Journal C'est à Dire 103 - Septembre 2005

D O S S I E R

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Ils ont quitté leur Haut-Doubs natal

présenter ce mois-ci le destin de ces glo- be-trotters répartis aux quatre coins du monde. Embarquement immédiat, dépay- sement garanti.

Nés dans le Haut-Doubs, ils ont décidé un jour de tenter la grande aventure de la vie hors de leur région d’origine. Par- fois installés à plusieurs milliers de kilo-

mètres, ils se sont expatriés pour leur tra- vail, par conviction, pour des raisons fami- liales ou par simple goût de l’aventure. Le journal C’est à dire a choisi de vous

Ma ferme au Canada Il y a dix ans, Nicolas Roland, agriculteur originaire du Bas-de- la-Chaux sur la commune des Fins, s’est installé au Canada, dans la province de Québec. Marié à une Américaine, il est désormais à la tête d’une exploitation de 150 vaches. Québec

belle province. Lui qui “déteste la pape- rasse” vante les contrôles administra- tifs plus souples qu’outre-Atlantique. Avec le temps, il s’est intégré dans le village, a ses réseaux d’amis. “Les gens sont plus ouverts aux étrangers, ils ont l’habitude car l’immigration a toujours fait partie de l’histoire. Mais ici la vie est peut-être un peu plus dure. Aux Fins au moins, t’as l’équipe de foot, la Fête de la saucisse, l’harmonie… Ici, il n’y a pas grand-chose. La moindre exposition agricole coûte une fortune” , reconnaît- il. Ce qu’il craint le plus, ce sont les hivers longs, très longs. “C’est coriace. De novembre à avril, il fait - 15°C de moyenne, avec des pics à - 48°C. Par rapport à cela, les hivers du Haut-Doubs, c’est de la rigolade” , s’amuse-t-il. Dès qu’il a été installé, “sa blonde” - sa petite amie en québécois - l’a rejoint. Américaine, née en Pennsylvanie, elle l’avait rencontrée à Besançon alors qu’el- le séjournait en France pour perfec- tionner son français. Leurs quatre enfants de sept à un an ont la triple nationalité franco-américano-cana- dienne. Mais eux n’ont encore jamais vu la France. “À cause de la ferme” , Nico- las n’a pu y retourner qu’une seule fois en dix ans, en 1999. Pour cet hiver, toute la famille pourrait traverser l’Atlantique pour une ou deux

“I l n’y a qu’une chose que j’ai gardée de la France. Je conti- nue à mettre des cloches à mes vaches. À part un Suisse ins- tallé dans la province de l’Ontario, je crois être le seul de tout le Canada à le faire” , s’amuse Nicolas Roland. Depuis près de dix ans, l’agriculteur ori- ginaire des Fins s’est installé au Cana-

ce. “Au début, je suis parti juste deux semaines pour voir à quoi ça ressem- blait. Puis j’y suis retourné en stage pour six mois et en même temps je prospec- tais” , détaille-t-il. En juin 1996, Nicolas achète finalement son exploitation, à Hérouxville. “C’est beaucoup plus simple qu’en France. Pas de paperasse administrative, tu vas chez

da, dans la province de Québec. Sa ferme est à une heure de Trois- Rivières, à la limite des zones peuplées. Après, commence la forêt, sur des centaines de kilo- mètres.

le notaire et en une semai- ne c’est terminé. T’es plus libre” , affirme-t-il. “Mais maintenant, pour un jeune, ce ne serait plus possible financièrement. Car les prix des quotas de production

Leurs quatre enfants ont la triple nationalité franco- américano-cana- dienne.

qu’il faut acheter ont plus que doublé.” L’agriculteur finnois est désormais à la tête d’un troupeau de 150 vaches qui gambadent sur 300 hectares. Autour de sa ferme, un paysage immense de champs et de prairie s’étale, avec à l’ar- rière plan une chaîne de montagnes qui barre l’horizon au loin. La vie au Cana- da, Nicolas s’y est vite adapté, si vite qu’il en a pris l’accent chantant de la

Après le lycée agricole à Levier, Nico- las cherchait à reprendre une ferme dans le Haut-Doubs. “Mon frère tra- vaillait sur l’exploitation familiale mais elle était trop petite pour nous deux” , explique-t-il. Un jour, il tombe sur une petite annonce dans un journal agrico- le, vantant une petite ferme à vendre au Québec. Il décide de tenter sa chan-

Nicolas Roland et toute sa famille.

semaines de vacances. “Forcément, ça me manque un peu. Parce que j’ai été élevé là-bas. Et ici, il n’y a pas de vin, pas de comté.” Pour autant, il n’envi- sage pas de revenir vivre en France. “Mon installation, c’est définitif. J’au- rais trop à perdre à tout laisser. Car c’est

plus difficile de s’installer au Canada puisqu’il n’y a pas d’aide comme en Fran- ce. Mais par contre, ici, tu gagnes beau- coup d’argent au moment de la retraite en vendant tes quotas de lait.” O S.D.

