Journal C'est à Dire 117 - Décembre 2006

D O S S I E R

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Au moment même où les files de voitures continuent à s’al- longer au passage du Col-des-Roches se précise un mouve- ment probablement moins visible mais plus pernicieux et concer- nant l’implantation des entreprises du Haut-Doubs sur le ter- ritoire suisse. Sur le plan purement économique, on ne pour- rait reprocher à un chef d’entreprise de profiter des conditions d’installation proposées par un pays qui, selon beaucoup, béné- ficie des avantages de l’Union Européenne sans en subir les contraintes. L’idéal serait que la Suisse adhère à l’Europe, à défaut de pouvoir l’annexer. Plus sérieusement, quelle est l’am- pleur des délocalisations industrielles sur Suisse ? Comment peut-on rééquilibrer les distorsions de concurrence pénalisant le tissu économique du Pays Horloger ? Dossier. DÉLOCALISATIONS : le Haut-Doubs sous pression suisse La Suisse : terre promise des industries françaises ? Conjoncture

plusieurs P.M.E. du Val de Mor- teau et du plateau de Maîche spécialisées dans le polissage et le décolletage seraient sur le point d’ouvrir des ateliers du côté du Locle et des Verrières- de-Joux notamment. “Le polis- seur est probablement l’opéra- teur qui manque le plus à l’hor- logerie suisse” , observe Pierre Hilpold. Une implantation en Suisse dans ce secteur permet également d’éviter les formali- tés douanières complexes se rap- portant à l’utilisation de métaux précieux comme l’or ou l’argent. Le phénomène “ start up ” reste toujours d’actualité. La vitalité de l’horlogerie haut de gamme offre des opportuni- tés à de jeunes horlogers fron- taliers qui profitent des condi- tions d’installation très propices au lancement d’une activité. Sans pour autant virer au catas- trophisme, l’évolution de la situa- tion côté français suscite néan- moins bien des craintes. Étien- ne Boyer, le président de l’U.I.M.M. s’inquiète de l’avenir du tissu industriel du Haut- Doubs. Il voit dans la fuite de main-d’œuvre vers la Suisse, encore facilitée depuis l’accord bilatéral sur la libre circulation des personnes, un risque d’as- sèchement du vivier de com- pétences local susceptible de conforter les entreprises dans leur projet de délocalisation. “Des ajustements s’imposent sur le plan de la fiscalité des entre- prises, de la prise en charge de la formation, du statut du chô- meur frontalier” , explique-t-il. Une ligne de conduite partagée par Daniel Ganahl, le secré- taire du M.E.D.E.F. Franche- Comté. “On ne peut pas conti- nuer à cumuler les avantages des systèmes suisses et français. Il faut aller vers plus de réci- procité” , indique-t-il. Daniel Ganahl regrette que les entre- prises n’aient pas été consultées lors de la signature des accords bilatéraux. F.C.

Même si on ne peut pas encore parler d’un véri- table rush des entreprises, le sujet est d’actualité avec plusieurs délocalisations partielles d’entreprises fran- çaises vers la Suisse. Après la main-d'œuvre, risque-t- on d’assister à un transfert du tissu industriel local de l’autre côté de la frontière ?

S elon l’enquête réalisée en 2005 par la C.C.I. International auprès de 710 entreprises industrielles ou de ser- vices à l’industrie de plus de 10 salariés du Doubs, la Suisse concentre la moitié des projets d’implantations en Europe occi- dentale. Un chiffre qu’il convient de relativiser en sachant que l’attractivité de cette partie du continent européen décline for- tement puisqu’elle ne représente plus que 11 % des projets d’im- plantation. Ce recul s’opère au profit des Pays d’Europe Cen- trale et Orientale (44 %), l’Asie (20 %) et le Maghreb (10 %). Les secteurs les plus concernés sont principalement industriels. Les entreprises issues de la métallurgie, de l’industrie auto- mobile, de l’horlogerie, des machines et des équipements représentent déjà 60 % du total des implantations existantes. Sur le plan des perspectives de transfert, cette part relative tend à s’accroître aux alentours de 66 %. Les raisons qui poussent les entreprises du Doubs à envisa- ger une installation en Suisse sont relativement simples : une fiscalité attractive, du person- nel compétent composé en gran- de partie de frontaliers et un coût social inférieur à celui de la France. À compétences égales, les salaires nets sont de 50 à 60 % supérieurs aux salaires français, le coût de l’heure de travail pour un employeur en Suisse et en France est le même. Le taux de charges sociales au- dessus du salaire brut est de l’ordre de 11 % en Suisse contre

50 % en France. Ces conditions semblent donc bien alléchantes. Cependant, l’installation d’en- treprises étrangères en Suisse n’est pas un phénomène nou- veau en soi tout comme il ne tend pas à s’accélérer. “Il sem- blerait exagéré de parler d’un rush des entreprises françaises sur la Suisse” , commente Ber- nard Aellen. Le responsable du service de la promotion écono- mique du canton de Neuchâtel distingue deux modes d’im- plantations. Le premier s’ins- pire du principe des start-up et procède d’ouvriers frontaliers qui après une expérience sala- riée se sont mis à leur compte pour fonder parfois des entre- prises très renommées à l’exemple de Claret au Locle. Le second relève des stratégies de grands groupes internatio- naux, Richemont ou L.V.M.H., propriétaires de marques pres- tigieuses comme Cartier, Tag Heuer ou Zénith. “Par le biais des rachats, on se rend compte que plusieurs groupes sont direc- tement ou indirectement fran- çais.” Au-delà des avantages fiscaux et sociaux, l’horlogerie suisse haut de gamme dispose d’un for- midable atout avec son fameux Swiss Made. “Le simple fait de réaliser en Suisse est une garan- tie de pouvoir bénéficier du fameux label” , confirme Pierre Hiltpold, le directeur de la chambre de commerce de Neu- châtel. À l’échelle du Pays Hor- loger, en France, les entreprises tentées ou qui envisagent de s’implanter partiellement en Suisse restent très discrètes sur leur projet. D’après nos sources,

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