Journal C'est à Dire 131 - Mars 2008

P L A T E A U D E M A Î C H E

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Sciences Froid dehors, chaud dedans Tout premier à avoir alerté le monde sur le réchauffement climatique en cours, le glaciologue d’origine bisontine Paul Lorius est le président d’honneur en France de l’Année polaire internationale qui se poursuit jus- qu’à fin 2008. La précédente avait eu lieu en 1957.

M ême s’il a quitté la Franche-Comté pour Grenoble depuis de nombreuses années, Claude Lorius garde un atta- chement certain pour la ville car c’est là que tout a commencé. En 1955, alors étudiant en physique, il voit, épinglée au mur dans un couloir de la faculté, une petite annonce :“Recherche jeunes cher- cheurs pour participer aux cam- pagnes organisées pour l’Année géophysique Internationale”.Deux ans plus tard, il part pour douze mois en Antarctique, hiverner à la stationCharcot avec deux autres compagnons. Il faut évaluer l’accumulation, la température, l’altitude de la surface et l’épaisseur de la glace. “C’était dur. On était là dans une période héroïque” se souvient le chercheur. “La logistique était très différente

Vostok, point le plus froid du monde où il fait en moyenne - 70 °C en hiver. “On peut sortir s’il n’y a pas de vent. On se pro- tège, on s’acclimate. Au début, on a un peu de mal puis dans la durée, on s’habitue.” Au retour de cette expédition, le glacio- logue, à travers le taux de CO2 prisonnier dans les glaces, fait

des expéditions d’aujourd’hui. On avait une éolienne comme source d’énergie mais elle a gelé à - 40 °C, donc on n’avait plus d’énergie et on est resté des mois sans communication.” Plus de vingt autres expéditions suivront. Chaque fois, avec des collaborateurs américains, fran- çais, anglais russes ou austra-

liens, le Bisontin effec- tue des forages et pré- lève des carottes gla- ciaires. “Au départ, j’ai fait ça pour l’aventure. C’était un défi extra- ordinaire On ne savait rien.” L’étude de

une déduction qui va changer la face du monde : “La planète devrait sensiblement se réchauffer au cours du XXI ème siècle, au risque d’affecter les ressources en eau, l’agriculture, la

Il a fait une découverte révolution- naire.

l’Antarctique en est à ses bal- butiements. “Si le côté héroïque a dominé les premières années, après, c’est la recherche qui m’a guidé.” En 1984, Claude Lorius part à

santé, la biodiversité et, d’une façon générale, les conditions de vie des humains…” L’info est publiée en une du journal scien- tifique Nature en 1987. C’est la première fois qu’un scien-

Claude Lorius, une vie consacrée au monde polaire.

tifique alerte sur un réchauf- fement actuel du climat et prou- ve le lien entre variation cli- matique et concentration de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. “Ce n’était pas un bouquin quelconque mais la revue scientifique n° 1 ! Mal- heureusement, il y a un monde entre le fait de dire il a peut-être raison et le fait d’agir.” Depuis qu’il a raccroché son ano- rak dans les années quatre- vingt-dix, il a publié, décroché de nombreux prix et donne des conférences (notamment le 20 mars à Besançon). “C’est pour convaincre car il ne suffit pas de

1988), intégré l’Académie des sciences (1994), reçu la médaille d’or du C.N.R.S. en 2002 et fait son entrée dans le Petit Larous- se Illustré (2004). “C’est ce qui a fait le plus plaisir à mes parents.” Le glaciologue sourit et jette un regard par sa fenêtre, sur la chaîne de Belledone, ennei- gée… Mais pour combien de temps ?

dire. Les gens sont venus à cet- te idée mais pour passer à l’action, il faut des moyens. Certes, il y a eu le Grenelle de l’environnement mais on nous rappelle aussi sans cesse que les caisses sont vides.” Cette nouvelle année polaire internationale le réjouit. “Peu de scientifiques vivent ça. La pré- cédente, je sortais de la fac. Pour celle-ci, je fais des conférences, j’ai fait deux films et un troi- sième est prévu.” Entre les deux, il a fait une découverte essentielle, dirigé le laboratoire de glaciologie et de géophysique de Grenoble (1983-

La Chenalotte Du rock humanitaire au Barboux L’association Via Sahel organisait samedi 29 mars une journée dédiée aux enfants du Mali à qui elle vient en aide. À la tête du mouvement local, un jeune homme de 21 ans, Lionel Romain.

A.B.

Programme détaillé de l’année polaire en Franche-Comté sur www.univ-fcomte.fr

D u rock pour la bonne cau- se. Samedi 29 mars, les bénévoles de l’association Via Sahel organisaient à la sal- le des fêtes du Barboux leur deuxième concert humanitaire. Le concept est simple : une entrée à 8 euros, une ambiance convi- viale, et à la clé, avec les béné- fices, une aide précieuse à la sur- vie de centaines d’enfants auMali. Pour Lionel Romain et ses amis, l’aventure a commencé l’an der- nier. “C’était dans le cadre de

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l’I.U.T. où je faisais mes études, nous avions un projet tutoré à mener. Un copain et moi, nous avons décidé de

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La création sur le Haut-Doubs d’un “bar humanitai- re”.

france, la Société Suisse/Swiss Life

: Lionel Romain s’est déjà rendu l’an dernier au Mali pour une première action humanitaire.

met depuis plus d’un siècle son expérience, son savoir-faire et son assise financière à votre service. Plus de 3 000 000 d’assurés lui ont déjà

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tateurs, les bénévoles locaux ont pu aller au-delà des prévisions : “Nous avons pu financer un puits, mais aussi des charrettes métalliques pour que les enfants puissent transporter leurs affaires, la peinture d’un bâti- ment, des draps…” Le concert de cette année est censé finan- cer la construction d’une paillo- te destinée aux enfants de la “fondation pour l’enfance” créée au Mali par l’épouse du prési- dent malien. “L’idée est aussi de pouvoir financer pour certains jeunes de la région de Mopti des études de médecine. Sur le long terme, on souhaite soutenir le développement d’un hôpital” ajoute Lionel Romain, 21 ans, désormais pris dans la géné- reuse spirale de l’humanitaire. Lui et ses amis réfléchissent par ailleurs à la création sur le Haut- Doubs d’un “bar humanitaire”, un endroit qui ouvrirait ses portes une ou deux fois par mois, avec des concerts, et dont le but est de verser les bénéfices à des associations humanitaires. Qui a dit que les jeunes d’aujourd’hui ne s’intéressent plus à rien ?

2 000 euros que nous avons rever- sés à l’association Via Sahel. En mars 2007, nous sommes allés au Mali pour mettre en œuvre le projet” raconte Lionel Romain. Grâce à la réussite de ce pre- mier concert humanitaire qui avait réuni près de 600 spec-

monter une action humanitai- re qui consistait à financer des puits dans la région de Mopti, au Mali. Nous avons eu l’idée d’organiser une soirée-concert. La première édition nous a per- mis de récolter plus de

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