Journal C'est à Dire 120 - Mars 2007

12 LES MILITANTS DÉVOUÉS À LA CAUSE R E P O R T A G E 12 000 personnes ! Ce 13 mars, tout le monde ne peut pas entrer dans l’enceinte de Micropolis où Nicolas Sarkozy tient conférence devant une salle presque tout acquise à sa cause. Les élus et les militants du Haut-Doubs étaient au premier rang.

macie s’approche. Tous ne sont pas sarkozystes. À commencer par une jeune demoiselle voilée qui avoue “ne pas se sentir à sa place.” Elle s’est laissée embar- quer dans l’aventure par ses copains. Mais elle n’a pas oublié. “Racaille, Kärcher, il l’a dit.” Son voisin détend l’ambiance, “ce soir au lieu d’aller en boîte, on vient voir Sarko !” comme on vient applaudir une star. La politique spectacle ça s’appelle. Aucun des candidats à la présidentielle n’y échappe. Mais la détermination et l’am- bition de celui-ci fascinent cer- tains électeurs et en inquiète d’autres enmême temps. On adhè- re ou pas. Estelle a choisi son camp. Issue d’un milieu ouvrier d’une sensibilité de gauche, elle était du côté de Jospin en 2002. Depuis qu’elle est employeur, elle voit les choses différemment. “La

Franchement, c’est le meilleur” lâche-t-il, certain que son candi- dat gagnera la bataille de la pré- sidentielle. Cela ne fait aucun doute non plus pour Nicolas, 23 ans, étudiant en droit, militant depuis deux ans. Il est venu de Belfort et porte fièrement son tee- shirt sur lequel est inscrit en lettres rouges “les étudiants avec Sar- kozy”. “Cet homme a un discours clair, compréhensible et surtout une volonté de changement.” L’avè- nement de Bayrou, il n’y croit pas. “C’est le jeu des médias. Comme en 2002 pour relancer la cam- pagne, les journaux ont fait mon- ter Le Pen, cette fois-ci ils font mon- ter Bayrou. Mais pour moi, c’est une bulle qui fera pschitt. J’es- père maintenant que beaucoup de jeunes vont nous rejoindre.” Le public commence à se masser devant les portes de Micropolis. Un groupe d’étudiants en phar-

gauche n’évolue pas. Or nous sommes dans une situation poli- tique et économique telle en Fran- ce qu’il faut un leader . Je ne le sens pas à gauche” dit-elle. Pour- tant, elle avait imaginé que le changement puisse venir de Ségo- lène Royal avant que celle-ci ne se retourne à nouveau vers les éléphants du P.S. “Elle a fait un pas en avant un pas en arrière. Des gens qui croyaient en cette femme se sont tournés vers Bay- rou.” Finalement, ce soir-là, à Micro- polis beaucoup d’électeurs com- me Estelle savaient sur quel che- val de course ils allaient miser sans réserve dans quelques semaines. “Si Nicolas Sarkozy est élu mais qu’il échoue dans son mandat, alors là ça fera très mal.”

I ls sont tous là, les élus locaux U.M.P. Maires, conseillers généraux, conseillers régionaux, dépu- tés. Tous installés aux pre- mières loges pour accueillir et sou- tenir “leur” candidat à l’élection présidentielle de passage à Besan- çon. Applaudissements, poignées demains, accolades, embrassades, la grande famille politique a le sourire ce mardi 13 mars quand Nicolas Sarkozy entre en scène dans une salle de Micropolis plei- ne de 12 000 personnes presque toutes acquises à sa cause. Quelques ministres ont fait le déplacement dont François Fillon, Hamlaoui Mékachera et encore Renaud Donnedieu de Vabres, le ministre de la Culture qui quelques minutes plus tôt, au pupitre, a rendu hommage à cet- te ville de Besançon “riche de son patrimoine exceptionnel avec cet- te magnifique Citadelle qui la domine.” C’est connu, l’élu en cam- pagne est d’un naturel flatteur. Sauf que dans l’après-midi jus- tement, la visite du monument de Vauban, initialement prévue, a été annulée pour des raisons de sécurité dit-on dans l’entourage du candidat. Disons simplement que la priorité de Nicolas Sar- kozy était d’abord de voir Vesoul dont le maire Alain Joyandet lui est proche, plutôt que de s’at- tarder dans une capitale régio- nale qui bataille pour figurer au patrimoine mondial de l’Unesco !

Les militants ne lui en n’ont pas tenu rigueur. Les auditeurs non plus d’ailleurs. Sans étiquette poli- tique affirmée, ils se sont mas- sivement déplacés. Certains sont venus en simple curieux recon- naissant comme Nathalie, 23 ans, étudiante en lettres, n’avoir pas davantage d’affinités avec l’U.M.P. “Je suis venue voir le show , et me faire une idée sur le candidat. Je ne sais pas encore pour qui je vais voter.” Voir le show ? C’est vrai que le meeting de Nicolas Sarkozy res- semble à peu près à cela avec sa logistique impressionnante, ses techniciens, ses caméras, ses écrans géants pour rapprocher le candidat du public le plus éloi- gné, et son stand de gadgets où l’on trouve des stylos qui font parer sa venue. Affichage, trac- tage (200 000 tracts ont été envoyés dans en Franche-Com- té) : l’important est d’informer. Ce 13 mars dans l’après-midi, le téléphone de la permanence de l’U.M.P. place Victor Hugo à Besançon sonne sans disconti- nuer. Le standard a explosé quelques jours plutôt, France Télé- com a dû installer dans l’urgen- ce cinq lignes au lieu d’une. Au bout du fil, des gens qui se renseignent sur le déroulement de la lumière et chantent la Marseillaise ! Et puis il y a tous ces militants convaincus qui ont œuvré bénévolement pour pré-

du meeting et sur la manière de procéder pour soutenir financiè- rement l’U.M.P. ou Nicolas Sar- kozy. La personne de permanen- ce répond et ajoute en raccrochant “n’hésitez pas à venir accompa- gnés, tout le monde est le bien- venu ce soir.” Justement, il n’y avait qu’à obser- ver le monde se presser à Micro- polis pour comprendre que lemes- sage était passé. 45 cars de mili- tants venus de l’Est de la France ont fait le déplacement à Besan- çon. Michel Vienet, secrétaire départemental de l’U.M.P., est tendu. Il donne les dernières consignes à ceux qui devront s’oc- cuper du parking. “Au total, 200 bénévoles sont mobilisés sur le site dont 100 à l’intérieur de la salle pour assurer la sécurité” dit-il. France. “On est là pour veiller à ce que tout se passe bien” annon- ce Claude. Lors d’un meeting à Saint-Étienne, des manifestants syndicalistes sont parvenus à fai- re sauter le courant. Pour évi- ter que le scénario ne se repro- duise, deux groupes électrogènes, bien surveillés, ont été installés à Micropolis. Jean-Pierre est consigné lui aus- si au parking. Il se dévoue sans retenue pour “Sarko”. “Ce mec, il pète la santé. Il en a plein les tripes. Tous font partie du grou- pe de protection. 3 000 militants, majoritaire- ment des retraités, appar- tiennent à cette unité en

T.C.

Des stylos qui chantent la Marseillaise.

Annie Genevard est aux anges devant son “héros”.

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