Journal C'est à Dire 136 - Octobre 2008

D O S S I E R

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Quand les banques se grippent, l’immobilier tousse N’obtient pas un prêt bancaire qui veut ! Les banques sont de plus en plus attentives à l’examen des dossiers de demandes de prêt. Résultat, le cercle des prétendants à l’accession à la propriété se restreint. 33 % d’endettement

A vec l’aggravation de la crise finan- cièreinternationale,ilestprobableque les banques durcissent encore l’accès des ménages à un crédit immobilier. L’euphoriedesannées2004,2005et2006cèdesa place à une période plus restrictive.L’époque où les organismes prêteurs pratiquaient des taux d’intérêt historiquement bas et accordaient un empruntsanstropdedifficultésauxinvestisseurs est révolue. “La frilosité des banques est un des facteurs défavorables au marché de l’immobilier” observe Sylvie Schmitt de la Chambre des notaires du Doubs. L’augmentation des taux d’intérêt qui flir- tent aujourd’hui avec les 5,5 % (hors assu- rance) réduit le cercle des prétendants à ter les prêts à taux variable. “Ce n’est pas rare de voir des dossiers mis en attente voi- re refusés à des personnes qui ont pourtant un revenu mensuel de 3 000 euros” remarque Dominique Coulon de Franche-Comté Consommateur. Il ajoute : “Les organismes bancaires attendent également que leur client ait un apport personnel équivalent à 10 ou 20 % du montant du crédit.La durée de rem- boursement dépasse rarement les 25 ans (alors qu’elle courait jusqu’à 30 ans en 2005) et il arrive que des cautions soient néces- saires pour qu’un dossier de prêt soit vali- dé.” Les banques ne veulent plus prendre de risques et font preuve de moins de sou- plesse vis-à-vis des emprunteurs. “C’est en effet toujours mieux quand un client l’accession à la propriété dont la capa- cité d’emprunt diminue.Les banques sont également plus attentives à l’examen des dossiers de prêt et exi- gent de plus en plus un apport per- sonnel de la part de leur client. Dans le contexte actuel, il vaut mieux évi-

a un apport personnel” confirme un banquier bisontin vigilant sur le taux d’endettement de son interlocuteur. Une attitude conforme à la ligne adoptée par la majorité des enseignes de la place qui veillent à ce que ce taux ne dépasse pas les 33 %. “Nous sommes très sensibles au reste à vivre. On est disposé à dépasser légèrement le taux d’endettement de 33 % à condition qu’il reste moins de 700 euros par mois à une per- sonne seule et 1 000 euros à un couple” tem- père un conseiller financier. La posture actuelle des banques condi- tionne le marché de l’immobilier. Ces méca- nismes financiers encouragent la baisse des prix désormais nécessaire pour que phologie du marché a changé. Ils doivent revoir désormais leurs prétentions à la bais- se” estime un agent immobilier de Besan- çon. “Il n’est pas rare que des personnes soient confrontées à un refus de prêt alors que le compromis de vente est déjà signé.Les banques ne financent plus les projets à 100 %” pour- suit Jean-Yves Creusy, président de la chambre des notaires du Doubs. Pour clo- re le tout, les banques sont tout aussi regar- dantes sur l’attribution de prêts-relais qui permettent à des personnes d’acheter un bien avant d’avoir vendu celui dont elles sont propriétaires. Quand la machine finan- cière se grippe, le marché de l’immobilier tousse. l’acquéreur et le vendeur puissent se rencontrer. La capacité d’emprunt du premier étant contrainte, il ne peut plus accéder à des biens dont le prix serait comparable à celui de l’année 2005. “Il ne faut que les vendeurs comprennent que la mor-

“La morpho- logie du

marché a changé.”

Les banques exigent souvent un apport personnel de la part de l’emprunteur qui peut atteindre 20 % du montant du projet.

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