Journal C'est à Dire 104 - Octobre 2005
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P L A T E A U D E M A Î C H E
Menacée de mort par son ex-mari, Martine a dû fuir sa région d’origine et ses proches pour s’installer à Maîche. Elle essaye désormais peu à peu de se recons- truire et veut se battre pour venir en aide aux personnes dans sa situation Maîche Au bout de l’enfer conjugal
A u bout des doigts, la cigarette tremble parfois un peu. Elle a choisi de témoi- gner pour aider les autres, comme une thérapie aus- si, pour ne pas rester seule avec ses cauchemars. “Je veux me battre pour protéger les per- sonnes qui sont dans mon cas. Je sais que je ne suis pas seu- le en France, que des tas de gens vivent cela en totale indifféren- ce. Je ne veux pas avoir bousillé une partie de ma vie pour rien” , dit-elle simplement. Depuis un an, cette petite fem- me aux cheveux grisonnants s’est réfugiée à Maîche, pour échapper à un ex- mari qui menace de l’assassiner. On l’ap- pellera Martine. “Donner mon nom, c’est une liberté que je n’ai pas encore” , soupire-t- elle. Après 27 ans de mariage, Mar- tine a quitté son ex-mari il y a deux ans, quelque part dans un département du Centre de la France. Quand il l’a aperçu quelques mois plus tard au bras d’un autre, l’ex-mari est deve- nu fou, s’est juré de la tuer. Et pour Martine, la vie a bascu- lé. “J’étais sa chose. Pour lui, je lui appartenais. Il ne pouvait L e projet d’installation d’un parc de 15 éoliennes sur le Crêt-Moniot prend du retard comparé à ce qui pas- se dans le pays de Montbéliard sur le site du Lomont. Là-bas, le permis est déposé, l’enquê- te publique est classée, “les tra- vaux devraient débuter en 2006” selon Éric Durand, vice-prési- dent de la commission envi- ronnement au Conseil régio- nal. Il faut dire que le dossier concernant le mont du Haut- Doubs est à rebondissement. Le site est en passe d’être inté- gré dans une zone Natura 2000 au titre de “prairie de fauche de montagne”. Une étiquette qui a rendu le débat plus épi- neux encore autour de l’amé- nagement de ce futur parc. “Il se passe que la France a un retard important dans la défi- nition de zones Natura 2000. Sous peine de pénalités, l’Eu- rope lui a demandé d’augmenter le nombre de zones répertoriées ainsi” poursuit Éric Durand. La Vallée de la Loue toute Aux oppositions locales à ce projet qui tendent maintenant à s’estomper est venu se greffer un nouveau statut don- né au Crêt-Moniot.
jours là, diffuse. Et Martine sur- saute à chaque coup de téléphone inconnu, garde sur elle en per- manence le numéro de la gen- darmerie, au cas où…Son ex- mari, condamné à de la prison avec sursis, continue à la cher- cher, à fouiller les répertoires téléphoniques de leurs enfants pour obtenir son numéro, affir- ment ses proches. “Il va falloir faire le deuil de ma vie d’avant, quand je vivais près de mes amis, de ma famille.” Depuis son arrivée dans le Haut- Doubs, sans ressource, Martine a aussi dû se résoudre à passer la porte des Restos du cœur. Une épreuve pour elle, qui aupara- vant travaillait dans une asso- ciation d’aide aux plus dému- nis. “Aller quémander de la nour- riture alors qu’avant je subve- nais à mes besoins, ça fait mal. Je ne pensais pas tomber aus- si bas dans la misère, aussi vite.” La moitié de la valeur de sa mai- son lui revient, mais le dossier traîne en longueur. Pour remon- ter la pente, rebondir, Martine s’est lancée dans l’écriture. Com- me une thérapie. Pour “vider trente ans de sa vie, faire que cela devienne mon histoire, mais ne soit plus mon poids.” Un tra- vail sur sa propre histoire dif- ficile et “qui fait mal. Je m’écrou- le toutes les deux pages” mais
pas concevoir que je le quitte. Alors il a voulu me détruire. Il affirme être prêt à aller en pri- son pour cela.” Martine devient son obsession, il la surveille tous les week-ends, harcèle ses employeurs. Tentatives d’agres- sion, menaces de mort par télé- phone. Dans l’angoisse de le ren- contrer, Martine finit par vivre “enfermée” chez elle. La voix oscille sans cesse entre la détermination et les larmes. Le jour où il lui téléphone pour lui annoncer qu’il “arrive pour l’étrangler” , Martine fait ses bagages. Et décide de tout quit- ter pour revivre, ailleurs. Un peu par hasard, cet ailleurs sera Maîche. sais que tout irait vite, que je retrouverais un emploi aussitôt. Je me sentais libre, même si je sursautais encore au passage de certaines voitures. Mais en fait, je ne le suis pas. Des fois, je m’imagine en prison. Il n’y a pas de barreaux aux fenêtres mais tout est condamné” , murmu- re-t-elle. Se reconstruire psychologique- ment est un long chemin. Car si elle vit loin, la menace est tou- Martine y vit depuis un an dans un appartement H.L.M. “Quand je suis arri- vée, au début, je pen-
Pour que son expérience ne reste pas inutile.
