Journal C'est à Dire 114 - Septembre 2006

L E D O S S I E R

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Repères

Grotte du Trésor et Pont du Diable, même topo

te-t-il. Mais le plus spectaculaire est sans doute le gouffre du Pont Diable dont l’entrée se situe à deux pas de l’ouvrage S.N.C.F. qui passe au-dessus de la R.D.

la narcose. Le froid envahit le plongeur, l’ivresse des profon- deurs survient parfois, le risque est de tous les instants. “À 86 m, on atteint les limites humaines. Pour l’instant, on ne peut pas

Situés en amont et en aval de la grotte de Remonot, ces trois gouffres ont un point commun : les galeries noyées.

L es suspicions sont fortes, mais le groupe spéléo de Morteau n’a pas fait la preuve d’une éventuelle inter- connexion entre le réseau de la grotte de Remonot avec ceux de la grotte du Trésor et du Pont du Diable situés respectivement en amont et en aval du premier. “Une chose est certaine, il y a quelque chose d’énorme là des- sous” indique Christophe Rognon, responsable du club. Les spéléologues se sont aven-

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turés dans les trois cavités qui ont un point en commun : les galeries noyées. Dans chacun de ces endroits, les explorateurs ont mis le pied là où personne n’était probablement jamais allé. À la grotte du Trésor, les hommes-grenouilles ont passé un siphon de 400 m de longueur. “À un moment donné, on sort de l’eau et on pénètre dans une gale- rie où l’oxygène est très rare. C’est un milieu totalement clos. On se sent vieillir d’un seul coup” racon-

437. “On plonge à une profondeur de 86 m sous le niveau du Doubs. C’est un des siphons les plus profonds de l’Est de la France” précise Chris- tophe Rognon. L’exerci-

aller plus bas. Nous ne sommes pas au fond du puits” ajoute Christophe Rognon qui n’est lui- même jamais descendu aussi profond. Mais ces différentes

“À 86 m, on atteint les limites humaines.”

ce devient une affaire de pro- fessionnels. La plongée dure quatre heures. À ces profon- deurs, la plongée est très tech- nique. Le principal danger est

expéditions donnent une indi- cation sur les volumes d’eaux abrités par le sous-sol du Haut- Doubs. “À mon sens, on en fait qu’effleurer un potentiel.”

Deux utilisations possibles pour l’eau du Mont d’Or Protection Le massif du Mont d’Or est un château d’eau naturel à lui seul. Il abrite dans ses entrailles une ressource en eau impor- tante qui pourrait être embouteillée ou alors injectée dans le réseau collectif d’alimentation en eau potable.

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tat, direction régionale de l’environ- nement en tête, émettent certaines réserves à ce projet à vocation éco- nomique. Ils préféreraient que cette ressource soit utilisée à d’autres fins. Plutôt que de l’embouteiller, la D.I.R.E.N. envisage de la préserver en vue de l’injecter dans le réseau col- lectif de la région de Métabief qui connaît une certaine faiblesse en pério- de de sécheresse. La question fait débat entre les défenseurs de chacun de ces scénarios.

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C omme cela était précisé dans le rapport d’enquête d’utilité publique relatif au program- me d’assainissement des ombes, il y a un intérêt à envisa- ger de protéger le réseau d’eau décou- vert à Remonot. Certains spécialistes estiment déjà que cette eau pourrait être captée pour alimenter un jour ou l’autre le réseau collectif. Le débat est plus avancé à Métabief où le phar- macien pontissalien Robert Droz-Bartholet, planche sur un projet d’embouteillage de l’eau du Mont d’Or, un mas- sif qui concentre dans ses cavités karstiques les eaux qui s’écoulent notamment d’un Haut- Jura resté à l’état sauvage. Cette montagne ressemble finalement à un vaste château d’eau naturel dont

une des résurgences se situe dans le tunnel ferroviaire du Mont d’Or. D’ailleurs, le 23 décembre 1912, lors du percement de l’ouvrage, les ouvriers ont mis à nu une poche d’eau qui s’est transformée en un véritable torrent. Le débit enregistré à l’époque attei- gnait les 15 000 litres par seconde. Robert Droz-Bartholet a analysé cet- te eau qui propre à la consomma- tion sans traitement préalable. “C’est

La source se situe dans le tunnel ferroviaire du Mont d’Or.

