Journal C'est à Dire 120 - Mars 2007

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D O S S I E R

Évasion commerciale

Pontarlier, première destination commerciale des habitants du Val de Morteau

Les habitants du Val de Morteau privilé- gient souvent Pontarlier comme destina- tion favorite pour leurs achats. Une vraie manne pour le bassin pontissalien, au même titre que la Suisse voisine.

L’ achat de meubles. Voilà une des moti- vations principales des consommateurs exté- rieurs à la zone de Pontarlier de venir faire leurs courses dans la capitale du Haut-Doubs. 32 % des habitants du Val de Mor-

Pontarlier est la première des- tination commerciale. C’est aus- si le cas pour 33 % d’entre eux concernant les achats de chaus- sures. Ils préfèrent Pontarlier au Val de Morteau. Par ailleurs, Pontarlier capte aussi 13 % des achats alimentaires des habi-

teau avouent se rendre à Pontarlier pour acheter des meubles. Ils ne sont que 26 % à acheter directement sur Mor- teau. C’est un des résultats de l’enquê-

tants du Val, bien que ce secteur soit particu- lièrement bien pourvu en matière de grandes surfaces. Au chapitre équipement de la personne, l’enquête de la C.C.I. montre que

Le choix des produits est plus important à Pontarlier.

te menée par la Chambre de Commerce et d’Industrie du Doubs (C.C.I.) auprès de plu- sieurs centaines de ménages du Val de Morteau. Pontarlier exer- ce sur eux un véritable pouvoir d’attraction en matière com- merciale. Même constat, un peu plus nuancé, concernant les vête- ments, produits de consomma- tion courante. Pour 27 % des habitants du Val de Morteau,

le magasin le plus fréquenté par les habitants du Val ne se situe pas à Morteau mais à Pontar- lier. Il s’agit de la Halle aux chaussures, suivie de près par la Halle aux vêtements. “Les achats se réalisent sur des pôles commerciaux comme Pontarlier car pour 72 % des personnes interrogées, le choix des pro- duits est plus important à Pon- tarlier et pour 67 % d’entre eux, les prix y sont plus intéressants”

Pontarlier, avec Doubs et Houtaud, disposent d’un énorme potentiel en termes de terrain disponible.

note la C.C.I. L’étude note aussi que concer- nant la clientèle de Morteau, “on enregistre de très fortes éva- sions pour les achats de disques (72 %), vêtements de sport (71 %), informatique (67 %) et

matériel de sport (65 %).” Aux yeux des consommateurs du Val de Morteau, Pontarlier est une ville “plus pointue que Morteau pour les commerces spéciali- sés, l’offre est plus complète et les commerces intéressants.”

Les résultats de cette enquête sont notamment confirmés par le succès remporté par le concept de la carte de fidélité Altitude mise en place à Pontarlier par l’association Commerce Pon- tarlier Centre. “Sur les 18 000

porteurs de la carte Altitude, entre 20 et 25 % sont originaires du Val de Morteau. C’est loin d’être négligeable” commente Béatrice Saillard, chargée de mission à Commerce Pontarlier Centre.

Réaction Annie Genevard : “Maintenir et même développer le commerce de proximité” Le maire de Morteau fait du maintien du commerce de proxi- mité une de ses priorités. Elle justifie le lancement récent d’une action destinée à soutenir le petit commerce.

Bientôt un nouveau magasin de vêtements pour hommes Projet

C’ est à dire : Com- ment sauvegarder un tissu commer- cial de proximité face à la concurrence des grandes surfaces et plus enco- re, celles des zones commer- ciales comme Pontarlier ? Annie Genevard : Notre secteur souffre en effet d’une évasion com- merciale. La fragilisation du com- merce de proximité est due à plu- sieurs facteurs : le suréquipement de Pontarlier et l’évolution des habitudes de consommation. Les gens ont plus de temps libre et ils n’hésitent plus à faire des kilo- mètres pour effectuer leurs achats. Aujourd’hui, on conçoit l’art de consommer comme un loisir. En plus, maintenant, il y a l’essor du commerce électronique. Mais tout n’est pas négatif, au contraire. Dans le Val de Morteau, il y a pratiquement tout. Si on se réfère à l’étude qu’avait menée la Chambre de Commerce, les habi- tants du Val trouvent que Mor- teau est une ville animée et attrac- tive, avec des commerces agréables et attrayants même si on a enco- re une image de commerce cher et incomplet aux yeux des consom- mateurs. C’est ce qui nous a ame- nés à lancer une opération de redy- namisation de l’artisanat et du commerce (O.R.A.C.). L’objectif est

bien de maintenir et même déve- lopper le commerce de proximi- té. Le problème, c’est que les per- sonnes qui déplorent la dispari- tion du commerce de proximité sont souvent les mêmes qui vont faire leurs courses à Pontarlier. Càd : Au-delà de l’enveloppe d’1,4 million d’euros de cette O.R.A.C. pour aider les com- merçants dans leurs investis- sements, qu’apportera l’opé- ration ? tion ou de travaux par exemple. C’est déjà une première avancée. L’animatrice de l’O.R.A.C., Valé- rie Lebras, s’attache aussi à la question des friches commerciales à résorber (exemple : la pâtisserie Rognon à Morteau). Par ailleurs, depuis longtemps, on a réfléchi à ce qu’il y ait des pro- duits propres à une région dans le domaine industriel, agricole, tou- ristique, agroalimentaire… Pour- quoi ne faudrait-il pas avoir aus- si cette réflexion pour le commer- ce ? Cette O.R.A.C. doit aussi per- mettre de faire avancer les réflexions. Il faut penser aussi à A.G. : Le premier objec- tif de cette opération, c’est que les commer- çants aient un interlo- cuteur concret, quand ils ont des projets de créa-

harmoniser la question des ouver- tures du dimanche. Certains com- merces de proximité en ont fait un atout. Le problème, c’est que cer- taines grandes surfaces s’y sont mises aussi. Càd : Comment lutter contre l’arrivée massive de services (banques, assurances, immo- bilier…) dans les centres-villes ? A.G. : On ne pourra jamais empê- cher un propriétaire de commer-

ce de vendre son fonds à une banque ou une com- pagnie d’assurances qui paiera rubis sur l’ongle. Mais à force de négliger les petits commerces, les propriétaires finiront par

“Penser à harmoniser la question des ouvertures du dimanche.”

inciter la puissance publique à intervenir de plus en plus. Cer- tains maires commencent à exer- cer leur droit de préemption sur des locaux, pour éviter qu’une banque ou une agence immobiliè- re vienne. Càd : D’autres actions sont-elles en réflexion ? A.G. : Nous réfléchissons à la mise en place à l’échelle de toutes les communes du Val de Morteau d’une carte de fidélité type Client Roi. Propos recueillis par J.-F.H.

Pour une fois, un commerce de détail n’est pas remplacé par un service, c’est même l’inverse. L’agence immobilière Century 21 qui a déménagé rue de l’Helvétie, sera remplacée dans quelques semaines par une boutique de confection masculine clas- sique. Une manière de compenser la fermeture du magasin Journot en matière de vêtements pour hommes.

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