Journal C'est à dire 308 - Septembre 2024

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La longue histoire de la ligne des Horlogers Rétrospective

La ligne fête cette année ses 140 ans d’existence. Plusieurs fois remise en cause, son existence est bel et bien réaffirmée avec les travaux engagés cette année encore. L’histoire d’une survivante.

C ombien de lignes de campagne ont définitivement fermé lors des décennies précédentes ! Concurrencée par les voitures et les camions, le chemin de fer a long

alors sous Napoléon III). Mais grâce à une loi du 23 mars 1874 autorisant l’ad judication de la ligne, celle-ci est concédée par à la Compagnie Vilvert, propriété de Constantin et Aglantier le 14 sep

tembre 1874. Mais cette com pagnie a accumulé les retards quasiment dès le démarrage du chantier en août 1876. En 1878, la compagnie traversant ses premières difficultés finan cières abandonne les travaux

temps décliné, avant de retrou ver ses lettres de noblesse, grâce aux lignes à grande vitesse et aujourd’hui aux ten tatives de trouver des alter natives à la voiture, y compris sur les petites lignes autrefois menacées.

Une convention entre la France et la Suisse signée le 14 juin 1881.

dès juin de la même année. La ligne est alors rachetée par l’État, afin de pour suivre les travaux, selon les termes d’une convention signée en mars 1879, entre le ministre des Travaux publics et la Compagnie du chemin de fer direct

Cette ligne, imaginée dès le début des années 1860, devait au départ être construite par l’État, le projet ayant été déclaré d’utilité publique par un décret impérial le 19 juin 1868 (on est

Une ancienne carte postale de la gare de Gilley (photos Mémoire Vive).

celui de Besançon à Pontarlier, ces deux derniers en voie métrique. C’est la régionalisation qui sauvera la desserte voyageurs sur la ligne Besan çon-Le Locle qui réussit à échapper de justesse aux vagues de démantèlement du réseau régional. Pérennisée au début des années 2000, la ligne bénéficia d’une amélioration du service avec 42 % d’offre supplémentaire de 2002 à 2008 et à la clé un quasi-doublement de la fréquen tation. n J.-F.H.

convention signée entre le ministre des Travaux publics et la compagnie le 26 mai 1883. La ligne sera inaugurée le 4 août 1884, il y a 140 ans. La ligne des Horlogers est aujourd’hui une des rares survivantes de la quarantaine d’anciennes lignes de chemin fer qui coexistaient sur le territoire de Franche Comté. Pour n’en citer que quelques unes de ces voies disparues, on peut évoquer la ligne qui reliait Saint-Hip polyte à Voujeaucourt, ou encore le che min de fer de Morteau à Trévillers ou

de Besançon à la frontière suisse par Morteau. Le raccordement entre les réseaux de chemins de fer français et suisse au Locle est réglé par une convention entre les deux États signée le 14 juin 1881. Cette convention est approuvée en France par une loi du 11 juin 1882. Et finalement, la ligne Besançon-Le Locle est concédée à titre définitif à la célèbre Compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée, la fameuse P.L.M., ancêtre de la S.N.C.F. par une

Une autre très vieille carte postale intitulée “Le pont de chemin de fer de Morteau.”

Depuis 50 ans, il se bat pour la ligne des Horlogers Témoignage Dans les années 1970, Jean-Claude Roy était chef de gare à Morteau. Ayant travaillé toute sa carrière à la S.N.C.F., il témoigne de son combat syndical pour sauver la ligne des Horlogers entre Valdahon et Morteau.

pour se raccorder à la ligne des Horlogers: engrais, charbon, denrées pour le bétail, eau miné rale pour Rième Boissons, bois, ferrailles… Le trafic de mar chandises était important, une dizaine de wagons par jour dans les deux sens tractés par une loco diesel. Et en gare de Morteau, il y avait un locotracteur local pour les livraisons. Il y avait une vie dans cette gare. Le père Noël montait dans l’autorail à Grand’Combe-Châteleu pour arriver en grande pompe à Mor teau où l’attendaient les enfants.” Lorsqu’il voit, en 2024, une phase de travaux de modernisation se terminer, il est heureux ? “On a bien fait de résister. On offre une qualité de service avec des gares accessibles, des matériaux de qualité grâce aux travaux impor tants de la Région. Il y a davan tage de confort, de rapidité. On a perdu en personnel mais la section de ligne s’est renforcée, elle est assurée de sa survie. De plus, il y a une intermodalité organisée avec cette ligne, on va dans le bon sens. Maintenant, on va être attentif aux dessertes proposées par la Région, attentif aux services proposés.” n L.P.

D ans sa vie, Jean Claude Roy a porté plusieurs casquettes : militant F.N.A.U.T., vice-président en charge des transports du Grand Besançon pendant presque 15 ans, délégué syndical S.N.C.F., etc. Mais celle qui l’affectionne particulièrement est celle de chef de gare. Le Bisontin a notamment été chef de gare à Morteau il y a plus de 50 ans en 1974. Il se sou vient qu’à l’époque déjà, la bataille était engagée pour sau ver la ligne des Horlogers. “À l’époque, cette ligne était déjà menacée, c’était la S.N.C.F. qui décidait. Cette ligne était stra tégique de Besançon à Valdahon avec le camp militaire.” On pou vait ainsi voir circuler sur la

ligne des Horlogers des trains de chars avec des wagons spé ciaux, des convois exceptionnels, et les trains de permissionnaires en début et fin de semaine. “Mais au-delà de Valdahon jusqu’à Morteau, la fréquentation n’était

dégradait le service, la ligne des Horlogers n’attirait pas les usa gers.” L’ancien chef de gare se souvient aussi du nombre d’agents pré sents en gare de Morteau. “Il y avait 7 ou 8 agents d’exploitation,

pas assez importante pour les chiffres de la S.N.C.F., reprend Jean Claude Roy. Les associa tions syndicales dont je faisais partie ont sensi bilisé les maires des com

une équipe entretien de la voie sur place, un agent du service élec trique pour la mainte nance des signaux, une agence en douane à la gare avec une vingtaine

In important trafic de marchandises à l’époque.

d’agents qui réalisaient des opé rations douanières pour la S.N.C.F. avec le trafic de l’hor logerie et les baromètres mercure notamment. Il y avait aussi un trafic ferroviaire de marchan dises par wagon qui arrivait de Pontarlier et bifurquait à Gilley

munes concernées pour qu’ils se mobilisent et donnent leur avis. Cela a duré plusieurs années. La circulation a été maintenue sur cette portion mais comme il n’y avait pas de travaux pour pouvoir assurer la sécurité, la vitesse a été abaissée. Comme on

Jean-Claude Roy (à gauche avec les lunettes), attaché au transport public, était présent lors de la présentation des travaux par S.N.C.F. Réseau et la Région.

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