Journal C'est à Dire 118 - Janvier 2007

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É C O N O M I E

Auberges cherchent repreneurs Restauration Différentes auberges sont à vendre dans le Haut-Doubs. Seulement, on constate que les repreneurs ne se bousculent pas au portillon.

L e point de vue est magni- fique, la situation impre- nable et pourtant… L’auberge des Cerneux, plantée sur les hauteurs des Gras au milieu des pâtures, n’a pas trouvé de repreneur suite à sa fermeture il y a un peu plus d’un an. “Trop cher” dit-on dans le secteur avisé de la restauration. Les propriétaires de l’établisse- ment, qui demeurent absents, auraient fixé le prix de vente à près de 400 000 euros. Ils auraient reçu des propositions d’investisseurs intéressés par

cette affaire. Le problème est qu’ils n’étaient pas prêts à en mettre une telle somme. Il n’empêche que le cas des Cer- neux n’est pas unique. Différents restaurants sont à vendre dans le Haut-Doubs et les acheteurs ne se pressent pas au portillon. Pascal Bôle en sait quelque cho- se. Ce passionné a mis deux ans avant de trouver un acquéreur pour l’auberge de la Motte aux Combes, qu’il anime encore de front avec l’auberge du Tuyé à Fournets-Luisans. Plus pour longtemps puisque le compro-

mis vient d’être signé aux Combes. “Les nouveaux pro- priétaires doivent entrer en fonc- tion le 1 er février” dit-il d’un ton satisfait. Cette auberge, il l’a refaite à neuf, et le chiffre d’af- faires est bon. Il n’empêche que ces deux arguments auront mis du temps à intéresser sérieu- sement les entrepreneurs. “Les explications à cette frilosité sont multiples” analyse Pascal Bôle. “La restauration n’est pas un métier facile. Ensuite, des per- sonnes intéressées nous ont rétor- qué aussi que l’auberge était trop

même. “Ce métier n’est pas faci- le. Il faut s’investir beaucoup et travailler beaucoup” note Madame Rizzi. L’euro, les 35 heures, les difficultés à trou- ver du personnel qualifié sur la bande frontalière, les mises aux normes auxquelles il faut se plier, font partie des contraintes qui dissuadent les porteurs de projets aussi enthou- siastes soient-ils. à ceux qui investissent dans la restauration d’être en mesure de présenter un apport person- nel équivalent à 35 % du mon- tant du projet pour obtenir un prêt bancaire. Rares sont ceux à pouvoir se lancer dans une pre- mière aventure avec des reins aussi solides. Pour certains professionnels, le tableau n’est pas aussi noir. Annie Pichot garde son opti- Et les banques dans tout cela ? Elles ne prennent plus de risque en demandant

misme. Elle anime le restaurant de la Grotte à Remonot, répu- té pour ses cuisses de grenouilles, depuis 1974. Cela fait cinq ans qu’elle cherche à vendre le fonds de commerce. Cinq ans qu’elle attend, qu’elle retarde le pro- jet de rénovation de l’établis- sement pensant qu’elle allait le céder. Cette fois-ci, c’est peut- être la bonne. “J’ai signé un com- par un échec en janvier, Annie Pichot assure qu’elle ne jettera pas l’éponge. À bientôt soixante ans, elle cherchera un associé pour faire les travaux au res- taurant de la Grotte, un éta- blissement qui dispose d’un vrai potentiel. “Je suis prête à repar- tir pour dix ans.” Qui a dit que la restauration n’était pas d’abord une affaire de passionnés ? T.C. promis de vente. Mais je ne sais pas si ça abou- tira” explique-t-elle. Qu’importe, si la tran- saction doit se solder

isolée, alors qu’on s’aperçoit, au contraire, que les clients recherchent des petits coins tran- quilles. Mais les investisseurs recherchent, eux, la sécurité.” Il vaudrait donc mieux que le restaurant soit situé en ville et si possible à proximité d’un axe passant plutôt que perdu dans une campagne difficile d’ac- cès en hiver. Une bonne situation géogra- phique ne fait pas tout non plus. La preuve, l’hôtel-restaurant Patton à Fuans, propriété de la famille Rizzi, est également en vente depuis bientôt deux ans. Il a fermé ses portes le 1 er jan- vier 2007. Depuis le mois de décembre, la table n’était dres- sée que pour le week-end. Deux repreneurs se sont intéressés à l’affaire familiale, mais pour l’instant les transactions n’ont pas abouti. Pourtant, là aussi, l’établissement est rénové, les sept chambres d’hôtel sont neuves. Mais le refrain est le

Annie Pichot garde son optimisme.

Le restaurant Patton à Fuans est fermé depuis le 1 er janvier.

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