Environnement L’eau est en proie à des pollutions extérieures L’Institut Français de l’Environ- nement tire la sonnette d’alarme. Il constate que la qualité des eaux souterraines se dégrade. C’ est une tendance générale. La qualité de l’eau des rivières et des nappes souterraines se dégrade. Dans un récent rapport, l’Ins- titut français de l’environnement (I.F.E.N.) a mis en évidence la contamination de la ressource en eau par des pesticides à partir de données transmises par plus de 10 000 stations de surveillance sur l’ensemble du territoire national. L’I.F.E.N. a détecté la présence de produits phy- tosanitaires “sur 96 % des points de Le rapport précise ensuite “que les niveaux des contaminations sont sou- vent significatifs. En eaux de surface, 49 % des points de mesure ont une qua- lité moyenne à mauvaise. En eaux sou- terraines, 27 % des points nécessite- raient un traitement spécifique d’élimi- nation des pesticides s’ils étaient utili- sés pour la production d’eau potable.” La situation n’est pas très folichonne et surtout en contradiction avec la plupart des discours que l’on peut entendre sur la protection de l’environnement. Dans le Haut-Doubs, la plupart des pro- duits retrouvés dans les sols sont sur- tout des désherbants d’origine urbaine. Des fluides toxiques utilisés dans la construction des routes, des parkings, où par les particuliers qui préservent ain- si leur jardin de l’invasion des végétaux. Preuve qu’en matière de pollution les responsabilités sont partagées. En matière de pollution les responsabilités sont partagées. mesure des cours d’eau et 61 % des points de mesure des eaux souter- raines.”

une eau froide, peu miné- ralisée, de type bicarbonée calco-magnésienne qui s’ap- parente à l’eau d’Évian” dit- il. Fort de ces analyses, son

“C’est une eau qui s’apparente à l’eau d’Évian.”

objectif est de parvenir à implanter une usine d’embouteillage sur la com- mune des Longevilles-Mont-d’Or. Le problème est que les services de l’É-

En sous-sol, la vie se fait rare Constat On ne croise que quelques espèces vivantes dans les grottes de la région. Plus on s’éloigne de la lumière et plus les chances de croiser une trace de vie animale sont maigres.

Comme on voit de moins en moins, en tout cas à des fréquences différentes, le niphargus. C’est une petite crevet- te d’un centimètre environ qui vit dans les gouffres du Haut-Doubs. Sa cou- leur blanche est liée à l’absence de lumière. Elle se déplace de côté et res- semble comme deux gouttes d’eau au gamard. Une espèce de couleur sombre qui vit à l’extérieur dans les petits ruisseaux. “On voit très peu de niphar- gus à Remonot commente le spéléo- logue Christophe Rognon. Alors qu’on

les trouve en quanti- té plus importante dans la grotte du Tré- sor où le bassin ver- sant est beaucoup plus boisé et moins urbanisé.”

“On voit très peu de niphargus à Remonot.”

Le niphargus est une des rares espèces qui vivent dans les grottes.

H umides, sans lumière, manque d’oxygène, pauvres en nourriture, les grottes et les gouffres sont des endroits hostiles où la faune se fait rare. On ne recense que quelques espèces animales dans le Haut-Doubs. La plus emblématique est sans doute la chauve-souris de type Grand Murin.

Les spécialistes de l’environnement voient en cette évolution un signe de pollution du milieu facilité par la nature même du sol karstique. Une dernière espèce est recensée dans les cavités du secteur. Il s’agit du crabe aveugle. C’est un petit insecte de 6 pattes qui se déplace à tâtons pour trouver sa nourriture. Bizarre bizar- re…

grottes pour se mettre à l’abri. Mais plus on s’enfonce sous terre, plus les chances de croiser une forme de vie sont rares. “Dans les grottes, il y a la salamandre, qui pond ses œufs dans les eaux froides et qui se réfu- gie dans ces sites. On en voit de moins en moins” observe la Maison de la réserve de Labergement-Sainte-Marie.

“Une vingtaine d’espèces peut être obser- vée dans ce milieu. C’est probablement la population la mieux représentée. Les chauves-souris recherchent ces condi- tions difficiles” indique Franche-Com- té Nature Environnement. Il y a enco- re les renards, les blaireaux ainsi que certains oiseaux comme la chouette hulotte qui plébiscitent l’entrée des

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