Journal C'est à Dire 141 - Février 2009

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P L A T E A U D E M A Î C H E

de l’établissement parvient à trouver les bonnes personnes même s’il ne cache que les condi- tions de travail ont évolué. “Dans la restauration, il y a eu des abus. Aujourd’hui, un salarié chez moi Taillard, un sommet en fond de vallée L’hôtel-restaurant Taillard à Goumois remet les couverts à la mi-mars. Héritier de la quatrième génération, Jean- François évoque son travail, sa passion, ses craintes. Demeure la question de la quatrième génération… Goumois la formation en école et le res- taurant. Les jeunes ne sont pas motivés” , dit Jean-François. Sa compagne, pas tout à fait d’accord, le reprend : “Certains en veulent.”

Un lieu d’histoire

En 135 ans, l’hôtel a tout connu. Invasion, Libération, présen- ce de stars, de princes et princesses. Aperçu et anecdotes. La grand-mère de Jean-François Taillard tenait, jour après jour, des carnets et des notes. Liste non exhaustive. - Lundi 17 juin 1940 : “Nous avons 20 évacués, Meurthe-et-Mosel- le, Héricourt, Metz. Les Allemands avancent en France.” - Mardi 18 juin 1940 : “On dit que les Allemands arrivent à grand pas. Les Goumois sʼen vont en Suisse, mais aussi les Maîchois, les Damprichard et les Charquemont. Aline et moi partons ce soir. Henriette reste.” - Mercredi 19 juin 1940 : “Les soldats polonais envahissent la maison et le village entier. Ils ont tout pillé…” - 6 octobre 1940 : “Enterrement dʼun soldat français noyé dans le Doubs en voulant se sauver de France en Suisse. Il était hôte- lier à Orléans.” - 23 novembre 1943 : “Il pleut sans arrêt. Le Doubs déborde. Chez Cachot, 40 cm dʼeau.” - 8 mai 1945 : “Jour de lʼArmistice : la commune de Goumois doit 15 sirops, 21 verres de vin, 4 bouteilles aux soldats, 3 à la table de M. le curé et 5 bouteilles en plus aux autres tables.”

L’ hôtel est vide. Les volets fermés. Une tran- quillité apparente qui cache une effervescen- ce. Après des vacances méritées, l’hôtel-restaurant Taillard situé à Goumois, à deux pas de la fron- tière, va rouvrir ses portes à la mi-mars, décorer sa salle, pré- parer les 21 chambres, 4 suites et pourquoi pas débâcher la piscine. Mieux, il va dévoiler sa nouvelle carte des menus. “Nous resterons dans la tradition (fricassée de morilles à la crème en croûte de feuilletage, truite du vivier…)” , évoque Jean-François Taillard toujours sur le pont avec Élia-

ne sa femme. Objectif du couple : faire de cet- te nouvelle saison touristique une réussite même si Jean-Fran- çois avoue que diriger le touriste jusqu’à Goumois n’est pas aisé. La crise économique, le maître de maison y pense sans toute- fois se casser la tête. Ce qui me tracasse le plus : “C’est la difficulté à trouver du person- nel formé et de qualité.” Diffi- cile encore une fois d’attirer de mars à novembre des sai- sonniers davantage séduits par la Méditerranée. Un combat per- du d’avance ? Sûrement pas. À chaque saison, le responsable

Pour ce qui est du futur, Jean-François Taillard ne sait pas si son fils - âgé de 16 ans - fera partie de la qua- trième génération à reprendre l’établissement. Selon Éliane, il n’a pas choi-

est quasiment aussi bien payé qu’en Suisse” , concède-t-il. Une évo- lution pas toujours dans le bon sens du terme. “Les 35 heures ont cas- sé l’effet de groupe, la cohésion en cuisine” , reproche Jean-François

“Ici, un salarié est quasiment aussi bien payé qu’en Suisse.”

Taillard. Et sa femme de cou- per : “Ces 35 heures nous ont amené des clients en plus…mais la durée des séjours en hôtel s’est largement réduite. C’est devenu de plus en plus difficile de pré- voir.” Il est également devenu difficile de trouver de bons apprentis : “ Il y a un fossé entre

