Journal C'est à Dire 137 - Novembre 2008

L E P O R T R A I T

39

Claude Meunier, porte-parole des seniors À 67 ans, ce retraité “actif” est responsable de la fédération du Doubs de l’Union Élargie des Seniors. Une association qui pourrait prendre doucement les contours d’un parti politique. Grand’Combe-Chateleu

U n nouveau mouvement poli- tique émerge dans le Haut- Doubs. Il s’agit de l’Union Élargie des Seniors. Née à Strasbourg en juillet 2006 à l’initia- tive du sexagénaire Claude Weber, l’U.E.S. est aujourd’hui présente dans une vingtaine de départements. Son but est de “garantir une juste recon- naissance de la place active des seniors dans les projets politiques de notre pays.” Claude Meunier, habitant de Gran- d’Combe-Chateleu, est responsable de la nouvelle Fédération du Doubs.À 67 ans, ce retraité “actif” précise-t-il, à la fibre sociale et investi dans le monde associatif, se rallie à la cause défendue par Claude Weber. Il s’apprête à enga- ger une série de réunions dans le Val de Morteau avant de s’atteler à Pon- tarlier et Besançon pour faire connaître ce mouvement. L’attaché-case à la main, un discours

disait Edgar Faure, un homme à la faconde étonnante, qui pimentait de ses petites phrases gratinées la vie politique, lui donnant ainsi l’allure et le panache qui lui fait défaut aujour- d’hui. Le débat sur les retraites ou la prise en charge des personnes dépendantes sont des thèmes sensibles sur lesquelles glissent les belles paroles. Il est impen- sable pour un candidat à un mandat de dimension nationale, de passer à côté des voix des seniors “qui en 2012 (année d’élection présidentielle) seront 25 millions en France” poursuit Clau- de Meunier. Ce chiffre donne une idée du poids que pèsent aujourd’hui les 50 ans et plus dans la population. Claude Weber le sait. Que sa démarche apparaisse com- me utopiste aux yeux de ses détrac- teurs ou d’un parfait réalisme au regard de ceux qui le soutiennent, l’U.E.S.

Cette frange de la population serait-elle à ce point oubliée des politiques sociales et économiques de l’État pour qu’elle ressente le besoin d’exister à travers un nouveau parti politique ? La réponse est “oui” selon Claude Meunier. “De plus en plus d’injustices frappent ces per- sonnes. C’est la perte du pouvoir d’achat. C’est aussi le problème des pensions de réversion qui amène des femmes veuves à vivre en dessous du seuil de pauvreté.Ilest fréquent de voir des seniors se rapprocher des Restos du cœur. Près de 5 millions vivent avec un revenu infé- rieur au S.M.I.C. On peut évoquer éga- lement tous les seniors dépendants qui sont dans les maisons de retraite. Ils sont de plus en plus nombreux à ne plus pouvoir accéder à ces établissements, faute de ressources suffisantes.C’est inté- ressant de prolonger la vie, mais dans quelles conditions ? Nous nous bat- tons aussi contre les licenciements des plus de 50 ans dans les entreprises” énu- mère succinctement Claude Meunier. Pour améliorer le quotidien de ses congé- nères, l’U.E.S. avance des revendica- tions : “amener la retraite d’ici à 2012 au-delà du niveau du S.M.I.C., soit 1 200 euros nets par mois. Nous vou- lons aussi que les collectivités met- tent en place des structures d’accueil accessibles à toutes les personnes âgées, et que ces établissements soient à but non lucratif.” Ce militant de la première heure entend bien le démontrer à qui veut l’entendre jusqu’à la prochaine présidentielle pour laquelle on ne sait pas encore si l’U.E.S. présentera un candidat. Si par hasard il y en avait un, sur quelles promesses ferait-il campagne ? T.C.

bien rodé, c’est lui désormais le porte-parole local d’une majo- rité silencieuse,choyée en pério- de d’élection par les candidats prêts à toutes les concessions pour rassembler des voix, pour se sentir finalement délaissée. “Nous sommes victimes d’une

pourrait être appelée à deve- nir un des mouvements les plus représentatifs du paysage poli- tique national s’il parvient à jouer un rôle de catalyseur auprès de la population à laquelle il s’adresse. “Imagi- nez que 10 % des gens adhè-

“Amener la retraite d’ici à 2012 au- delà du S.M.I.C.”

câlinothérapie” observe Claude Meu- nier. C’est dit : les seniors en ont assez de se laisser endormir pour rien ou presque. Mais la séduction par la promesse est un atout-maître pour bâtir une car- rière politique. Manier la rhétorique avec subtilité est une forme d’art qui ne laisse pas insensible l’opinion. Le verbe touche au cœur, mais de là à ce que le propos soit suivi d’effets, il y a parfois un monde ! “Il est indis- pensable de distiller un peu de vérité pour faire passer un gros mensonge”

rent. C’est évident que nous pourrions marquer à la culotte les politiciens de métier pour faire entendre nos reven- dications” estime Claude Meunier, enthousiasmé par cette perspective. L’Union Élargie des Seniors n’en est pas encore là. Elle se construit et s’instal- le discrètement à travers le territoire national. Pour l’instant, l’U.E.S. a tou- joursunstatut associatifmaiselledevrait prendre, à terme, la forme d’un parti politique qui s’adresse aux actifs de plus de 50 ans,aux retraités et aux personnes dépendantes.

Claude Meunier est également le président de l’association des A.T.P. du Beugnon.

Made with FlippingBook Online newsletter