Journal C'est à Dire 133 - Juin 2008

D O S S I E R

15

Commerce alimentaire Rush sur les boissons alcoolisées Les commerces alimentaires en libre-service constituent une cible de choix. Le vol à l’étalage tend à se banaliser avec une prédilection sur les alcools forts. Le phé- nomène est notable, de Pontarlier au plateau de Maîche

L’ évolutiondecetteformede délinquance reflète assez justementlaprogressionde laprécaritélocaleetlespenchants d’unefrangedelapopulation atti- rée par la consommation de pro- duits aux effets “euphoriques”. LeHaut-Doubsn’ariend’une ban- lieue sensible et ces dérives res- tent encore modérées et concer- nent une minorité. Il n’empêche. “Depuis deux ou trois ans, on constate parmi la population de plus en plus de personnes en situation précaire” ,observe Gilles Pacaud, le directeur du maga- sin Colruyt à Pontarlier. Le vol de boissons alcoolisées dans son magasin correspond facilement à 1 % du chiffre d’affaires global. “Tout le rayon y passe :bière,Pontarlier,Ricard, whisky et ces temps-ci, la vod- ka souvent utilisée en cocktail avec d’autres produits.” Il n’est pas le seul à dresser ce

constat. Yves Gorce, le proprié- taire, du Spar au centre-ville de Pontarlier, a le même problème. “Le principal souci, c’est le vol d’alcool.” L’un comme l’autre ont beau appliquer scrupuleusement l’interdiction de vente aux mineurs, le phénomène est là. “On ne peut pas être en perma- nence dans les rayons. Même quand il n’y a pas vol, on voit parfois sur le parking, des groupes d’adolescents qui font acheter des packs de biè- re à des adultes” , reprend Gilles Pacaud. Quand ils prennent une personne en flagrant délit,l’affaire se règle généralement en interne et se solde par une interdiction pure et simple du magasin. Les ser- vices de police sont sollicités seu- lement si les choses dégénèrent. “On comprend que la police ne peut pas être omniprésente” , jus-

tifie Yves Gorce. Son confrère semble plus mitigé sur la ques- tion. “Ils mettent parfois long- temps avant d’intervenir. Il n’y a pas vraiment de police de proxi- mité. Les chefs d’établissement, les parents font aussi preuve d’une trop grande mansuétude quand un de leurs élèves ou enfants sont

pris.” Gilles Pacaud ten- te bien d’expliquer aux fautifs que les consé- quences de leurs actes pénalisent tout le per- sonnel du magasin. Le

Le principal souci, c’est le vol d’alcool.

manque à gagner freine l’embauche d’éventuels salariés. “J’ai même vu des interdits de magasin revenir proposer leur candidature pour un emploi.” Un comble. En dehors de l’alcool, le vol à l’étalage s’applique à toutes sortes de produits. Facilement dissimulables, comme les bar- quettes de viandes ou de sau-

Dans le magasin Colruyt de Pontarlier comme ailleurs, la vidéosurveillance n’empêche pas le vol à l’étalage. La présence dans les rayons semble encore la solution la plus dissuasive mais c’est autant de travail qui n’est pas réalisé.

mon. Des articles non ali- mentaires et non protégés : chaussettes, sous-vêtements. Il existe aussi un phénomène de mode. “À une époque, c’étaient les lames de rasoirs qui se revendaient très facile- ment en Europe de l’Est” , confie David Gagnepain d’Hyper U. L’hypermarché de Doubs a été récemment victime de vols de matériels hi-fi perpétrés avec la complicité d’un agent de la sécurité. Car la délinquance n’est plus uniquement le fait de personnes en difficulté. “On a toujours ce phénomène d’une jeunesse prête à se glorifier de braver l’interdit. On trouve également des experts qui vivent de ces pra- tiques tout comme, et c’est plus

