Journal C'est à Dire 136 - Octobre 2008

L E P O R T R A I T

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Mademoiselle chante le folk À 16 ans, Juliette prend sa guitare et chante des chansons de Bob Dylan et Neil Young qui n’ont pas pris une ride. Son père Jean-Fran- çois Bossard l’accompagne à la guitare. Ensemble, ils forment un étonnant duo acoustique baptisé The Rain Club. Les Fins

L e décor est celui d’un bar de Besançon en fin d’après-midi. Il fait frisquet en terrasse,mais pas suffisamment pour décou- rager un Breton qui a grandi dans la région de Brest.Là-bas,le vent d’Ouest soulève l’écume des vagues et appor- te à ceux qui veulent l’entendre la musique folk dont les accents sont ceux d’une Amérique contestataire. Jeff - c’est ainsi que l’on surnomme amica- lement Jean-François Bossard - a res- piré cet air à plein nez avant de poser (plus tard) ses valises et sa guitare aux Fins, dans le hameau des Chézières. Barbe naissante, cheveux grisonnants en bataille, le col de son caban à demi fermé sur son cou, il est installé à une table du bar de l’U, un café qu’il a fré- quenté lorsqu’il était étudiant. “J’ai tour à cet endroit. Demoiselle discrète, elle est scolarisée au lycée Pasteur en 1 ère S. Lorsqu’elle prend le temps de lever son regard bleu de ses livres, c’est pour empoigner sa guitare et chanter avec son père. Depuis deux ans, ils for- ment ensemble le duo deThe Rain Club. Il suffit de les observer pour comprendre que ces deux-là sont complices à la mai- son comme sur la scène. Si la musique est inscrite dans le code génétique de Jeff, un étonnant guita- riste autodidacte, elle l’a toujours été dans celui de Juliette. Mais pas n’im- porte quelle musique. Il est peu pro- bable de trouver dans la discothèque joué ici dans les années quatre- vingt” sourit-il, la quarantaine un brin nostalgique et un poil dandy british . Car aujourd’hui sa fille Juliet- te, 16 ans, pourrait jouer à son

des Bossard les albums des chanteurs paillettes de la Star’Ac,dignes héritiers de la variété commerciale médiatique et éphémère. Ici on s’accroche aux valeurs sûres de la folk music dont les chansons tra- versent les époques sans prendre de rides. Bob Dylan, Neil Young font par- tie des références du club de la pluie (Rain Club). Une guitare acoustique, une voix, de l’émotion, un talent indé- modable, voilà ce que l’on apprécie dans la famille. “J’aime le folk, toutes les musiques des années soixante. J’ado- re vraiment” confie Juliette issue pour- tant de la génération Popstar.Mais elle préfère à Patrick Fiori, Nick Drake, un auteur-compositeur interprète de folk anglais qui a fait l’objet d’une recon- naissance posthume du public après sa mort en 1978. naissante, peut-être de l’avoir laissé enfant s’approcher de sa guitare. Ensemble,ils reprennent des morceaux de tous ces artistes anglophones aux mélodies tranquilles en y apportant la subtilité de leur style. “On joue beau- coup avec des accords ouverts pour obte- nir de nouvelles sonorités.Peut-être qu’il y a finalement une influence françai- se dans ce que l’on fait” explique Jeff, un briscard de la scène, qui n’a jamais rechigné à empoigner le micro pour chanter du blues et du rock alors qu’il faisait partie d’autres groupes. Mais son rôle a changé. Le guitariste s’efface et accompagne Juliette dont la En écoutantThe Rain Club,on ressent toute cette culture transmise par Jeff à sa fille. “Je suis assez fière de jouer avec mon père” confie-t-elle, recon-

“Peut-être qu’il y a une influence française.”

uliette et Jean-François Bossard. Un père, sa fille, la musique, réunis dans The Rain Club.

voix est limpide et mature. Son accent anglais est impeccable.Certains la com- parent à SuzanneVega,,d’autres la rap- prochent de Dido et Heather Nova. Les références sont élogieuses ! Et les scep- tiques concèdent que la voix de Juliet- te est veloutée. Ce n’est pas le signe du hasard, mais celui du talent, si The Rain Club s’est classé deuxième en finale du tremplin Rolling Stones qui avait lieu à Brest au mois de juin. Le duo a séduit le jury avec une reprise acoustique de Wild

Horses.Juliette a touché du doigt le rêve de vivre peut-être un jour de la musique et d’être “pourquoi pas” chanteuse. Pas question pour elle de tirer des plans surlacomèteetencoremoinsdeprendre la grosse tête.Elle goûte aux plaisirs des concerts aux côtés de son père qui ne boude pas le sien non plus. Ensemble, ils travaillent à l’écriture d’un album. Pourl’instant,ilssecantonnentàlarepri- se de chansons folk qu’il est rarement donné d’entendre en live. Le 8 novembre, The Rain Club se pro-

duira au bar Chez Gilles à Morteau à partir de 21 h 30 et le 13 décembre au Surabaya Café àVillers-le-Lac.Il se pro- duira encore…contre vents et marées.

T.C.

Écouter The Rain Club : http://www.myspace.com/ leclubdelapluie Renseignements : leclubdela- pluie@gmail.com

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