est effec- tué régulièrement.” Néanmoins, les périodes d’étiage (basses eaux) ou à l’inverse, une forte crue, peuvent stopper la production. “Nous ne sommes pas non plus à l’abri d’une panne” , détaille le producteur d’électricité qui a dû couper sa production quelques

jours durant à la suite d’une pan- ne mécanique. Dans ce cas pré- cis, ce sont des entreprises spé- cialisés ou E.D.F. qui intervien- nent. Pas question de toucher les fils électriques… Rénovée, l’installation demande de l’attention : “Une branche ou une forte montée des eaux peuvent générer des problèmes. En cas de

Contrairement au photovoltaïque - acheté jusqu’à 65 centimes d’euro le KwH -, lui le revend moins cher. Environ 8,6 centimes au meilleur tarif. Qu’importe, il perpétue une tradition fami- liale. Et cela n’a pas de prix selon lui, surtout lorsque c’est bon pour l’écologie. E.Ch.

panne, la centrale se coupe et se place en sécurité.” Aucun dan- ger donc. Revendre de l’hydroélectricité, est-ce rentable ? “J’ai un contrat de 20 ans qui me lie à E.D.F. Il y a un tarif été, un autre hiver… Disons que c’est un investisse- ment à long terme” , répond le producteur.

“Un contrat de 20 ans avec E.D.F.”

L’eau s’écoule 8,40 m plus bas via un tuyau. La force hydraulique alimente la turbine.

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