Journal C'est à Dire 127 - Novembre 2007

S O C I É T É

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Phénomène Prostitution : les étrangères occupent le trottoir

En dehors de quelques affaires importantes, les services de police esti- ment que la prostitution reste stable dans le Doubs, et notamment à Besançon. En proportion, il y a de plus en plus de filles étrangères.

E n juin,la police judiciaire de Besançon a déman- telé un réseau interna- tional de proxénétisme. Dix personnes ont été interpellées conjointement à Bordeaux, Bruxelles et dans la capitale régio- nale franc-comtoise. L’affaire concernait trois jeunesAlbanaises âgées de 22 à 24 ans, qui s’adonnaient à cette pratique sur le trottoir bisontin. Les investi- gations qui avaient débuté un an

nète. “Ce sont des profession- nelles. Il y avait même une mère de famille, mariée, qui vivait en dehors de Besançon. Ces filles- là en général quittent le trottoir vers minuit, car après elles esti- ment que la clientèle n’est plus la même” ajoute-t-elle. La plupart de ces “profession- nelles” n’auraient pas envie de s’en sortir, “pour gagner 900 euros par mois, ça ne vaut pas la peine disent-elles” raconte la bénévole qui a côtoyé le milieu pendant plusieurs années. Cet- te somme d’argent, certaines filles la gagnent en une nuit ! Les filles de l’Est, c’est différent, “comme cette jeune Bulgare enceinte de sept mois qui était sur le trottoir.” Elles ont rare- ment le choix. Elles appartien- nent à un réseau, et subissent la contrainte d’un proxénète. Pas de vagues donc dans le Doubs. “S’il y avait vraiment un phénomène de prostitution impor- tant, nous dégagerions les effec- tifs pour le contrôler” concluent les services de police qui restent en veille sur ce dossier. Si sur le trottoir la situation apparaît comme stable, d’autres modes de prostitution se déve- loppent : sur Internet et en stu- dio (location d’un appartement par une fille pour se prostituer), “ce phénomène est très dur à quantifier.” T.C.

sa prostitution.” Le secteur afficherait donc une relative tranquillité à ce sujet depuis quelques mois. “Il y a eu c’est vrai des réseaux démante- lés. À l’époque, nous avions constaté des pics de prostitution avec des règlements de compte, des conquêtes de territoire. Des réactions qui mettaient en évi- dence un système de proxéné- tisme. Actuellement, nous n’avons pas ces remontées-là du terrain”

plus tôt, ont révélé que les filles envoyaient de l’argent à des hommes (100 000 euros selon l’enquête) avec les- quelles elles entrete- naient des rapports. En 2001, toujours à

poursuit le service de la sécurité publique qui a enregistré une rixe entre deux prostituées en un an, qui se disputaient un abribus. Avec sa quaran- taine de prostituées, Besançon n’est donc pas

“Quelque chose de très dur à quantifier.”

Besançon, c’est un réseau bul- gare de prostitution et de proxé- nétisme qui avait été démante- lé par le S.R.P.J. (service de recherche de la police judiciaire) mettant en cause une dizaine de personnes. Deux affaires importantes donc. Pour autant, les services de poli- ce ne tirent pas la sonnette d’alarme sur l’évolution de la prostitution dans notre région. “À Besançon, c’est une prosti- tution d’une ville de province de 100 000 habitants” tempère la sécurité publique. Rien de com- parable selon les autorités à ce qui se passe dans des villes comme Grenoble “réputée pour

une plaque tournante du sexe comparé à Strasbourg, Lyon, ou Paris. “Nous n’avons véritable- ment pas de développement mas- sif.” Les filles viennent d’Afrique noi- re ou des régions d’Europe de l’Est comme l’Albanie. “Les locales sont de moins en moins nombreuses, au contraire des filles étrangères” complète une ancienne bénévole du mouve- ment du Nid, une association locale qui accompagne les pros- tituées et les aide à s’en sortir. “Les locales” justement, ce sont les prostituées bisontines, indé- pendantes qui en général ne sont pas sous l’influence d’un proxé-

Parkings, abribus, trottoirs, chaque prostituée occupe un espace précis.

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