étonnant, des couples, des indi- vidus adultes qui n’ont aucune raison de voler.” À l’échelle du Haut-Doubs, l’importance du vol à l’étalage varie comme par- tout en fonction de la densité de population. Les supérettes de campagne sont encore rela- tivement préservées. Mais quand vol il y a, les produits les plus convoités sont les mêmes. “De l’alcool, des collants, des jeux vidéos. Les emballages sécu- risés ne résistent pas longtemps aux spécialistes. Quand on sait qu’on peut trouver sur Internet les outils et la manière de les dépiéger. Ici au Russey, les vols à l’étalage sont plutôt commis par des jeunes et de plus en plus souvent par des personnes ori- ginaires des pays de l’Est. On

a récemment pris sur le fait un Géorgien avec 9 bouteilles de whisky dans les poches” , annon- ce encore sous le coup de la sur- prise Alain Fesselet, l’exploitant du Super U au Russey. Un autre responsable de maga- sin dénonce également ce qu’il considère comme une forme de délinquance tout à fait légale, celle qui découle des cadeaux offerts, des opérations “satis- faits ou remboursés”. “Les gens prennent le produit et n’hésitent plus à venir le changer quelques mois plus tard en prétextant un quelconque défaut ou dysfonc- tionnement. Sur le fond, on ne peut pas leur reprocher de pro- fiter d’un système qui se retour- ne contre ceux qui l’ont mis en place.”

Gendarmerie Retour à la croissance après 4 années de baisse Le bilan des 5 premiers mois de l’année laisse apparaître une recrudescence plus ou moins forte de toutes les formes de délinquance avec une forte et inquiétante augmentation des affaires de stupéfiants. Commentaires.

Évolution

Taux dʼélucidation Taux dʼélucidation

par rapport aux

Moyenne nationale

5 premiers mois 2007

Délinquance générale Délinquance de proximité Atteintes volontaires à lʼintégration physique

+ 21%

71% 42 %

41% 16 %

+1 %

+82 %

100 %

S icettehausseresteindéniable, la délinquance est bien maî- triséecarcommelepréciselecom- mandant Solnon,chef de la com- pagnie degendarmerie, “les pour- centages portent sur des petits chiffres en terme de faits consta- tés et leur niveau de gravité res- te très modéré sans gros faits de violences.” L’augmentation de 82 % des A.V.I.P. porte sur 42 faits contre 23 faits similaires enregistrés sur la même pério- de 2007. Il s’agit le plus souvent

de violences conjugales et intra- familiales. Chacun de ces actes fait l’objet d’une fiche transmi- se ensuite aux services sociaux du Conseil général.Dans la délin- quance de proximité qui se décli- ne en 8 catégories, les cambrio- lages stagnent,le nombre de voi- tures volées passe de 5 à 10 et on constate 20 vols à la roulotte de plus par rapport à la même période 2007.Les infractions éco- nomiques liées aux escroqueries en ligne se développent de façon

significative.Point positif et ras- surant, la compagnie affiche des taux d’élucidation largement au- dessus de la moyenne nationa- le. Sur les 3 communautés de brigade de la compagnie, celles des bassins de Morteau et de Pontarlier sont celles qui mobi- lisent le plus les gendarmes au niveau du nombre des inter- ventions. La communauté de bri- gade des Hôpitaux-Neufs arrive loin derrière

De 2003 à 2007 : une baisse significative L a recrudescence observée depuis de début de l’année fait suite à 4 années de baisse et elle peut encore s’infléchir d’ici la fin de l’année. Donc prudence. 2003 2007 Évolution Délinquance générale 1 312 947 -27 % Délinquance de proximité 501 308 -38 % Atteintes volontaires à lʼintégration physique (A.V.I.P.) 99 85 - 14 %

Accidentologie : la vitesse en cause D epuis2002,leschiffresdel’accidentologiesonten forte baisse. “Ces gros progrès s’expliquent un meilleur ciblage des services de police ce qui signi- fie une présence accrue sur le terrain. Les radars automatiques ont certainement un effet et les efforts entrepris par les constructeurs dans la sécurisa- tion des véhicules portent également leurs fruits”

analyse le commandant pontissalien. Sur les 12 accidents survenus depuis janvier,aucun n’est lié à l’alcoolémie. La plupart sont le fait de conduc- teurs locaux, auteurs de pertes de contrôles ou d’excès de vitesse à l’origine d’accidents survenus sur des trajets connus. Enfin, 4 des 5 accidents mortels impliquent une moto ou un scooter.

2002

2007

2008/2007

Accident

87 18 96

39

12 / 11

Tués

4

5 / 1

Blessés

48

9 / 17

Made with FlippingBook HTML5