Journal C'est à Dire 120 - Mars 2007

L E P O R T R A I T

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Dans les sables du Maroc Depuis bientôt deux ans, Alain Delagneau, directeur général de RHD Pro- ductions, part en vacances dans des pays exotiques : Tunisie, Maroc… Pas pour lui, non. Il y emmène, avec l’association “Handicaps Sports Aventures”, de jeunes handicapés. Prochain départ le 18 avril. Fournets-Luisans

Q uand il s’agit de par- ler de lui, de son enga- gement, Alain Dela- gneau, président de RHD Productions, à Fournets- Luisans est un peu réticent. “L’important, ce sont les jeunes.” Les jeunes en question sont han- dicapés. Et chaque période de vacances qu’il prend, l’homme les emmène en raid, à l’autre bout du monde. Tout a commencé avec l’achat d’un 4 x 4. “Cela fait 25 ans que je suis passionné de véhicules tout-terrain raconte Alain Dela- gneau. De ce qu’on peut faire avec, de la liberté qu’ils procu- rent.” Et en se rendant dans chez son concessionnaire en sep- tembre dernier, il tombe sur une affichette. Celle de l’association “Handicaps Sports Aventures”. Et il accroche. Mais certaine-

ment pas comme cela, sans rai- son. Car Alain Delagneau connaît bien le monde du han- dicap, les regards, les difficul- tés, quotidiennes. Le manque de structure aussi. Et parfois l’envie de s’évader d’un monde

sonne. “Cela fait tout de même environ entre 35 et 40 personnes par raid.” Et là… comment raconter ? Les sables, les 4 x 4, les bivouacs sous les étoiles. L’aventure. Un moment inou- bliable où même le temps n’a

trop cloisonné. “Je les ai toujours côtoyés. Un des membres de ma famille est handicapé. Et j’ai peut-être une approche un peu dif- férente de tout un cha-

plus de prise sur l’es- prit. Bien sûr, les accompagnateurs sont là pour aider, pour prendre soin des ado- lescents. Le fauteuil embarqué sur la roue

“C’est une grande leçon de vie à chaque fois.”

cun explique-t-il modestement. L’association leur permet de sor- tir du contexte. Parce que jam- be ou pas jambe, dans les dunes, ça passe. Il y a juste leurs paroles, leurs sourires.” Comme lui, plusieurs bénévoles aident l’association. Ils partent, tous, en bateau, à deux accom- pagnateurs minimum par per-

de secours des 4 x 4, ils vont à l’aventure. “Il n’y a que des sou- rires. C’est une grande leçon de vie à chaque fois.” Il ajou- te : “Parfois, j’y emmène aussi Hugoline, ma nièce de 15 ans. Elle est, entre guillemets, vali- de.” Mais le raid est aussi fait pour cela : mélanger dans le sable tout ce petit monde et reve-

Pour aller encore plus loin

Ce n’est pas la première fois que le responsable de RHD Productions se lance dans une telle aventure avec un public handicapé.

C réée en 2001, l’association mulhousienne “Handicaps Sports Aventures” souhaite “transmettre un message d’espoir et de vitalité aux personnes handicapées et à leur entourage.” Fonctionnant grâce à quelques spon- sors, aux dons et aux cotisations des adhérents, elle a choisi les déserts du monde pour y plan- ter “des graines de bonheur.” Et pour son pro- chain projet, l’association recherche un terrain.

Elle espère y construire “un site aménagé, avec des prestations adaptées et des activités mul- tiples” autour du sport, des loisirs et de la natu- re, avec hébergement et restauration, portant le nom de “Domaine nature”. Renseignements : www.domainenature.com ou www.handicaps-sports-aventures.com

nir en France, les yeux changés. Pour pouvoir partir, l’entrepri- se d’Alain Delagneau donne un petit coup de main à ses projets. Elle participe aux frais, entre 3 000 et 4 000 euros. Mais cela n’est pas nouveau pour RHD Productions. “Ici, le respect de l’homme fait partie de notre démarche” souligne Didier

Lamotte, président. Une phra- se ne sortant pas tout droit du service communication. Depuis des années, RHD Productions se fait fort d’engager des “sala- riés classés Cotorep, donc dits handicapés.” Ici, ces mots font sourire. Comme si tous étaient bien au-delà d’une simple clas- sification.

Un idéal que poursuit Alain Delagneau, au travers de l’as- sociation. Dans quelques semaines, le 18 avril, il partira, lui, son 4 x 4 et son cœur immen- se, avec d’autres, jeunes, moins jeunes, valides ou non valides, se perdre dans les sables du désert marocain. J.C.

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