si cette voie. Qu’importe, le maître de maison va continuer son travail tout en transmettant son goût pour les bonnes choses. Du made in Taillard… E.Ch. Le livre d’or B ien que replié dans sa val- lée duDoubs,la fondation Taillard a su faire les yeux doux à une clientèle reconnue à l’instardel’écrivainGrahamGreen et de l’acteur Gérard Philipe. Le 15 et 16 mai 1976, le Prince et la princesse Ferdinand du Liech- tenstein sont restés deux jours laissant un remerciement sur le livre d’or. Puis, ce fut au tour d’Edgar Faure, alors ministre de l’Agriculture et du Tourisme de louer l’accueil et la cuisine. Le 18 septembre 1994, Sylvie Joly insiste sur un établisse- ment qui perdure “depuis quatre générations.” Le comé- dien Sim réalise quant à lui un croquis du patron en mai 1996. En 2001, le journaliste de TF1 Patrick Bourrat découvre l’hôtel alors qu’il couvre le sauvetage de spéléologues, bloqués en mai dans une grotte. Voici son mes- sage : “Qu’un tel lieu puisse exis- ter, c’est sidérant. De la séréni- té, du raffinement et de la gen- tillesse au milieu du vacarme médiatique étaient très apai- sant. Il faudra revenir… accom- pagné. Un reporter qui a atteint

L’hôtel Taillard à ses débuts.

ici un peu de félicité.” Le jour- naliste ne reviendra jamais. Il meurt un an plus tard, heur- té de plein fouet par un char américain au Koweït lors d’un reportage sur les manœuvres de l’armée américaine. Ensuite, ce fut au tour des escri- meurs français de passer à la

table de Goumois. Le président de la fédération française d’escrime remercie pour “la gen- tillesse du patron, de Madame et de l’ensemble de votre équi- pe a permis à notre équipe de France d’être dans les meilleures conditions pour la réalisation d’un bilan historique.”

Jean-François et Éliane Taillard vont rouvrir le restaurant à la mi-mars.

Le Dessoubre ne sera pas dirigé par des “étrangers” La fronde menée par des pêcheurs de Haute-Saône, Besançon, Belfort et Côte-d’Or tombe à l’eau. La pêche dans le Dessoubre reste dirigée par des locaux. Pêche

L es “étrangers” voulaient prendre le pouvoir. Leur combat se solde par une nette défaite alors qu’ils souhaitaient diriger autrement ce lieu de pêche dédié à la trui- te. “La revendication de certains pêcheurs était de rallonger les parcours à la mouche sur 5 à 6 kilomètres, favoriser le no-kill (remise à l’eau du poisson), aug-

pour les cinq années à venir. Aujourd’hui, la friture sur la ligne est oubliée et les pêcheurs attendent l’ouverture (14 mars) avec impatience : “On n’a jamais parlé d’étrangers, reconnaît le président, lui-même extérieur au Dessoubre (il habite Valen- tigney). Nous étions quand même surpris de cette cabale de la part des pêcheurs à la mouche”, admet-il. En 2009, la politique en matière de pêche ne changera pas radicale- ment. Ce n’est pas tota- lement juste puisque le parcours no-kill en aval de Rosureux disparaît. Autre point qui suscite l’interrogation : les nouveaux statuts administratifs : “Nous sommes inquiets par ces chan- gements car nous ne pourrons plus vendre de cartes mensuelles touristiques” déplore le prési- dent. Il restera les cartes jour- nalières et les cartes vacances. Cette décision nationale est un

coup dur pour le Dessoubre, très prisé par les pêcheurs extérieurs. “On va mobiliser les élus contre cette décision” annonce Gérard Mougin. En 2008, le nombre d’adhérents était de 577 cartes, soit 63 de plus qu’en 2007. La saison 2009 est attendue de pied ferme même si des inquiétudes refont surface. C’est le cas de la pol- lution : “Cet hiver encore, des agriculteurs épandaient le fumier sur des sols gelés !” regrette le président. Résultat, le purin s’est écoulé directement dans le Dessoubre. Bien que mau- vais, les indices de qualité d’eau sont tout de même en amélio- ration. “La station d’épuration de Belleherbe est en service. C’est un plus mais on attend la sui- te” . En 2009, le Dessoubre peut espérer vendre jusqu’à 6 000 cartes à l’année. Les truites n’ont qu’à bien se tenir. E.Ch.

menter la taille des prises, explique Gérard Mougin, le président de l’association de pêche Doubs et Des- soubre. Mais vous

Il n’y aura plus de cartes vacances.

savez, dans une association, il faut penser à tout le monde : au jeune, au moins jeune, au bon pêcheur et moyen pêcheur.” Lors d’une assemblée généra- le, les bulletins de vote ont accor- dé les deux tiers des voix des 164 votants à l’équipe dirigeante sortante. Ses quinze candidats sont élus au conseil d’administration appelé à orien- ter la politique de l’A.A.P.P.M.A.

Difficile de contenter les pêcheurs à la mouche d’un côté et les pêcheurs traditionnels de l’autre.

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