Journal C'est à Dire 120 - Mars 2007

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D O S S I E R

L’épicerie “sociale” de la place de la Halle Morteau Janine Bozzato tient depuis quinze ans l’Épicerie de la Halle à Morteau. Un des tout derniers commerces alimentaires de détail du Val de Mor- teau. Pour maintenir l’activité, il faut savoir miser sur le service.

D ans l’arrière-boutique du magasin, les rayons croulent sous les paquets de toutes sortes, enveloppés dans leur emballage de plastique blanc. Nous ne sommes pourtant pas dans les réserves de l’épice- rie. Tous ces colis attendent que leurs destinataires viennent les récupérer. Car l’Épicerie de la Halle fait aussi office de relais- colis pour la vente par corres-

tation comme les livraisons. Comme tout commerce de proxi- mité, la clientèle d’un certain âge apprécie énormément ce service rendu sur Morteau, que Janine Bozzato ne fait même pas payer ! L’adaptation, enco- re une fois. Bien sûr, l’Épicerie de la Hal- le reste pour nombre de Mor- tuaciens, l’endroit idéal pour les dépannages de dernière minute. Même si certains clients y font toutes leurs courses. “Ici, les gens paieront certains pro- duits un peu plus chers, mais ils ne pourront pas acheter le superflu car d u superflu, il n’y en a pas ici…” dit-elle. L’adaptation, c’est aussi le rôle social joué par l’épicière. Pri- mordial. Comme pour cette dame qui venait deux fois par semaine, toujours les mêmes jours, selon un rite immuable. Ne l’ayant pas vu pendant une semaine, Janine Bozzato pré- vient les secours. La petite dame est retrouvée mourante à son domicile… Le social, c’est aus- si le partenariat qu’elle a lié avec le C.C.A.S. de Morteau. “Quand le C.C.A.S. donne des bons de nourriture aux per- sonnes sans ressources, c’est

rie de la Halle, au fil des ans, en est une illustration parfai- te. L’établissement a été repris fin 1991 par le couple Bozzato. À l’époque, le challenge était déjà audacieux : les grandes sur- faces étaient déjà implantées mais le contexte toutefois très différent. Il a fallu se démar- quer. Janine Bozzato raconte : “Nous avons décidé d’ouvrir le dimanche matin, ce que per-

pondance comme les Trois Suisses par exemple. “Nous rece- vons les colis pour une cinquantaine de dis- tributeurs différents. Nous le faisons même pour Orange, la

sonne ne faisait. Le dimanche était notre plus grosse journée. Ce jour-là, les gens ne comptent pas. Quand ils ont besoin d’une bou- teille de whisky, ils ne regardent pas le prix.”

L’épicerie a développé d’autres stratégies d’adaptation.

Mais cet avantage a été presque réduit à néant quand d’autres nouvelles grandes surfaces ont décidé d’ouvrir elles aussi le dimanche - ATAC à Villers-le- Lac et le Relais des Mousque- taires aux Fins notamment. “Il faudra bien penser un jour à trouver une règle pour l’ouver- ture des grandes surfaces le dimanche” commente M me Boz- zato. L’Épicerie de la Halle a déve- loppé d’autres stratégies d’adap-

marque de téléphonie. Je me suis mise à faire relais-colis depuis l’ouverture de Netto. C’était la seule façon de com- penser la perte liée à l’arrivée de Netto. C’est donc un petit plus qui n’est pas négligeable” note Janine Bozzato, la maî- tresse des lieux. Cet exemple parmi d’autres illustre la nécessaire capacité d’adaptation dont doit faire preuve le commerce de proxi- mité pour s’en sortir. L’Épice-

Janine Bozzato est aux commandes de la dernière épicerie généraliste de proximité de tout le Val de Morteau.

cuter qu’à faire ses courses. C’est ainsi. “Je donne beaucoup de temps à mes clients mais eux m’apportent beaucoup. Il ne faut jamais négliger celui qui passe la porte uniquement pour par- ler.” Malgré les aléas liés au lent déclin du commerce de proxi-

mité en général, Janine Boz- zato n’a jamais pensé à renon- cer à son métier. “Je fais un très beau métier” lance-t-elle dans son habituel sourire. Plus qu’un métier, un vrai sacerdoce.

chez moi qu’elles viennent fai- re leurs achats.” Le social, c’est aussi l’écoute, l’oreille attentive, toujours dis- ponible pour les gens du quar- tier. “Ma mère est une vraie assistante sociale” lâche son fils. À l’Épicerie de la Halle, on pas- se souvent plus de temps à dis-

J.-F.H.

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