Journal C'est à Dire 140 - Janvier 2009

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D O S S I E R

Portrait

Denis Sandona, aussi adroit au tir qu’à la tronçonneuse

Denis Sandona fut le premier le biathlète dans le Doubs. Cet athlète précoce et très bon tireur est ensuite devenu entraîneur avant de se recon- vertir dans la sculpture à la tronçonneuse.

À 13 ans, l’adolescent qu’il était assiste devant sa télé aux exploits des skieurs français lors des J.O. de Grenoble en 1968.Ce spec- tacle le fascine. Il rêve lui aussi de participer à la grand-messe olympique et de passer sur le petit écran. Vœux largement exaucés puisqu’il défendra les couleurs de son pays aux J.O. de Lake Pla- cid en 1980. Ses exploits à la tron- çonneuse lui vaudront ensuite une vingtaine de reportages télé- visés. Après plusieurs titres régionaux en skis de fond, le seul athlète nordique du Ski-Club du Mont d’Or est sollicité pour faire un stage de tir dans les Vosges en vue de détecter des éléments susceptibles de former une équi- pe de France junior de biathlon. Élevé dans une famille de chas- seurs, le jeune cadet ne manque pas sa cible. Sélec- tion en poche, il participe avec un an d’avance à ses premiers championnats du monde à Egg en Suisse. “J’ai fini dans les profon- deurs du classement” , explique- t-il sans s’en offusquer pour un sou. Si les structures d’encadrement existent déjà, tout reste enco- re à découvrir en matière d’entraînement. “On était pra- tiquement livré à nous-mêmes. Ce qui fait qu’on a commis pal mal d’erreurs en cherchant à imi- ter des athlètes dont les perfor- mances laisseraient planer bien des doutes aujourd’hui.” Denis Sandona est donc réduit à expé- rimenter des méthodes assez empiriques, plutôt basées sur l’accumulation des kilomètres. “Finalement, c’était une belle éco- le de la vie dans le sens où ça nous a permis de nous remettre en cause.” L’inconnu n’est d’ailleurs pas pour lui déplaire. À tout juste 21 ans, Denis ne réfléchit pas longtemps quand Robert Galé- zot, vice-président de la Fédé- ration internationale de biath- lon, lui propose d’aller former et entraîner pendant 6 mois l’équipe du Chili. “Il fallait qu’il y ait plus de 20 nations pour que la discipline reste olympique.” Ce n’était pas le cas, d’où cette

opération de recrutement qui lui vaut en passant de prendre un repas avec Augusto Pinochet. Denis s’acquitte honorablement de sa mission. De retour au pays, il poursuit sa préparation en vue des J.O. de 1980 où il ter- minera 20 ème du 20 km indivi- duel et 5 ème en relais. “Si on était moins encadré qu’aujourd’hui, j’avais quand même la chance d’être douanier. Je pouvais m’entraîner à ma guise.” Blessé au genou en 1981, il s’occupe alors de l’équipe de France junior, lui apportant notamment sa science du tir rapide. “Après quelques mois, on les appelait les Lucky-Luke.” Grâce aux pro- grès réalisés dans ce domaine, les juniors français décrochent une belle médaille de bronze aux mondiaux. Sa connaissance du milieu lui permet d’obtenir Denis met un terme à sa carriè- re d’entraîneur en 1988 pour se reconvertir dans la sculpture à la tronçonneuse et la fabri- cation de mobilier en rondins. “J’étais très sollicité par les gens qui ne savaient plus quoi faire de leurs arbres cassés dans leur jardin après la tempête de 1999.” Le sculpteur de la Seigne s’épanouit pleinement dans sa reconversion. Le métier récla- me de l’adresse et de la concen- tration, à l’image du biathlon. Au-delà d’une petite notoriété médiatique qu’il apprécie évi- demment, ça lui permet aussi de voyager notamment en Fran- ce, en Belgique et en Suisse. Bou- ger n’est pas pour lui déplaire. “En 1980, au lieu de toucher la prime accordée pour la 5 ème pla- ce aux J.O., on avait demandé à la Fédération de nous offrir un stage en Finlande en vue de pré- parer la célèbre Vasaloppet.” Sou- venir mémorable où il finit à la 117 ème place devant plus de 14 000 autres skieurs. F.C. l’organisation des cham- pionnats de France de biathlon aux Hôpitaux- Neufs en 1985. Événement qui provoqua l’aménagement du stade de la Seigne où son épou- se tenait d’ailleurs l’hôtel-res- taurant du Lake Placid qui fer- mera en 2000.

L’ancien biathlète s’est reconverti avec réussite dans la sculpture à la tronçonneuse. Il détient toujours le record du monde de la plus petite biche en bois, de 8 cm de haut.

Un repas avec Augusto Pinochet.

Denis Sandona, alors champion de France de biathlon, à la fin des années soixante-dix.

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