EN MODE ACTION 04 - Avril 2025

EN MODE ACTION. | Printemps 2025

EMA : Une vraie réforme des collectivités locales est elle souhaitable, avec suppression des Régions ou des Départements par exemple, pour une meilleure efficience de l’action publique ? PM : Ce qui est sûr, c’est que nous avons laissé s’empiler de nombreuses collectivités et établissements publics, sans assez rationaliser les dépenses. Il faut donc s’atteler à chasser les doublons, qui en effet sont nombreux. Beaucoup d’agglomérations pourraient mutualiser des services avec la mairie principale de l’EPCI (services communication ou autres) mais encore beaucoup d’entre elles ne le font pas. Il faut impérativement chercher tout ce qui permet d’éviter ce genre de doublons. EMA : Pourquoi la fusion des Régions n’a-t-elle permis aucune économie ? Pourtant c’était un des objectifs de la réforme. Pourquoi est-il si difficile de faire des économies finalement ? PM : Il n’y a pas eu d’économies à la clé en effet mais ceci dit, ce projet de fusion n’était pas un projet financier mais il s’agissait avant tout de créer des grandes Régions puissantes qui puissent rivaliser avec d’autres grandes régions en Europe comme les Länder allemands. De ce point de vue-là, le bilan est en progrès mais ces Régions françaises sont encore un peu au milieu du gué car on ne leur a pas non plus délégué des moyens suffisants. Sans

On a souvent considéré ce sujet de la dette comme étant contingent, alors qu’il est capital.

EMA : Et par rapport à un pays comme l’Italie ? PM : Je ne souscris ni au choix politique ni à la méthode de gouvernement de l’Italie mais il y a néanmoins du bon à prendre partout. On peut aussi citer l’Espagne et le Portugal dans les bons élèves actuellement. EMA : Les gouvernements de toutes tendances politiques, y compris ceux à qui vous avez appartenu ont leur part de responsabilité non ? PM : Ce n’est pas une question de droite ou de gauche en effet, mais il y a des moments où on est plus attentifs à cette question qu’à d’autres. Pendant les années Hollande, j’estime tout de même que les finances publiques ont été mieux tenues, avec un déficit qui était passé de 5,2 à 3,9 % du PIB. Et si on remonte plus loin, sous Jospin, les déficits avaient été divisés par deux. 25 ans après, on se retrouve avec une dette à 115 % du PIB alors que l’Allemagne est à 60 %. Cherchez l’erreur… EMA : La crise sanitaire a tout fichu en l’air ? PM : Tout le monde en Europe pendant cette période a augmenté sa dette de PIB de 15 %. Le problème, c’est qu’en France, on a continué depuis cette période à faire de la dette. Il y a là une anomalie.

“Il n’y a pas encore eu cette nécessaire prise de conscience.”

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