EN MODE ACTION 01 - Mars 2022

Mars 2022 | EN MODE ACTION.

Pour Gérard Larcher, “le Sénat est la voix de ces territoires qui ont moins de voix.”

EMA : Certains sénateurs, à l’image de Jean-François Longeot, prônent la création d’une charte de la ruralité. Soutenez-vous ce genre d’initiative ? GL : C’est une belle idée qui consiste à rassembler les éléments essentiels de la vie rurale afin que cohabitent au mieux les ruraux et les néo-ruraux afin de créer un vivre ensemble vertueux. On disait autrefois que le Sénat était l’assemblée du seigle et de la châtaigne. Si cette charte a cette approche de bien vivre ensemble, alors elle sera intéressante et nous la soutiendrons. EMA : Au moment où la France élit son nouveau président(e), quels sont selon vous les principaux défis à relever pour ce nouveau quinquennat ? GL : Il y a plusieurs chantiers fondamentaux à mes yeux. Celui de l’éducation d’abord avec non seulement l’acquisition des savoirs fondamentaux, mais aussi des fondamentaux du citoyen. Il y a ensuite la question climatique et la résilience. Même si la France ne représente qu’1 % du monde, nous avons un devoir collectif sur ce point, sans pour autant se faire peur ou créer des nouvelles taxes qui pourraient à nouveau conduire des citoyens sur les ronds-points. Le sujet de la sécurité sera aussi primordial et en lien direct avec une justice qui se réimmerge beaucoup mieux dans la société. La question migratoire ensuite dans le respect des valeurs de la France mais avec une réponse européenne comprenant une politique d’immigration centralisée et équitablement partagée entre les pays de l’Union. EMA : Le Doubs est-il un département cher à vos yeux ? GL : J’ai une affection toute particulière pour le Doubs que j’ai découvert alors que j’étais jeune vétérinaire du côté de Levier, aux côtés de conseiller général de l’époque et maire de Levier, Louis Philippe, en travaillant sur les troupeaux de montbéliardes. Le Doubs est donc un département cher à mes yeux, avec de nombreuses richesses autant agricoles qu’industrielles. n

ne l’est peut-être pas à Besançon. Qui sont les plus agiles pour s’adapter aux réalités du terrain ? Nous défendons en quelque sorte un circuit court de décision. Tout cela n’exclut pas un État présent, mais pas un État ventripotent qui bloque tout. Qui impose les décisions à Pontarlier, Besançon ou Montbéliard ? Dans de nombreux cas, ce ne sont pas les maires de ces villes mais l’A.D.E.M.E. ou encore l’A.N.A.H. EMA : La crise sanitaire a également mis en lumière les carences en matière d’accès aux soins. Faut-il justement revoir l’approche en matière de service public de santé ? GL : Des secteurs restent sinistrés en la matière. Je pense par exemple à des départements comme l’Orne, l’Indre ou le sud de l’Indre-et-Loire où il y a sans doute deux fois moins de médecins que dans le Doubs. En même temps, ces mêmes territoires bénéficient d’une attractivité nouvelle depuis la crise sanitaire qui a mis en lumière plus que jamais l’absence d’équipements publics dans ces territoires qui sont les “oubliés” de notre République. C’est la raison pour laquelle une des missions du Sénat que nous réaffirmons plus que jamais est d’être la voix de ces territoires qui ont moins de voix. Une des illustrations récentes les plus frappantes en matière de santé, c’est le fonctionnement des A.R.S. Les personnels de santé si courageux depuis des mois sont lassés de regarder les circulaires qui tombent d’en haut. Le fait que nous ayons voté pour une co-présidence des A.R.S. entre les préfets et les présidents de Région est à mes yeux une grande avancée qui peut changer beaucoup de choses. En matière de santé publique comme dans tous les autres grands domaines de la vie courante, la restauration de la confiance passera par plus de décentralisation et de proximité.

"J'ai une affection toute particulière pour le Doubs."

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