Journal C'est à Dire 140 - Janvier 2009

L A P A G E D U F R O N T A L I E R

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La Suisse entre dans l’espace Schengen Cette adhésion en vigueur depuis le 12 décembre ne bouleverse guère l’organisation des postes frontières. Aucun ne sera fermé. Douane

L’intérim frontalier marque le pas Avec la crise économique, on parle beaucoup du retour des frontaliers sur le marché de l’emploi français. Qu’en est-il vraiment ? Éléments de réponse. Marché du travail

L a grande nouveauté rési- de avant tout dans la sup- pression du contrôle sys- tématique des personnes aux points de passage de la frontiè- re suisse à la seule exception des aéroports où ils sont maintenus jusqu’au 29 mars 2009. Cette mesure était déjà large- ment appliquée sur tous des postes frontières sachant qu’il s’avérait tout bonnement impos- sible de contrôler plus de 600 000 personnes qui entrent quotidien- nement en Suisse. “Schengen n’est pas un immense change- ment. Cela n’implique aucune fermeture de poste et n’a aucu- ne influence sur la douane” , indique Thomas Schrämli, le chef de la communication au sein du Corps des gardes-frontières (C.G.F.R.). La Suisse présente une situa- tion particulière dans l’espace Schengen puisqu’elle ne fait pas partie de l’union douanière euro- péenne. Au vu de cette spécifi- cité, le contrôle douanier subsis-

E nFrancecommeenSuis- se, lessourcesstatistiques surlamain-d’œuvre fron- talière accusent un cer- tain retardpournepasdireunretard certain. Les dernières données de l’Office de la Statistique du canton deNeuchâtelremontentàaoût2008. Les prochaines seront diffusées en février 2009. Tardives certes, mais qui ont aumoins lemérited’exister car côté français, cette population pourtanttrèsmédiatiquenesemble guère retenir l’attention. “En novembre 2008, le taux de chô- mage sur le canton de Neuchâ- tel s’élevait à 3,5 %, soit une évo- lution à la hausse de 0,2 point comparé aumois précédent. Fina- lement, on n’est pas plus touché qu’ailleurs même si on est dans un canton où l’industrie est for- tement tournée vers l’export” , note Sylvain Babey, le directeur du service de l’emploi cantonal. Quelques entreprises ont déjà pris des mesures de chômage partiel. 14 pour être exact, ce qui représente un volant de 150 collaborateurs exerçant dans le secondaire et le tertiaire. “On a entendu beaucoup de choses autour de Cartier à La Chaux- de-Fonds mais ce n’était que des bruits. Tout s’est focalisé autour de cette société qui avait pris

Ralentissement confirmé aussi chez Swiss Intérim, mais normal pour cette société plutôt orientée dans le bâtiment. “Les intéri- maires sans qualification sont les plus exposés à cet effet retour qu’on ne soupçonnait pas jusqu’à la fin août” , note Alexandre Fallet de Vediorbis qui précise que le ralen- tissement est plus marqué dans l’industrie que dans la construc- tion. “On peut estimer que la bais- se est de l’ordre de 10 à 15 % et concerne aussi bien les frontaliers que les Suisses” , ose lâcher Thier- ry Tetaz de l’agence Max Stu- der. Comme ailleurs, l’industrie d’exportation est la branche la plus affectée par la baisse du travail intérimaire. Le bâtiment se maintient. Après l’euphorie de deux dernières années, l’horlogerie marque le pas. “C’est indéniable. On sent de vraies réti- cences même si ça s’équilibre sur l’ensemble de l’année 2008. D’autres secteurs continuent à bien se porter : le biomédical, l’alimentaire, les assurances” , conclut le professionnel du pla- cement, jugeant qu’il s’agit d’un retour à une situation normale. “Notre agence travaille surtout avec les P.M.E./P.M.I. Pour 2009, on a prévu des budgets légère- ment à la baisse. 5 % en moins pour être précis. Par rapport à 2008.” F.C.

la décision de ne pas renouveler ses contrats intérimaires. Ce qui a généré un mouvement de panique” , poursuit Sylvain Babey, conscient aussi que les choses peuvent évoluer très vite dans un sens comme dans l’autre. “On sait aussi que les ventes de Noël seront sans doute déterminantes dans certaines branches comme l’horlogerie. Tout le monde est aujourd’hui extrêmement atten- tif. Le Conseil d’État a mis en place dès le mois d’octobre un groupe de réflexion autour des thématiques de l’économie, de l’emploi et des finances.” Côté frontalier, le canton de Neu- châtel est le seul de l’Arc juras- sien à enregistrer une baisse de l’emploi frontalier au dernier bilan dumois d’août 2008 (- 106). Même si les données du troisiè- me trimestre ne sont toujours pas sorties, ce mouvement de recul ne devrait pas s’inverser. Il en va de même pour les fronta- liers exerçant dans l’intérim. Les agences de placement contactées àYverdon-les-Bains sont très peu loquaces sur le sujet. “On ressent une petite baisse mais sans plus. On s’aperçoit même que le der- nier baromètre qui sortira début 2009 sera encore positif” , annon- ce-t-on à l’agence Manpower.

