EN MODE ACTION 02 - Avril 2023
Avril 2023 | EN MODE ACTION.
Haut-Doubs LES ZONES RECULÉES LES PLUS DÉFICITAIRES
LE DOSSIER Suite ➜
Le plateau de Belleherbe privé de médecin depuis 4 ans Les locaux de la maison médicale de Belleherbe restent désespérément vides, depuis le départ du dernier médecin traitant, en 2018, et plus récemment du couple de kinésithérapeutes, suite au Covid. Ne restent plus ici qu’un cabinet infirmier et des permanences ponctuelles de praticiens.
D ans l’annonce qu’elle a fait paraître sur son site Internet, la Communauté de communes du Pays de Sancey-Belle herbe met particulièrement en avant les atouts de son territoire (cadre naturel, tissu asso ciatif, commerces et services…) et va jusqu’à propo ser son aide aux futurs médecins, “tant au niveau administratif que logistique.” Consciente des at tentes variées, la collectivité laisse même ouvert le champ des possibilités : “Conviendrait à l’installa tion d’un couple de médecins, ou d’un couple mé decin-pharmacien. Possibilité d’étudier un poste de médecin salarié.” Toutes les options sont, ici, envisagées jusqu’au tarif préférentiel de location de cabinet. Il faut dire que ces dernières années, le terme de “ désert mé dical” a peu à peu pris du poids dans le secteur. Et une crainte supplémentaire guette aujourd’hui les élus : celle de voir la commune voisine de Sancey à son tour dépourvue de médecins. “Un couple de médecins y exerce encore en cabinet libéral privé, mais ils sont proches de la retraite. Et il n’y a pas eu de projet de reprise à ma connaissance, bien que l’un des deux, en tant que maître de stage, accueille souvent des étudiants en fin de cursus”, remarque Charles Schelle, premier vice-président de la Communauté de communes.
“Le problème est le même partout. Le médecin est une pierre angulaire dans un secteur rural”, ajoute Christian Brand, à la tête de l’exécutif local. “C’est un vrai souci chez nous, dans la mesure où les médecins et les pharmaciens avaient l’habitude d’assurer en semble les gardes entre Sancey, Belleherbe et Pier refontaine-les-Varans. L’un des effets sous-jacents, aussi, est qu’il n’y a plus de prescripteurs, ce qui pose problème pour les pharmacies derrière, dans le renouvellement d’ordonnances.” On assiste ainsi localement à un report des patients sur Maîche, L’Isle-sur-le-Doubs, voire Baume-les-Dames. “Pier refontaine, qui est encore pourvu de deux médecins mais qui est aussi en tension, ne prend plus de nou veaux patients. Résultat, il faut faire minimum 15 ou 20 km”, se désole l’élu. Deux médecins ne seraient pas de trop, ici, pour le bassin de population. La maison médicale avait d’ailleurs été construite en ce sens, en 2008-2009, avec la mise à disposition notamment de deux ca binets de médecine générale et d’un cabinet de kinésithérapie, incluant un espace balnéo avec piscine (un équipement plutôt rare sur le secteur, déjà pensé à l’époque comme facteur d’attractivi té). “ À l’ouverture, les locaux étaient remplis, puis il y a eu plusieurs concours de circonstances” , regrette Charles Schelle, qui évoque l’arrivée et le départ de médecins étrangers et le cas de ces deux kinés, empêchés de pratiquer car non-vaccinés Covid, partis depuis. Aujourd’hui, les visites se font surtout au motif des autres services adossés à la maison (Poste, antenne France Services, syndicats des eaux et de l’école, permanence ADMR…) ou du ca binet infirmier. Pas question pour autant de parler de défaut d’at tractivité. “On est certes éloigné de Besançon, mais on reste à proximité de la frontière suisse, de Val dahon, Maîche ou même Montbéliard. On a une éco nomie porteuse (tirée par la filière comté et un gros tissu artisanal), tous les services de la petite enfance, trois groupes scolaires neufs, une médiathèque, une salle de cinéma et même bientôt un tiers lieu en coworking”, énumère Christian Brand. n
“Le médecin est une pierre angulaire
dans un secteur rural.”
“La maison médicale de Belleherbe attend son (ses) médecin(s)”, répètent Christian Brand et Charles Schelle.
32 |
Made with FlippingBook - Online magazine maker