Élodie Cairey-Remonnay a mis le cap sur La Réunion À 30 ans, la jeune fille originaire de Morteau a créé sa propre entreprise de graphisme, sur l’île de la Réunion. Parallèlement, elle a lancé une activité de création de bijoux. La Réunion

É lodie Cairey-Remon- nay est une battante. C’est vrai qu’il en faut du tempérament pour se convaincre de créer sa propre entreprise sur une île, La Réunion, qui n’est pas répu- tée en premier lieu pour son dynamisme sur le plan écono- mique, le tourisme mis à part. Mais Élodie a su trouver la bon- ne “niche”, le créneau porteur.

conjoint, Patrick Myotte-Duquet, originaire de Fournets-Luisans, était venu à La Réunion pour travailler sur le chantier que l’entreprise Simonin de Mont- lebon gérait sur l’île : la construc- tion de l’aéroport. Il a ensuite trouvé un emploi dans la post- production sonore. Finalement, la diplômée de desi- gn trouvera son salut dans la publicité. “Depuis 5 ans, je tra-

des bijoux. “L’artisanat, ce n’est pas viable en soi. Je conçois plus cette activité comme un hobby , une passion.” Mais le bijou a tout de même pris une bonne part de ses activités. Elle orga- nise des expositions, fait les mar- chés et a même créé son site internet (www.ckomca.com) pour promouvoir sa ligne de bijoux. Élodie et Patrick - qui a lui- même monté son entreprise de post-production sonore et créé son site www.waprod.fr - se font tranquillement à la vie réunion- naise. L’insularité ne semble pas les déranger, pas plus que le climat qui ne varie guère au cours de l’année. “La qualité de vie est extra, on a du soleil tou- te l’année. L’inconvénient, c’est que dès qu’on veut bouger, il faut prendre un billet d’avion. Nous avons pu découvrir les alentours : Madagascar, Mayotte, Mauri- ce, etc. Et ma famille vient pas- ser Noël tous les ans ici.” Si Élodie a trouvé sa voie sur l’île, elle reste néanmoins atta- chée à sa région d’origine. “On reste Franc-comtois avant d’être Réunionnais.” À 30 ans, elle fait sa vie là-bas, bien loin de la métropole. Sa bonne humeur et son sourire laissent à penser qu’elle y est heureuse…malgré la distance. O J.-F.H.

Après un bac F 12 pas- sé au lycée Pasteur de Besançon, la Mortua- cienne a prolongé cette formation en arts appli- qués par un B.T.S. d’es- thétique industrielle (autrement dit de design ) qu’elle a obtenu à Blois. Revenue à Morteau, elle

vaille en free lance pour des agences de com- munications sur l’île. Comme on est loin de la métropole, toute la publicité, même natio- nale, se fait sur place. Car nous avons de nombreuses spécificités locales. Des budgets

Elle reste néanmoins attachée à sa région d’origine.

a commencé sa jeune carrière professionnelle dans la société horlogère Ambre. C’est là qu’el- le rencontrera l’homme qui par- tage aujourd’hui sa vie à La Réunion. “Il a quitté la société Ambre pour venir s’installer à La Réunion qu’il avait connue par un camarade de l’armée. Je l’ai suivi” raconte Élodie. Nous sommes en 1998. Là-bas, à 10 000 km de Morteau, il est bien difficile de décrocher un travail lié à l’horlogerie. “L’idée était d’y rester un an, le temps de découvrir autre chose.” Son

nationaux, comme la campagne de pub d’Orange pour La Réunion par exemple, sont gérés ici. Ce qui fait qu’il y a pas mal de travail dans ce domaine” explique la jeune infographis- te. Conception d’affiches, pres- se magazine et quotidienne, Élo- die conçoit de nombreux sup- ports publicitaires pour de grands annonceurs nationaux. Parallèlement à son activité pro- fessionnelle, Élodie la battante s’est initiée à l’art de la poterie. Elle a même ouvert un atelier dans lequel elle fabrique et vend

Élodie Cairey-Remonnay, originaire de Morteau, a ouvert parallèlement à son activité professionnelle, un atelier de création en bijouterie.

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