Journal C'est à Dire 136 - Octobre 2008

D O S S I E R

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Les agences retrouvent leur vrai rôle Après l’euphorie des années 2005 à 2007, les agences immo- bilières devront à nouveau jouer pleinement leur rôle qui est d’estimer au plus juste prix la valeur d’un bien. ce qu’elles n’étaient même plus amenées à faire. Agences immobilières

L a période récente où dans une seule agence dix per- sonnes passaient le même jour pour acheter le même bienestpourl’instant révo- lue. “Fin 2006, j’avais déjà prévenu mes équipes en disant “attention, ça ne peut plus durer, les gens achè- tent tout et n’importe quoi !” J’avais anticipé d’une année. Aujourd’hui, on revient à notre vrai métier” commente Michel Bitard, propriétaire de plu- sieurs agences Century 21. “ Ç a allait trop vite, enchérit Matthieu Sertout de l’Immobilière Comtoise. Nous n’avions plus qu’un rôle d’entremetteur, ce n’était pas bon car ne n’est pas notre Dans ce climat plus tendu, forcément, les agences sont obligées de redou- bler d’efforts. Pour écouler un bien immobilier, le délai moyen est passé de 60 à 90 jours. Malgré tout, le nombre global de transactions ne va pas forcément baisser aux yeux des agences locales. “Les gens qui sont mutés sont toujours aussi nombreux, les familles qui s’agrandissent ou qui explosent également. Il y a toujours autant de besoins dans l’absolu. Si on perd une catégorie de clients, ce sont les investisseurs, qui représen- tent environ 10 % dans l’ancien” ajou- métier. C’est à nous, agences, d’estimer les prix. Les biens se vendaient tellement faci- lement que nous ne rem- plissions plus ce rôle. On joue à nouveau notre rôle de régu- lateurs et c’est très bien.”

tecetagentquireconnaît “qu’enquelques semainesàpeine,etprincipalementpour des raisons d’ordre psychologique, le nombre d’acheteurs dans le neuf a été divisé par 4 ou 5. Les gens attendent.” Avec un nombre de vendeurs toujours aussiimportantmaisdesacheteurspas obligés d’acheter, “on n’est plus en pha- se” ajoute Michel Bitard.Un logement auquatrièmeétagesansascenseurpou- vait se vendre assez facilement 110 000 euros. Aujourd’hui, à 85 000 euros, il aura beaucoup plus de mal à partir. Cette baisse relative des prix consta- tée par les agences est très récente.Au premiersemestre2008,lesprixavaient cessé d’augmenter alors que les vendeursavaientprévuunenou- velle hausse de 10 %. Il a donc fallu réajuster les tarifs.Depuis l’été, “on tend à revenir aux prix de la fin 2006.” Avec quelques disparités. Malgrélaconjoncturemoinsfavorable, les agents immobiliers ne sont pas inquiets.Dumoinsceuxquiontlesreins solides. Car d’autres qui ont profité de l’euphorie pour se lancer dans l’immobiliersontlespremièresvictimes de ce “retour à la normale”. Plusieurs agences ont mis la clé sous la porte ces derniers mois.Pour les autres,ces tur- bulencessontpassagères,jusqu’en2009, mais aucun ne croit à une crise durable. J.-F.H.

Le moral des agents reste pour l’instant au beau fixe.

Le délai est passé de 60 à 90 jours.

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