Journal C'est à Dire 139 - Decembre 2008

L E P O R T R A I T

51

Mission (presque) accomplie pour Augustin Roland Prêtre-missionnaire, il a consacré plus de 50 ans de sa vie à “éclairer” celle des autres dans des pays d’Asie où à son rôle de prêtre, il a ajouté des fonctions d’éducateur et d’humanitaire. À 83 ans, la flamme est intacte. Les Fins

L es Missions étrangères de Paris fêtentencemomentleurs350ans d’existence. Depuis 1658, plus de deux cents prêtres du diocèse de Besançon sont partis vers l’Asie.L’und’eux y a consacré 50 ans de sa vie. Comme un souvenirdeplus,unegrandecartedusous- continent indien orne le mur de sa cuisine dans sa maison de la Tanche, aux Fins. AugustinRolandaretrouvésonHaut-Doubs natal il yasixans. Dans sesyeux,on devi- ne l’incompressible envie d’y retourner. Sa vie de prêtre s’apparente presque à celle d’un aventurier. Ordonné prêtre en 1949, il a tout juste 24 ans quand, le soir même de son ordination, la hié- rarchie des missions étrangères de Paris lui envoie sa première destination : la mission de Kangting, dans la région des “marches tibétaines”, au pied de l’Himalaya chinois. L’enfant du Bas-de-la-Chaux entame ce jour-là une mission qui le mènera

à consacrer plus de 50 ans de sa vie à l’Asie, au plus près de ses habitants, dans un dénuement presque total. C’est à Tirukkoyilur (Inde du Sud) qu’il pas- sera la plus grande partie de sa vie de missionnaire. Mais l’aventure a démarré dans cette province, le Tibet, que les autorités chinoises envahissent quelques mois seulement après son arrivée épique dans ce pays. Après un voyage aérien de cinq jours ponctué d’escales, suivi d’un périple en cargo, puis en avion militaire, en camion, avant de terminer les 300 derniers kilo- mètres à pied dans les montagnes après que ses accompagnateurs l’aient aban- donné en chemin, le jeune père Roland arrive enfin à destination, Kangting. “On était lâché dans la nature, les condi- tions de vie n’étaient pas faciles” lâche Augustin Roland dans un sourire. L’exigence de confort et le bien-être matériel sont des notions qu’il n’a jamais

considérées comme essentielles. “Bien sûr, au début, nous ne parlions pas un mot de chinois. Il a fallu ressortir de notre jeu de cartes le latin pour par- ler avec les prêtres chinois. Dès mon arrivée, je me suis mis au chinois.” Décembre 1951, Augustin Roland est expulsé hors de Chine par le pouvoir communiste, “après un interrogatoire musclé, avec quatre mitraillettes poin- tées sur moi et deux revolvers sur les tempes…” Renvoyé à Hong-Kong (alors colonie anglaise), il retrouve 280 autres de ses confrères expulsés de la même maniè- re. Augustin Roland est alors envoyé à Pondichéry, au Sud de l’Inde, qui était encore un comptoir sous domination française. “Je me souviens précisément de la date, c’était le 10 avril 1952, j’avais envoyé un télégramme, en latin, pour le mariage de ma sœur.” Il passera un an dans une école anglaise pour apprendre la langue. En 1953, nouvelle expulsion suite à un accord passé entre Mao et Nehru selon lequel l’Inde n’accueillerait aucun missionnaire de Chine. Réfugié à Pondichéry, Augustin Roland devien- dra professeur au collège de la mission.

À 83 ans, le père Roland poursuit sa mission. Pas en Inde, dans le Haut-Doubs.

mobile, d’une école de couture, à la pri- se en charge des écoliers des bidon- villes, à l’édification d’un orphelinat. En tant que curé de la ville, il sera le directeur de deux écoles où 180 élèves chrétiens et hindous cohabitent. La mousson, les cyclones, la misère ambiante, le choléra qu’il contracte- ra, pas plus que le triple cancer qui le rongeait n’ont eu raison de l’engagement du père Roland. En 2002, l’heure de la retraite a sonné pour le

minée. Sa nouvelle terre de mission, le Haut-Doubs, il la parcourt tous les jours, poursuivant sa fonction de prêtre et célébrant la messe là où on le deman- de, au service de l’unité pastorale de Morteau. Il se sert de son incroyable expérience pour “faire passer des mes- sages sur l’Inde.” Mais il l’avoue lui-même : “J’ai enco- re le cœur et la tête là-bas.” Alors si Dieu le veut, il repartira, “une dernière fois.” Dans un premier temps, il espère fai- re venir en France certains de ses cama- rades, “ceux qui m’ont soigné dans les hôpitaux indiens.” Ensuite, il repren- dra une ultime fois le long chemin vers ces terres indiennes, à la rencontre de ses habitants avec lesquels il a tant vécu. Alors, mission accomplie père Augus- tin Roland ? “Je le dirai le dernier jour. Pour l’instant, ma mission, elle conti- nue.” J.-F.H.

Prof d’anglais, d’histoire-géo, de sciences naturelles, de fran- çais, avant de devenir direc- teur de ce même collège. En 1961, le père Roland est nom- mé curé à la paroisse française

missionnaire. Il est revenu s’installer aux Fins, retour aux sources. “Après tout ce qu’on a vécu là-bas, on n’a plus le même regard, forcément. On est un peu désorienté par la

“J’ai encore le cœur et la tête là-bas.”

de Pondichéry, il se met à l’apprentissage du tamoul, la langue parlée en Inde. En 1972, il est nommé curé à Tiruk- koyilur, à 100 km à l’Ouest de Pondi- chéry. Il y restera trente ans. Au plus près de la population locale, il contri- buera à la construction d’une clinique

poursuite du “toujours plus, toujours mieux”, alors qu’on a vécu aux côtés de gens qui se satisfont toujours de trois fois rien. Tous ces gens m’ont apporté bien plus que ce que j’ai pu leur appor- ter” commente-t-il. Sa mission de missionnaire est ter-

C’est dans une ville du Sud de l’Inde qu’Augustin Roland a passé le plus clair de sa vie de prêtre-missionnaire.

CHARQUEMONT

www.combesaintpierre.fr trinairgy@orange.fr

“Votre station

familiale“

Pour tous renseignements sur l’enneigement / ouverture Allo neige : 03 81 44 06 83 Possibilité de location de matériel Ski Alpin / Fond Raquettes

OUVERTURE de la PATINOIRE à partir du samedi 13 décembre 2008 HORAIRES : Mercredi de 14h à 17h Samedi de 14h à 17h - Dimanche de 10h30 à 12h30 (location gratuite des patins) et de 14h30 à 17h30

Made with FlippingBook - Online magazine maker