Journal C'est à Dire 140 - Janvier 2009

D O S S I E R

14

1, route du Mont Vouillot 25500 LES FINS et vous remercient sincèrement pour la confiance que vous leur avez accordé. À l’occasion des fêtes de fin d’année, l’ensemble du personnel des Ambulances Mortuaciennes et Ambulances Pontissaliennes vous présentent leurs MEILLEURS VŒUX Groupement de moyens techniques ambulanciers A MBULANCES MORTUACIENNES 03 81 67 02 91 A MBULANCES PONTISSALIENNES 03 81 46 65 95

Les skis “made in Jura” Fabrication Au début du XX ème siècle, de nombreux artisans du bois diversifient leur savoir-faire dans le ski. Les rares fabricants qui avaient résisté à l’arrivée du plastique ont périclité, à la seule exception de Vandel à Bois-d’Amont.

Les fabricants jurassiens ont longtemps participé à l’évolution technique, du ski polyvalent tout en bois à fixation libre aux modèles nordiques et alpins utilisés aujourd’hui.

Didier Coulinge, le propriétaire du café-restaurant de la Perruque au Pré Poncet (Chaux-Neuve), a ouvert en janvier 2003 une exposition consacrée aux skis jurassiens. À voir absolument.

S i les Jurassiens n’ont pas inventé le ski, ils ont su très tôt s’inspirer des premières planches arrivées probablement de Scandinavie.Scénario assez logique car très peude locaux pouvaient se permettre d’importer des skis de l’étranger. Les artisans du bois de lamontagne jurassienne (menui- siers, charrons,boisseliers) se lan- cent dans cette nouvelle fabrica- tion. On en trouve dans la plupart des villages du Haut-Doubs et du Haut-Jura. Parmi ces pionniers, on trouve par exemple les frères Bonne- ville du côté de La Pesse. Cer- tains se souviennent peut-être de la marque Retord qui per-

dura jusque dans les années cin- quante. Les débuts sont assez empiriques. On exploite d’abord les essences résineuses locales. Le sapin bien sûr s’avère vite fragile et trop poreux. C’est fina- lement l’utilisation du frêne qui s’impose. Ce bois présente les caractéristiques de solidité, sou- plesse et glisse requises pour un ski. Les lattes sont taillées dans la masse. On cintre les spatules sur une forme en les ayant préa- lablement trempées dans un bain d’eau très chaude. On pro- duit alors un seul type de ski, de très grande taille et équipé d’une fixation libre. La distinction entre l’alpin et le

nordique se fera à partir des années trente à l’époque de la création de ces deux disciplines au sein de la Fédération Inter- nationale de Ski. Cette époque correspond également aux débuts des plus grandes marques de ski jurassien : Grandchavin aux Rousses, Lacroix et Van- del à Bois-d’Amont. La premiè- re s’orientera vers le surf des neiges en 1985 puis sera repri- se par Rossignol en 1999. Le site de production aux Rousses fer- mera en 2002.

Les skis Lacroix entrent dans la légende en 1966. Léo Lacroix termine second de la descente des championnats du monde de Portillo avec des skis de la marque familiale, réalisés à sa demande par son cousin Daniel. Le fabricant de Bois-d’Amont sera le premier à réussir le vira- ge du plastique qui précipita la fin de l’artisanat du ski juras- sien. Lacroix sortit même une paire de skis à 1 000 dollars à destination de la jet-set mon- diale, de Robert Redford au roi d’Espagne en passant par le pré- sident américain Gérald Ford. À partir des années quatre-vingt, les problèmes d’enneigement fragilisèrent l’entreprise qui pas-

sa sous le contrôle du groupe Nestlé avant d’être vendu en 1989 à un groupement d’investisseurs franco-suisses. Cet inventaire serait incomplet sans évoquer le dernier fabri- cant de skis jurassiens, à savoir Vandel. Tout a débuté avec Gabriel Vandel. Ce menuisier de Bois-d’Amont débute en 1925 une petite production de skis de descente. Il se tourne à partir de 1947 vers le fond qui devien- dra la grande spécialité de l’entreprise. Surtout grâce au fils Yvon, inventeur du fameux “F 72”, premier modèle de fond en plastique dont la couleur orange fluo reste dans toutes les mémoires.

Vandel a équipé quelques-uns des meilleurs skieurs jurassiens. Hervé Balland, la référence incontestée, débuta sur des Van- del. Dans les années quatre- vingt, la production de l’atelier de Bois-d’Amont monte jusqu’à 12 000 paires réalisées par une vingtaine de personnes. L’activité décline ensuite au fur et à mesu- re de l’essoufflement populai- re autour de la pratique du fond. Medhi et Loïc, les deux fils d’Yvon, ont néanmoins repris le flambeau. Ils fabriquent tou- jours des skis nordiques et ont renoué avec l’alpin en lançant les Vautours, des skis haut de gamme tout en bois. F.C.

Zoom Mont d’Or, reflet de l’artisanat du ski jurassien La fabrication des skis “Mont d’Or” débute après-guerre dans l’atelier de Gilbert et Raoul Maire, charrons à Métabief. L’activité perdurera jusqu’en 1970. “I ls ont vécu pauvrement mais comme des sei- gneurs grâce aux skis” ,

se souvient Gaby Maire, le fils de Gilbert en évoquant ses sou- venirs de jeunesse. À la Libé- ration, on est encore à des années lumière du sport busi- ness dans ce village agricole de Métabief. Charles Maire tra- vaille avec ses deux fils Gilbert et Raoul. Le premier est char- ron, le second forgeron. Histoire de compenser la baisse d’activité hivernale, ils se mettent à fabri- quer des skis alpins. “Les gens passaient commande en vue d’offrir des skis à Noël. Ils ne repartaient jamais de l’atelier sans avoir bu un coup. Mon père ne comptait pas ses heures et bossait au besoin toute la nuit.” Le plastique n’existait pas. La qualité du ski est d’abord fonc- tion du choix du bois qui sert à sa fabrication. Les frênes uti- lisés sont choisis sur pied, débi- tés chez un scieur puis mis à sécher parfois plusieurs années au grand air. “Ils plongeaient le ski pendant plusieurs heures dans l’eau chaude de la buan- derie puis cintraient la spatule

Du 7 janvier au 10 février 2009

250 paires de skis “Mont d’or” sortaient de l’atelier Maire au début des années soixante.

l’outillage et les machines adé- quats. “Ils installaient la fixa- tion grâce à une mortaise dans laquelle était introduite la plaque de fer repliée ensuite en fonction de la forme de la chaussure.” Au début des années soixante, 250 paires de skis “Mont d’Or” sortent de l’atelier des frères Maire. Les enfants comme les épouses sont mis à contribution quand il s’agit de poser à lamain les 100 vis par ski qui main- tiennent les carres. “Chaque client était d’abord un ami.À l’époque, ils concevaient le produit ski com- me un moyen d’offrir un exu- toire à la jeunesse du coin. Cela donnait une ambiance de plai- sir assez extraordinaire” , se sou- vient Gaby qui n’oublie pas non plus la quantité de travail que représentait ce boulot manuel.

en la coinçant derrière le poêle à sciure.” Aussi rudimentaire qu’elle paraisse, la technique n’en n’était pas moins efficace. Avec le sens de la débrouillar- dise propre aux artisans, les deux frères réalisent progressivement

9

Gaby Maire a perpétué la tradition familiale en se tournant dans le commerce du ski. Sa fille et son gendre tiennent égale- ment un magasin de sports d’hiver à Métabief. Soit quatre générations autour de la même passion.

Made with FlippingBook - Online catalogs