EN MODE ACTION 04 - Avril 2025

Printemps 2025 | EN MODE ACTION.

Les stations de moyenne montagne n’ont pas d’autre choix que de s’adapter Métabief - UNE TRANSITION ANTICIPÉE La nouvelle saison hivernale en demi-teinte, enregistrée dans le département, vient conforter un peu plus le choix d’abandon de l’activité de ski alpin à l’horizon 2030 sur la station de Métabief, où une transition est engagée depuis une dizaine d’années.

TOURISME ➜

L' annonce de la fermeture du secteur de Pi quemiette en septembre dernier avait jeté un pavé dans la mare, suscitant une levée de boucliers des commerçants et de cer tains élus. Quelques mois après pourtant, la décision ne semble plus si incongrue au regard de l’enneige ment disparate observé. Même si elle a encore du mal à passer. Avec seulement 146 cm cumulés de neige au som met, la station de Métabief s’en sort bien. “Le bilan est plus qu’honorable cette saison au vu des conditions météo” , observe Philippe Alpy, le président du Syn dicat mixte du Mont d’Or (S.M.M.O.). “Si nous n’avions pas concentré tous les moyens et le personnel à dispo sition sur une partie du domaine, on n’aurait pas eu le volume de neige suffisant. Cela nous a permis de tenir 88 jours, ce qui est une véritable prouesse.” Hormis durant Noël et Nouvel an, il aura ainsi été difficile de skier sur le massif du Mont d’Or. Mais une nouvelle donne culturelle semble aussi s’imposer, au travers d’une meilleure acceptation du public. L’image de bandes enherbées jouxtant les pistes devenant plus coutumière. “Les personnes accueillies ont toutes dit qu’il y avait de bonnes conditions de ski. Et cela n’a pu être possible qu’en optimisant notre gestion”, reconnaît Philippe Alpy. “On ne peut plus être que gestionnaire des remontées mécaniques.” Agilité et adaptation sont ainsi devenues, au fil du temps, les maîtres-mots des stations de moyenne montagne,

Pour définitivement passer de station de ski à station de montagne.

qui ont toutes engagé leur mutation. À Métabief, on a pris ce virage il y a un moment déjà en s’appuyant no tamment sur des études climatiques (modèle Climsnow) et sur des solutions innovantes (telle la méthode E.V.E.) pour rénover et moderniser les remontées mécaniques. “Les projections réalisées sur la station avec des experts et Météo France ont malheureusement confirmé ce qui était pressenti. On a servi de laboratoire. Les années d’enneigement au naturel sont très aléatoires et ne vont aller qu’en s’aggravant” , rappelle Philippe Alpy. La question de la transition s’est imposée d’elle-même à partir de 2014 à la station au regard des enjeux financiers et techniques de son parc. Plutôt que d’investir dans de nouveaux télésièges, à plusieurs millions d’euros, elle a finalement fait le choix de la raison, et en est venue, y compris, à acter la fin du ski alpin à l’horizon 2030. Après avoir pourtant longtemps investi dans le déploiement de la neige de culture. “Maintenir l’équipement existant à haut niveau de maintenance, sans le remplacer par du neuf, fait aussi partie de comment on s’adapte.” Forcément sensible à la problématique, Olivier Érard, glaciologue de formation et ancien directeur du S.M.M.O. de 2012 à 2024, a contribué lui aussi à mettre en place cette mutation. Un travail que poursuivra le nouveau directeur, Guillaume Thiriot, fraîchement arrivé. Pour définitivement passer de station de ski à station de montagne, le S.M.M.O. veut continuer à développer les activités outdoor et diversifier son offre (V.T.T., trail, marche nordique, nouvelle luge sur rails), dans une logique 4 saisons. Mais il sait aussi qu’il faudra aller vers une adaptation de ses statuts. “On ne peut plus être que gestionnaire des remontées mécaniques. Il faut aller trouver d’autres recettes et méthodes de fonctionne ment, et arriver peut-être à un modèle de gouvernance public-privé” , remarque Philippe Alpy. Reste aussi à accompagner les acteurs publics et privés et les professionnels du tourisme dans cette métamorphose. C’est pourquoi un schéma directeur de la transition du tourisme et des loisirs du Haut-Doubs, rebaptisé Masterplan, a été lancé dans le cadre du programme Avenir Montagnes. Ce document fixe les orientations à l’horizon 2040-2050.. n

La diversification de l’offre, estivale notamment, doit contribuer à maintenir Métabief sur la carte touristique (photo Ben Becker).

38 |

Made with FlippingBook Learn more on our blog