Journal C'est à Dire 141 - Février 2009

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D O S S I E R

Les sous-traitants sont les premiers touchés Les fabricants de cadrans et de boîtes subissent de plein fouet le ralentissement de la conjonc- ture. Ils ne devront leur salut qu’à une reprise rapide des affaires. Dégâts collatéraux

L es sous-traitants des marques horlogères sont les premiers à subir les effets de la cri- se. Qu’ils fabriquent des cadrans, des boîtes de montres, des aiguilles, des pignons ou qu’ils soient spécialisés dans le décol- letage et la fabrication de machines, tous sont confrontés à un ralentissement de l’activité. “Les petits sous-traitants et les indépendants sont les premiers à trinquer” observe l’Association Patronale Suisse des Industries Microtechniques et de l’Habillage Horloger (U.S.H. -A.P.I.C.). Cet organisme réunit 210 sociétés qui emploient au total plus de 9 000 collaborateurs dans l’Arc jurassien. Les retours que l’U.S.H.-A.P.I.C. a du terrain ne sont pas réjouis-

sants. Elle estime à environ 300 le nombre de salariés qui ont été licenciés ces dernières semaines. Ce ne serait qu’un début. “Des grands groupes se séparent par- fois de leurs sous-traitants et rapa- trient quand ils le peuvent la pro- duction en interne” remarque l’association. Cette stratégie de repli inévitable lorsqu’il s’agit de faire des économies et sauver la maison-mère, produit des dégâts collatéraux. Les fournisseurs doivent faire face à des annulations ou à des reports de commandes jusqu’en 2010. Ceux qui souffriraient le plus sont les fabricants de cadrans et de boîtes. En période de tensions, les marques dont la production plonge parfois de 40 %, travaillent à flux tendu et évi- tent d’entretenir des stocks qui

Certains sous-traitants cherchent d’autres pistes de développement dans le médical ou l’aérospatial.

mobilisent de la trésorerie. “Il y a beaucoup de petites sociétés qui emploient entre 20 et 40 per- sonnes. Toutes n’accusent pas le coup de la même manière. Par contre, elles redoutent de perdre leur savoir-faire avec cette crise dont on ne connaît pas l’issue” reconnaît l’U.S.H.-A.P.I.C.

ce les agences immobilières ont fleuri à chaque coin de rue quand les biens se vendaient comme des petits pains. Les entreprises ont augmenté considérablement leurs effectifs pour faire face à la demande. Mais quand lamécanique se grip- pe, les moins résistants dispa-

La mariée était trop belle. Cependant, les fournisseurs ont su tirer profit de cette période d’euphorie en prati-

raissent. “Toutes les entreprises qui ont moins de deux ans n’ont pas droit au chômage partiel” poursuit

Les sous-traitants ont également profité de l’euphorie de la conjoncture.

“Pas droit au chômage partiel.”

quant des marges importantes. L’industrie horlogère a vécu une période d’abondance comparable à celle que nous avons connue sur le marché de l’immobilier en France. Un secteur en forte crois- sance génère une activité inat- tendue. La Suisse a donc vu émerger beaucoup de petits ateliers qui sont venus profiter de cette crois- sance, au même titre qu’en Fran-

l’U.S.H.-A.P.I.C. Dans ce climat d’incertitude, quand leur outil de travail leur permet, des sous-trai- tants cherchent à se positionner sur d’autres marchés moins tou- chés par la décroissance tels que l’industrie médicale ou l’aérospatial. Les autres atten- dent le salon de Bâle dont le résultat conditionnera en gran- de partie l’avenir de la filière hor- logère helvétique.

Licenciements à Vercel Exemple La société horlogère de luxe FM Industries basée à Vercel a licencié cinq personnes sur un total de 87 salariés. Son secteur maroquinerie se porterait mieux que l’horlogerie. D euxième employeur de Vercel, FM Industries n’échappe pas au maras- pas et les prévisions de com- mandes baisseraient de 10 à 40 % selon les secteurs. Le sec- teur qui pâtirait le moins de l’effet crise ? “La maroquinerie de luxe” , répond cette dernière. La production de pièces métal- liques pour les montres serait,

me économique. Conséquence de la baisse de son carnet de com- mandes : la société spécialisée dans les productions de pièces métalliques pour l’horlogerie et la maroquinerie haut de gamme, de boîtes et de bracelets, de montres de luxe et de bijoux, s’est séparée de cinq per- sonnes quelques jours avant les congés de fin d’année. Selon Françoise Miserez, la res- ponsable du site vercellois, aucun autre licenciement ne serait d’actualité pour l’heure. La baisse des commandes de ses habituels clients, due à la difficile conjoncture, “est à l’origine de cette situation.” Comment se profile l’avenir ? “Pour l’instant, c’est difficile de répondre, admet la responsable. Nous avons des prévisions de commandes au semestre.” Au- delà, les clients ne s’engagent

lui, à la baisse. Du coup, FM Industries se dit obligé de “réagir très vite” même si les banques ne semblent

Obligé de “réagir très vite.”

pas toujours prêtes à délier le cordon de la bourse. “C’est deve- nu épouvantable, surtout pour obtenir de l’argent à court ter- me pour sa trésorerie” admet Françoise Miserez. En ce qui concerne les investissements, la responsable reconnaît que les banques sont moins frileuses. Installée depuis 1971 à Ver- cel, FM Industrie attend des jours meilleurs. Cela dépendra en partie de la reprise de l’activité économique suisse… et mondiale. E.Ch.

FM Industrie est notamment positionnée sur le secteur de la maroquinerie.

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