Journal C'est à Dire 136 - Octobre 2008

D O S S I E R

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Le neuf continue de tirer les prix vers le haut Prudents, les promoteurs ont mis un coup de frein au lancement de nouveaux programmes immobiliers. Pour autant, le prix du neuf ne s’écroulera pas. Et par conséquent celui de l’ancien non plus car il est indexé sur le premier. 3 000 euros le mètre carré

allonger la durée des prêts et, une fois de plus, l’effet psycho- logique véhiculé par le spectre d’une crise immobilière. Le para- doxe est le suivant : les besoins sont toujours aussi importants en matière de logements neufs mais en face, la demande s’est calmée. “Une catégorie de clients est beaucoup moins importan- te que les années précédentes, c’est celle des investisseurs” avoue Patrick-Olivier Équoy, directeur commercial de la S.M.C.I. Inves- tisseurs qui représentaient jus- qu’à l’an dernier 55 % des achats dans le neuf. L’augmentation faramineuse des prix du neuf explique aus- si une bonne part de ce récent fléchissement. À 3 000 ou 3 200 euros le mètre carré, le potentiel de clients est forcé- ment plus limité. En 2003, les prix du neuf atteignaient au maximum les 2 500 euros. En 5 ans à peine, le mètre carré a flambé de plus de 500 euros. Et la tendance a peu de chances de s’inverser. Le prix de revient explique cette hausse. Dans le prix d’un bien immo- bilier neuf, le coût de construc- tion (artisans, main-d’œuvre, matériaux…) représente la moi-

nier étage ne sont pas vendus. Ce sont les prix du neuf qui refroidissent les clients poten- tiels” reconnaît de son côté Mat- thieu Sertout, directeur de l’Immobilière Comtoise. Les raisons invoquées de ce ralentissement sont multiples : l’accès au crédit rendu plus dif- ficile à cause de taux qui sont passés en 2 ans de 3,5 % à plus de 5 %, le coût du crédit lui- même alourdi par le fait que les banques sont plus réticentes à

L a profession ne peut pas le nier : “Nous serons cette année sur un ralentisse- ment des ventes après les deux années record 2006 et 2007” confirme-t-on du côté de la

S.M.C.I., le principal construc- teur privé de Franche-Comté. “Les clients se font beaucoup plus rares pour nos programmes neufs. C’est la première fois que des appartements situés en der-

Les promoteurs ont mis un coup de frein sur certains lotissements.

tin. Et les nouvelles normes obli- gatoires qui entrent ou vont entrer en vigueur dans les pro- chaines années (normes handi- capés, réglementations ther-

vente” reconnaît cet autre pro- moteur bisontin. “L’important, c’est que les fondamentaux n’aient pas changé, les raisons d’investir dans l’immobilier sont les mêmes qu’il y a trois ans” ajoute Fabri- ce Jeannot, patron de F.J. Inves- tissement. Le neuf ne connaît pas encore la crise, seulement “une tension” selon le terme employé par la plupart des promoteurs. D’où leur prudence actuelle. Ils écou- lent leurs programmes existants avant d’en lancer de nouveaux. J.-F.H.

tié du total. Les hono- raires techniques (maître d’œuvre, architecte, bureau de contrôle,assu- rance) qui représentent 10 % du coût final, sont indexés au coût des tra-

miques, sismiques…) ne vont surtout pas alléger la facture finale. “For- cément que le coût de l’habitat ira croissant” résume M. Équoy. Pour autant, le Haut-

Le potentiel de clients est forcément plus limité.

vaux. Forcément, eux aussi ont augmenté. “Avec les 35 heures en plus, depuis 2000, les coûts de construction ont plus que dou- blé” annonce ce promoteur bison-

Doubs n’est pas confronté à une crise du neuf. La différence actuelle, c’est que “des contacts clients,on en a moins. Il faut voir plus de monde pour faire une

Fabrice Jeannot, responsable de F.J. Investissement : “Il y a toujours autant d’intérêt à investir aujourd’hui qu’il y a trois ans.”

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