Jounal C'est à Dire 145 - Juin 2009

L E P O R T R A I T

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Morteau L’art lui va si bien

Emmanuel Guigon est conservateur du musée des beaux-arts de Besançon.

Originaire de Morteau, Emmanuel Guigon est conservateur du Musée des Beaux-arts et d’Archéologie de Besançon. Après avoir vécu en Espagne et à Strasbourg, il retrouve ses racines.

“M on âge ? À peu près cinquante ans” s’amuse Emmanuel Guigon. Sa réponse, volontairement imprécise, n’a finale- ment pas d’importance pour cet hom- me qui vit entouré d’œuvres d’art qui traversent le temps. Là où il est, l’esthétisme prévaut sur l’instant, même s’il est souvent le reflet d’une époque et d’un courant artistique. Emmanuel Guigon n’est pas collectionneur mais conservateur en chef du musée des beaux-arts et d’archéologie de Besan- çon. Il occupe cette fonction depuis deux ans. Cheveux mi-longs jetés vers l’arrière, costume gris impeccable, langage choi- si, le personnage à l’allure dandy est à sa place dans ce labyrinthe de béton dont les murs supportent en ce moment les toiles majestueuses du peintre Simon Vouet (1590-1649). Cette exposition sition a du sens car le musée possède déjà des tableaux de Simon Vouet” pré- cise Emmanuel Guigon qui ne va pas en rester là. Le conservateur est pressé. Il avan- ce, les sens en éveil et l’esprit ouvert à d’autres projets, une dizaine à la fois. Son souci est de faire vivre ce lieu pour lui donner l’envergure culturelle qu’il mérite. “On oublie que ce musée pos- sède parmi les plus grandes collections de province grâce à des donations qui ont été faites au XIX ème siècle. Il y aura bientôt des expositions co-produites avec les musées de Bilbao et Séville” pro- met-il. Emmanuel Guigon est un homme de réseau qui active volontiers ses contacts pour donner corps à des idées cultu- relles. L’Espagne est un de ses terrains de prédilection. Il faut dire que c’est qui rend hommage aux années italiennes de l’artiste a un retentisse- ment national et interna- tional. L’homme de l’art est ravi. “ C’est un grand coup d’un point de vue scienti- fique et humain. Cette expo-

au pays de Dali et Picasso que l’étudiant de la Sorbonne a façonné sa sensibi- lité à l’art armé d’un bagage univer- sitaire : un doctorat en histoire de l’art. Il a passé trois ans à la Casa Vélas- quèz à Madrid, une école française à l’étranger qui développe notamment des activités de recherche relatives aux arts. “J’ai ensuite été nommé conser- vateur en chef des expositions à l’I.V.A.M. (institut d’art moderne) de Valence.” Son périple hispanique va durer une quinzaine d’années avant que le spé- cialiste regagne la France pour occu- per la fonction de conservateur au musée d’art contemporain de Stras- bourg. En revenant à Besançon après sept années passées dans la capitale alsa- cienne, Emmanuel Guigon se rapproche de ses racines. “Je suis originaire de Morteau !” sourit-il. Ses parents y étaient horlogers. Sa scolarité l’a rapi- cet érudit qui s’est toujours passionné pour les musées et leur administra- tion, alors que l’économie et le droit attiraient davantage son frère Pascal qui est administrateur judiciaire à Besançon. “La sublimation, le désir esthétique me fascine. J’ai toujours été ému en regar- dant un tableau de Vélasquèz ou une sculpture de Giacometti.” Il savoure en silence le privilège que lui confère son métier de conservateur. Un privilège qui le lie intimement aux œuvres et à leurs auteurs, qu’il met en scène dans ce musée. L’art peut-il rendre heureux ? La question ferait volontiers l’objet d’un sujet de philo au bac. Mais dans le cas d’Emmanuel Guigon, la répon- se est sans aucun doute oui. dement poussé au-delà des frontières du Haut-Doubs. Cependant, il y est revenu une année pour enseigner l’histoire au collège Jean- Claude Bouquet. Des élèves aujourd’hui trentenaires se souviendront sans doute de

“La sublimation, le désir esthétique me fascine.”

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T.C. - RC : B 381 988 237 Ouvert le lundi de 14h à 19h - du mardi au vendredi de 10h à 12h et de 14h à 19h et le samedi de 9h à 12h30 et de 13h30 à 19h CHÂTEAUFARINE - Besançon Tél. 03 81 52 13 53

À découvrir jusqu’au 5 octobre au Musée du Temps de Besançon, l’exposition “bijoux d’artistes”. Elle rassemble les créations des plus grands noms de l’art contemporain dont Picasso.

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