À Maîche, Martine vit dans l’angoisse permanente.
indispensable pour “avancer.” Elle a déjà rédigé une vingtai- ne de pages, aimerait - pourquoi pas - le faire publier une fois qu’il sera terminé. Car son but,
c’est faire bouger les choses, pour que son expérience ne reste pas inutile. Quand elle se sera “d’abord reconstruite elle-même” , elle veut se battre pour que les
personnes menacées de mort par des proches soient protégées et aidées financièrement et psy- chologiquement. O S.D.
M O N T B E N O Î T E T L E S A U G E A I S
Un vent d’incertitudes souffle sur les éoliennes Un dossier à rebondissement Tout semble rentrer dans l’ordre. Mais entre l’opposi- tion rencontrée sur place et le nouveau statut du Crêt- Moniot classé en zone Natura 2000, le parc éolien du Haut-Doubs a du mal à trouver sa place.
Une nouvelle porcherie en 2006 Gilley La fromagerie de Gilley est en train de monter un projet de porcherie. L’installation qui se situera à l’entrée de la commune côté Montbenoît, doit accueillir 2 000 porcs.
L’ actuelle porcherie de Gilley est totalement obsolète, elle ne répond plus aux normes actuelles en la matière. Après avoir totalement modernisé la fromage- rie du village et investi 1,1 million d’eu- ros pour notamment aménager 2 400 places d’affinage robotisées et installer une salle de visite avec vidéo, les 24 socié- taires de la coopérative ont décidé de s’engager dans ce projet de nouvelle por- cherie. “Le projet consiste à construire une porcherie nouvelle avec environ 1 500 places pour les gros cochons et 500 places en post-sevrage pour les porcelets, soit L’emplacement a été choisi, il se situe- rait “un peu plus bas que l’actuelle por- cherie, à l’entrée du village depuis Mont- benoît. Nous allons faire des aménage- ments paysagers pour que le bâtiment soit le plus discret possible. Nous avons également cherché les vents dominants pour ne pas gêner les habitations les plus proches” rassure le président. L’objectif de ce projet est de valoriser la production de lactosérum de la fro- magerie et de profiter ainsi du déve- loppement de la filière porc en Franche- Comté, en passe d’obtenir la fameuse I.G.P. (indication géographique proté- gée). Le coût de cette future porcherie avoi- sinera les 600 000 euros. Le projet sera soumis à enquête publique d’ici la fin de l’année et la porcherie devrait être opé- rationnelle “d’ici septembre 2006.” O Valoriser la production de lactosérum. une capacité totale de 2 000 places” , indique Gilles Pru- d’hon, le président de la fromagerie.
proche, étant déjà classée en secteur Natura 2000, il a été décidé d’étendre le périmètre au Crêt-Moniot. À partir de là, l’ensemble des protagonistes favorables à l’implantation d’éo- liennes a dû démontrer que ces machines, premiers symboles d’un pas en avant vers les éner- gies renouvelables, n’étaient pas incompatibles avec une zone protégée. Selon nos sources, il y aurait eu quelques frictions entre la direction régio- nale de l’environnement et Eole-Res, l’opérateur privé en pour le faire capoter. Il a même été envisagé d’exclure du pro- gramme Natura 2000 les espaces prévus pour accueillir les éoliennes. Aujourd’hui, tous les blocages seraient levés. Le dossier est en instruction. “Il a été montré que les éoliennes sont compa- tibles avec les exigences de Natu- ra 2000” poursuit Éric Durand. Désormais, le projet va suivre son cours. L’enquête publique devrait intervenir en 2006 et le début des travaux en 2007. O charge du dossier. La D.I.R.E.N. crai- gnait notamment que les opposants au projet ne s’em- parent de l’argu- ment Natura 2000
“Les éoliennes sont compatibles avec les exigences de Natura 2000.”
Les porcs élevés à Gilley seraient au nombre de 2 000.
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