Journal C'est à Dire 139 - Decembre 2008

V A L D E M O R T E A U

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Comment anticiper la fin des quotas ? Cette perspective officielle en 2015 inquiète les éleveurs d’ici et d’ailleurs qui sont allés voir ce qui se passe en Suisse où le réfé- rencement laitier va disparaître au 1 er janvier 2009. Agriculture

À quoi bon produire plus si la demande n’est pas au rendez-vous ? C’est toute la problématique des filièresA.O.C. qui contribuent largement au dynamisme de l’agriculture du Haut-Doubs. La libéralisation de la production risque également de se faire au détriment des petites et moyennes structures qui sont encore, en nombre, les plus représentatives du modèle A.O.C. comté.

Pour s’en persuader, les adhé- rents du Centre d’Étude Tech- nique Agricole (C.E.T.A.) de Mor- teau - ils sont une quinzaine - ont pris leurs calculettes. “On a essayé d’estimer les coûts induits par une augmentation de 15 % des quotas en sachant qu’une place de vache supplémentaire représente un investissement de 6 500 euros” , explique Thierry Chabod, le président du C.E.T.A. Au final, ce scénario semble per-

tinent dans un seul cas, celui de l’exploitation ayant déjà les moyens de procéder à une exten- sion sans avoir à rechercher du terrain supplémentaire ou à financer un nouveau bâtiment d’élevage. “Plus l’on s’éloigne de ces critères, moins c’est intéres- sant.” Il y a donc tout à craindre. Le sujet semble en tout cas inté- resser au plus haut point les éle- veurs locaux voire de toutes les régions d’élevage français. Lors

35 éleveurs venus de toute la France ont participé à la visite de l’exploitation de Jérôme Hir- schy, dans la vallée de la Sagne, qui gère un système laitier en montbéliarde.

pays d’Europe du Nord, la réfé- rence laitière moyenne d’une exploitation est de 730 000 kg de quotas. La surface de ces exploitations a doublé en 10 ans. En France et en Allemagne, la référence moyenne est de 258 000 kg et les exploitations ont grossi d’un tiers en 10 ans. Si l’on rapporte la référence à l’unité de travail (U.T.) c’est-à- dire à l’homme, on passe de 150 000 kg de lait par U.T. chez nous à 300 000 kg dans les pays du nord comme le Danemark ou le Royaume-Uni. Et les revenus sont loin de varier du simple au double. “Conclusion : on ne gagnera pas forcément plus en produisant davantage.”

du dernier festival des groupes agricoles qui s’est tenu à Dole les 26 et 27 novembre dernier, l’un des 21 circuits thématiques s’articulait autour de la décou- verte franco-suisse des différents systèmes laitiers en montbéliar- de.

laitière suisse qui sera exposée à la fin des quotas au 1 er janvier 2009. Les Suisses se posent beau- coup de questions car 90 % de la production est transformée en lait standard par des industriels.” Vu la volatilité des prix obser- vés depuis un an sur le lait stan- dard, les producteurs suisses vont devoir apprendre à gérer un phénomène auquel ils n’étaient pas habitués. “Quand les quotas ont été instaurés en 1983, personne n’en voulait. Et aujour- d’hui, c’est le contraire.” Histoire de ne pas s’en tenir uni- quement au microcosme agrico- le du Haut-Doubs, le C.E.T.A. de Morteau a étudié les diffé- rents systèmes d’élevage à l’échelle européenne. Dans les

Ce thème a retenu l’attention de 35 éle- veurs en provenance de toute la France. Toutes les grandes races lai- tières étaient représen- tées. La sortie compre-

“On ne gagnera pas forcément plus.”

nait notamment la visite de l’exploitation de Jérôme Hirschy, éleveur installé dans la vallée de la Sagne entièrement acquis à la cause de la montbéliarde. “À travers son témoignage, on a senti de très vives inquiétudes planées sur l’avenir de la filière

F.C.

Thierry Chabod, le président du C.E.T.A. de Morteau, estime que la fin des quotas pourrait fragiliser les petites structures qui font la richesse de l’agriculture du Haut-Doubs.

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