Journal C'est à Dire 124 - Juillet 2007

D O S S I E R

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La réponse à la question varie suivant que l’on est com- merçant, agent immobilier ou entrepreneur fabricant de com- posants pour l’horlogerie suisse. Les deux premiers diront que la proximité du territoire helvétique est aubaine pour leur activité. Le pouvoir d’achat des frontaliers et des consom- mateurs suisses est plus important que celui du français moyen. Résultat, l’activité commerciale connaît un dynamisme certain, en particulier à Pontarlier, et la pression immobi- lière est toujours aussi forte. En revanche, du côté des socié- tés de microtechniques, on fait grise mine. Les entrepreneurs doivent conjuguer avec le turn over permanent de la main- d’œuvre aspirée par la Suisse où elle trouve non seule- ment un salaire plus avantageux par le jeu des monnaies, mais aussi un poste qui correspond à ses compétences. C’est tout le paradoxe du Haut-Doubs, un territoire tiraillé entre l’envie de remercier un voisin salutaire à son essor, et celle parfois de lui claquer la porte au nez. Le Haut-Doubs toujours plus dépendant de la Suisse Économie Une nouvelle étude, dont les conclusions sont distillées au compte-gouttes, met en évidence la situation de dépendance dans laquelle se trouve le Haut-Doubs vis-à-vis de la Suisse. Il serait urgent de réagir. un danger pour le Haut-Doubs ? ÉCONOMIE :

la Suisse est-elle

E t si l’économie Suisse décroche ? Qu’advien- dra-il de la bande fron- talière si le territoire helvétique connaît la crise après une phase de croissance excep- tionnelle qui se confirme - le taux de chômage actuel est de 2,7 % - ? Le Haut-Doubs, une région où le tissu industriel s’ef- filoche, aura-t-il alors les moyens d’absorber dans ses entreprises

ment l’ensemble de la bande frontalière, sont désormais dépendants de l’activité helvé- tique. L’inverse est vrai aussi. La Suisse est en effet tributai- re de notre région où elle pui- se la main-d’œuvre qualifiée nécessaire au fonctionnement de son appareil économique. La différence - de taille - est qu’el- le est en position de force pour ouvrir ou fermer les vannes de l’emploi en fonction de ses besoins. commerce et de l’Industrie du Doubs qui imaginent le scéna- rio catastrophe en spéculant sur le renversement d’un contexte helvétique florissant à faire pâlir de jalousie. Au début de l’été, ils ont récep- tionné une étude réalisée par les cabines Prognos et Viaregio sur le thème de “l’évolution de l’économie frontalière”. Un docu- ment que les partenaires se refu- sent pour l’instant à rendre public, sans raison, si ce n’est celle qu’on pourrait les taxer d’avoir leur part de responsa- C’est bien cette appa- rente bonne santé qui inquiète les col- lectivités locales, l’É- tat et la Chambre de

bilité dans la dégradation de la situation. Comme la plupart des élus du Haut-Doubs, les entrepreneurs ont souvent tiré la sonnette d’alarme, alerté les pouvoirs publics sur la difficulté de rete- nir la main-d’œuvre, ou sur une fiscalité française trop écrasante comparée à la politique fiscale en place de l’autre côté de la frontière, favorable aux inves- tisseurs. En vain. Les accords bilatéraux ont même accéléré le déséquilibre. Toujours est-il que cette étu- de, qui n’est pas la première du genre, a eu l’effet d’un électro- choc au sein du microcosme poli- tico-économique franc-comtois. La prise de conscience a lieu. Chacun à son niveau de res- ponsabilité semble prêt à regar- der la réalité en face pour ten- ter de trouver des solutions. La tâche est monumentale. Le tableau n’est pas complètement noir, mais il est urgent de réagir de ce côté-ci de la frontière pour que chacun des deux pays puis- se tirer parti d’une coopération transfrontalière concertée et non pas subie en ce qui concer- ne le Haut-Doubs. ■ T.C.

un retour massif de main-d’œuvre ? Pro- bablement pas. Alors à quoi ressemble- raient les secteurs de Morteau et Pon- tarlier où les lotis-

Une coopération transfrontalière concertée et non pas subie.

sements poussent comme des champignons, à l’inverse des nouvelles industries qui ne s’im- plantent que de façon spora- dique ? Pourtant vue de Paris, la situation de nos montagnes est confortable avec son enviable taux de chômage à 5,5 %, soit de 4 points inférieur à celui de la moyenne nationale ! Ce territoire est certes riche, mais dopé artificiellement par la proximité de la Suisse. Or cet équilibre qui repose sur des fac- teurs exogènes est fragile. Le Haut-Doubs, et plus générale-

ÉCRAN KDL 32S25510

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