Journal C'est à Dire 140 - Janvier 2009

V A L D E M O R T E A U

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Scène de rue à Morteau avant 1900 L’auteur de cette photo est inconnu. Mais l’image qui a échappé par hasard à la poubelle est un témoignage visuel d’un jour à Morteau, il y a plus de cent ans. Histoire

D ans l’esprit,la photo res- semble à la composi- tion deRobertDoisneau “les tabliers de la rue de Rivoli.” Le décor est celui d’une chaussée, avec en fond un bâti- ment de type haussmanien et au centre, une ribambelle d’enfants

moins malicieux toutefois que les gamins parisiens en file indien- ne, croqués en 1978 sur un pas- sage piéton de la capitale par le photographe populaire français. Le cliché qu’Henri Leiser vient de dévoiler est pris à Morteau, bien avant la naissance même

(1912) de Robert Doisneau. “Je le date entre 1898 et 1900. C’est le début de l’électrification de Morteau, car on voit sur cette photo des pylônes avec des lampes à arc” explique ce pas- sionné d’histoire locale. L’éclairage public est un indice,

La rue de la Gare aujourd’hui. La maison a été remplacée par un immeuble. Sinon, la perspective est pratiquement la même.

la tenue vestimentaire des per- sonnages en est un autre. L’image est celle de la rue de la Gare avec en premier plan, une douzaine d’enfants dont une majorité de filles vêtues de cha- peaux et de robes. Aux extrémi- tés, deux jeunes garçons portent la blouse. Tous posent devant l’appareil de l’auteur qui n’a pas été identifié. “L’accoutrement des enfants permet de dire qu’ils vien- nent de milieux sociaux diffé- rents. Certaines filles ont un sac. Sortaient-elles de l’école ou de l’église ? Difficile à dire.” À l’époque, l’horlogerie faisait déjà la richesse de Morteau, “une vil- le qui a eu cet avantage d’avoir

construire à la place l’immeuble de la rue de la Gare. “ L’architecte est Alphonse Chopard dont l’œuvre est très prolifique. Il a travaillé à Paris avant de reve- nir à Morteau avec cette cultu- re hausmanienne. Beaucoup de constructions sont nées sous son crayon” poursuit Henri Leiser. En l’occurrence, cette maison cossue sertie dans un parc aurait été construite pour la famille Pétolat, des quincailliers. Jus- qu’à sa démolition, elle fut occu- pée par différents propriétaires. Ce bâtiment révélé sur cette image témoigne de la qualité du patrimoine bâti à cette époque pour la petite ville de Morteau.

parmi ses habitants des gens qui ont fait beaucoup de photos sou- ligne Henri Leiser (l’incendie de la ville en 1865 a été photogra- phié.) Quand on connaît les dif- ficultés techniques que présen- tait la photographie à ce moment- là, on se dit que ces personnes devaient avoir des moyens.” L’autre élément étonnant de ce cliché, “tiré d’une plaque de verre négative retrouvée dans une poubelle par un ami” , est l’arrière-plan. Sur la droite, on voit une maison bourgeoise d’un genre haussmanien. Ce bâti- ment qui aujourd’hui serait pro- bablement protégé a été détruit dans les années soixante pour

La rue de la Gare avec en arrière-plan une maison bourgeoise d’un genre haussmanien.

Un “T-shirt refroidissant” pour les sportifs Alain Groslambert et des étudiants chercheurs de Franche-Comté ont mis au point un “t-shirt refroidissant” dans le but de refroidir le corps lors d’efforts phy- siques intenses en température élevée. L’équipe de France de cyclisme a été équi- pée cet été aux J.O. de Pékin de cet “Ice-shirt” révolutionnaire. Technologie

T out le monde a déjà remarqué qu’une tem- pérature ambiante éle- vée a un effet sur de nombreux paramètres physiologiques (fré- quence cardiaque, températu- re interne…). D’autant plus lors d’efforts physiques. À l’approche des Jeux Olym- piques de Pékin, en 2007, Alain Groslambert, enseignant-cher- cheur et maître de conférence à l’U.F.R.-S.T.A.P.S. de Besan- çon, était contacté par la F.F.C. (Fédération Française de Cyclisme). Objectif : effectuer des recherches sur les facteurs physiques et psychologiques diminuant la capacité des ath- lètes. Ce qui allait être le point de départ du projet “Vtherm”, société en cours de création et du “Ice-Shirt”. Ainsi, les condi- tions climatiques de Pékin (température de 35 °C environ et taux d’humidité dans l’air à 80 %) étaient simulées en laboratoire. “Nous avons ensui- te demandé à des athlètes de faire un effort physique dans ces conditions” explique Alain

Groslambert. Les résultats sont éloquents : la température du corps est montée jusqu’à 40 °C, frôlant l’hyperthermie et même le coma, entraînant logique- ment une dégradation du niveau de performance. Outre les conséquences physiques (augmentation de la fréquen- ce cardiaque, rendement mus- culaire moins bon…), les effets psychologiques ne sont pas en reste : baisse de la motivation, fatigue plus importante, et aug- mentation du temps de réac- tion. En clair, ce n’est pas que le corps qui trinque, mais tout le cerveau qui fonctionne au ralenti. Problème épineux pour les sportifs professionnels tels que les coureurs cyclistes qui doivent en plus de la gestion de l’effort élaborer des straté- gies. De ce constat, Alain Groslam- bert, assisté d’étudiants cher- cheurs de l’Université de Franche-Comté et du lycée Jules Haag, est arrivé à la conclusion qu’il était nécessai- re de refroidir le corps avant l’épreuve dans de telles condi-

tions. En quelque sorte de se créer un “capital de départ”. “Mais cela est délicat, soulève le maître de conférence. En effet, il fallait augmenter la température des muscles sans augmenter la température cen- trale du corps. On a ainsi eu l’idée d’un vêtement contenant des compartiments internes où se place une pochette remplie de gel. Il s’agit d’un gel spé- cifique qui accumule le froid quand on le place au frigo, le restituant entre 6 et 8 °C.” Porté pendant l’échauffement, l’athlète part ainsi avec une réserve de froid et peut égale- ment l’utiliser en récupération. Mais un problème d’éthique se pose alors en compétition officielle : cela peut-il être consi- déré comme une forme de dopage ? “Nous nous sommes posé la question, précise Alain Groslambert. Mais il s’agit là d’un moyen de prévention, de protéger sa santé. Il n’y a aucune réglementation là-des- sus. De nombreux athlètes d’autres nations utilisent le même genre de système !” Ce t-shirt 100 % made in Fran- ce, issu de la recherche bison- tine, est unique en France et a été breveté. Toute l’équipe de France de cyclisme a été équipée cet été aux J.O. de Pékin du “Ice-Shirt” et ce sont six médailles qui ont été gla- nées. Face à cette réussite, de nouvelles perspectives s’ouvrent à Alain Groslambert et la société Vtherm dirigée par Valérie Desbiez (qui sera créée officiellement pour janvier 2009) : “Nous tra- vaillons sur un projet théra- peutique avec le service neuro- logique du C.H.U. de Besan- çon pour que le t-shirt soit uti- lisé comme traitement pallia- tif lors de maladie telle que la sclérose en plaques.”

Dans le cadre de ses recherches, Alain Groslambert a mis au point un t-shirt refroidissant, permettant au sportif d’emmagasiner un capital de froid avant une épreuve se déroulant en température élevée.

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