600 000 personnes transitent chaque jour par la Suisse.

activité de police douanière, le corps des gardes-frontières veille à l’exécution de plus de 150 lois et ordonnances dans l’ensemble du pays. Ces actes législatifs

ristique. Elle n’interdit pas le garde-frontière en cas de soup- çon policier de procéder à un contrôle d’identité. L’entrée dans l’espace Schengen a aussi pour objectif d’assurer la sécurité intérieure par une collaboration policière et judiciaire renforcée. À ce titre, toutes les infrastruc- tures du C.G.F.R. sont désor- mais équipées du S.I.S. Le sigle désignant un système électro- nique international de recherche. Schengen est là mais le doua- nier suisse veille.

te. Ce qui signifie que les gardes frontières contrôleront toujours les marchandises. La mission consiste notam- ment à lutter contre la

concernent par exemple la conservation des espèces, la protection des biens culturels, les mesures phytosani- taires ou encore la

Schengen est là mais le douanier suisse veille.

contrebande à grande échelle dans les points de franchisse- ment qui ne sont plus occupés. Toujours dans le cadre de son

T.V.A. La disparition du contrôle sys- tématique des personnes vise d’abord à faciliter le trafic tou-

Évolution du nombre de frontaliers français employés dans le canton de Neuchâtel

Tabac

Les cigarettes augmentent, le papier à rouler va baisser

tra une première poussée de 100 % qui se prolongera par étapes jusqu’à 300 %. Le produit global des tabacs manufactu- rés est minime, de l’ordre de 15 millions de francs suisses. C’est très peu comparé aux 2 mil- liards de francs suisses que rap- portent les cigarettes au fisc chaque année. Avec la réforme, les recettes devraient progresser de 10 à 20 millions.

La hausse des cigarettes en Suisse se fera au 1 er mars 2009. La surtaxation s’appliquera ensuite aux tabacs manufacturés et non au papier à rouler qui devrait être entièrement exonéré.

Pour la première fois depuis 1999, le nombre de frontaliers sur le canton de Neuchâtel a diminué au cours du second trimestre 2008. Neuchâtel est le seul canton de l’arc jurassien touché par ce phénomène.

L a lutte contre le tabagisme s’exerce également chez nos voisinsoùlahaussedel’impôt sur le tabac se justifie pour des rai- sons relevant des politiques fiscale et de santé. Selon le rapport réalisé en 2006 par l’administration fédé- rale desdouanesetl’officefédéralde lasantépublique,l’augmentationde l’impôt sur les cigarettes appliquée parleconseilFédéralafaitlargement sespreuves.Entréeenvigueurdepuis le 1er décembre 2008, la nouvelle tarification setraduitparune aug- mentation de 30 centimes suisses. Comme les fabricants et les impor- tateurs bénéficientd’une réglemen- tation transitoire pendant 3 mois, lesfumeurssubirontcettehaussede fiscalité à partir du 1ermars 2009. Le prix de vente au détail des marques de cigarettes passera ainsi de 6,60 F.S.à 6,90 F.S. par paquet. Le tabac à rouler ne sera bientôt plus un substitut bon

marché à la cigarette. La taxe sur ce produit devrait quintupler pour évoluer de 10 à 50 francs par kilo. “La date de cette mesu- re n’est pas encore définie offi- ciellement. A priori, cela se fera au 1er janvier 2010”, indique le service communication de la direc- tion générale des douanes. Seule consolation pour les ama- teurs du “fait main”, le papier à cigarettes devrait quant à lui être entièrement exonéré à l’avenir. De quoi décourager peut- être les rouleurs suisses qui avaient pour habitude de profi- ter de leur passage en France pour s’approvisionner en papier à rouler. Le tabac utilisé pour les pipes, taxé jusqu’à présent à la même hauteur que celui pour rouler les cigarettes, fera aussi les frais de cette hausse progres- sive. Idem pour l’impôt sur les cigares et les cigarillos qui connaî-

Acheter ses cigarettes en Suisse sera un peu moins intéressant.

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