Journal C'est à Dire 139 - Decembre 2008

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D O S S I E R

Automobile Fabi plie mais ne rompt pas L’entreprise emblématique du Val de Morteau qui emploie 350 salariés sera en chômage partiel trois vendredis en décembre. Un moindre mal compte tenu de l’état de la conjoncture.

Schrader est sous pression Touché par la crise automobile, le fabricant de valves rapatrie de la production sur le site pontissalien et ne travaille plus le lundi depuis le mois de novembre. Secteur automobile

“O n fait le dos rond en essayant de protéger l’emploi et les salariés” , explique Jean-Michel Bol- mont, le président de Schrader. Cette entre- prise de 450 salariés est largement tri- butaire du marché automobile qui repré- sente 80 % de son activité. “Sachant que 25 à 30 % du chiffre d’affaires est lié aux États-Unis, on était déjà touché par la cri- se à partir du second semestre 2008. On subit aujourd’hui le second effet qui s’est propagé au marché européen.”

Conséquences : la courbe des ventes qui progressaient au rythme de 10 % depuis 10 ans connaîtra une évolution négative sur l’exercice 2008. “La baisse d’activité avoisine 8,5 % par rapport à 2007. On peut souligner que le retour- nement de situation s’est amorcé à partir de juin puis s’est amplifié au cours du dernier trimestre.” Dans ces circonstances, la direction a pris un certain nombre de mesures de façon à atté- nuer l’impact de la crise tout en gardant la volonté de ne pas pénaliser son per-

sonnel. “Depuis novembre, on ne travaille plus le lundi. La majorité des salariés pren- nent le solde de leurs congés 2008. On sera également fermé du 22 décembre au 2 jan- vier. C’était déjà prévu de longue date, bien avant qu’on soit confron- té aux difficultés actuelles. Person- ne n’a été mis au chômage technique jusqu’à présent” , poursuit Jean- Michel Bolmont. Comme on pourrait s’en douter, Schrader n’a plus recours à l’emploi temporaire. Cette réduction d’effectif concerne une trentaine d’intérimaires. L’autre levier d’action consiste à ramener de la pro- duction sur le site pontissalien. Quand ça va mal, la délocalisation n’est plus trop à l’ordre du jour. “On va rapatrier de Chi- ne, par exemple, la fabrication d’un mil- lion de valves tubless par mois. On reprend également des opérations de sous-traitance dans l’usinage et le tri visuel. L’exercice est très compliqué car on ne tient pas non plus à mettre en péril les sous-traitants locaux.” Côté perspectives, aucune visibilité. “Bien malin celui qui sait ce qui va se passer en 2009.” Prudemment, l’entreprise a d’ores et déjà tablé sur un budget 2009 en bais- se de 10 % par rapport à 2008. Les construc- teurs qui ont de gros besoins de trésore- rie sont en train de déstocker massivement et la reprise de la production automobile s’effectuera seulement quand les stocks seront épuisés. Toute la question est de savoir à quelle date le marché retrouvera cette dynamique de croissance. “On espè- re un début de reprise au cours du pre- mier semestre 2009” conclut Jean-Michel Bolmont. Schrader conçoit, développe et fabrique des produits liés au contrôle de la pression et des fluides pour les roues, l’automobile et l’industrie.

L a filiale mortuacienne du groupeBourbon tient bon et tantmieux !Alors que le sec- teur de l’automobile est en réces- sion, que lesmajors dumarché sont affaiblis,entraînant dans leur déclin la plupart de leurs sous-traitants, Fabi conserve sa production. Les délégués du personnel ne cèdent pas au pessimisme malgré l’instabilité de la situation. “Nous travaillons surtout pour Nis- san et Toyota” disent-ils. Ce posi- tionnement permet à Fabi de gar- der la tête hors de l’eau, à une époque où d’autres, comme les sous-traitants de Peugeot, cou- lent en même temps que la marque du Lion s’affaiblit. Un bémol pourtant, Fabi doit passer par une période de chô- mage partiel. Les salariés vont débrayer trois vendredis en

décembre. Pour l’instant, c’est tout. “Le chômage en janvier n’est pas évoqué. Il n’y a pas d’inquiétudes particulières pour Morteau. La situation actuelle n’est pas alarmante” poursuivent les délégués du personnel qui veulent rester prudents. Ce qui est vrai aujourd’hui ne le sera peut-être plus demain. Le risque est que le marché de l’automobile continue de dégrin- goler, à moins que le plan de relance massif dévoilé le 4 décembre par Nicolas Sarko- zy parvienne à enrayer une situa- tion préoccupante. Le président de la République a annoncé que l’État mobilisait 26 milliards d’euros pour tirer l’industrie auto- mobile et le bâtiment de la mau- vaise passe dans laquelle ils se trouvent.

“On fait le dos rond.”

Schrader va subir une baisse d’activité de 8,5 % sur l’année 2008 comparativement à l’an dernier.

Les délégués du personnel de Fabi se veulent rassurants.

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