Journal C'est à Dire 98 - mars 2005
11 D O S S I E R La qualité des eaux du Doubs et de ses affluents à la loupe En hiver, l’eau froide bloque le développe- ment de la végétation et des organismes aquatiques. Les indices de pollution sont donc moins visibles mais tout aussi actifs ou prêts à se révéler au premier réchauffement thermique. Sans être catastrophique, l’état du Doubs, d’Arçon à Goumois ainsi que du Dessoubre, est dégradé par des pollu- tions d’origine agricole, industrielle et domes- tique. Aux causes, communes sur tous les secteurs, s’ajoutent des problématiques locales liées aux activités humaines et à la configu- ration des lieux. Sentinelles de la rivière, les pêcheurs sont souvent les premiers à constater les dégradations souvent confir- mées par les scientifiques. Enquête. Une volonté de résoudre les problèmes dans un contexte toujours critique Val de Morteau
Les causes majeures de la pollution du Doubs et de ses affluents au niveau du Val de Morteau sont d’origine agricole, industrielle et domestique. Depuis plusieurs années, les pêcheurs locaux constatent une dégradation constante du milieu aquatique. Des travaux et des études sont menés pour limiter l’impact des activités humaines.
E n labsence dune crue significative au prin- temps 2004, le phéno- mène de prolifération alguale dû à des surcharges en phosphore et en azote a pris une telle ampleur que les pêcheurs de la GauleMortuacienne ont déci- dé dattirer lattention des pou- voirs publics sur la gravité de la situation en envoyant un courrier à la préfecture. Depuis 2 ans, on se mobilise activement pour défendre la qualité des eaux de nos rivières. On observe déjà des pol- lutions à lamont dEntreroches. Elles sont liées en partie aux rejets de la station de Pontarlier et aux carences de traitement des eaux usées du côté du Saugeais où lon attend avec impatience la création dune station qui tarde à venir , rappelle Daniel Blondeau, vice- président de la société mortua- cienne. Des lacunes que lon retrouve éga- lement au niveau du Val de Mor- teau. Les pêcheurs de la Truite du Beugnon demandent que le traitement des eauxusées deGran- dCombe-Chateleu et des Gras
soient transférés surMorteau, ceci afin de préserver le Theverot mal en point lui aussi. Je suis inquiet quand je vois les enfants qui se baignent en été dans ce ruisseau. La qualité de leau à la sortie de la station de GrandCombe nest plus ce quelle était. Il est urgent dintervenir pour éliminer les eaux parasites , note Jean Prudhon, le président de cette socié- té de pêche. La déficien- ce du réseau dassainis- sement sapplique sur len- semble duVal et se réper- cute dans le fonctionne- ment des 3 stations en place. Pour pallier ces perturbations, un schéma directeur dassainisse- ment est en cours délaboration sur le territoire de la communauté de communes du Val deMorteau. Conformément à la loi sur leau de 1992, toutes les collectivités doivent mettre en uvre ce dis- positif avant fin 2005. Lobjectif est détablir un diagnostic de lexis- tant. Cette étude est réalisée par un cabinet privé qui va lister toutes les anomalies notamment au niveau des branchements des par-
Les pêcheurs mortuaciens se féli- citent du remplacement en novembre 2004 de la vis de rele- vage des eaux usées de la station. Lancienne était défectueuse. La pompe de relèvement de secours prenait le relais en cas de panne mais il était nécessaire de la chan- ger , confirme Pascal Sugny de la société Gaz et Eaux qui gère les 3 stations locales. La pollution ne se limite pas seu- lement au Doubs et au Theverot. Elle touche dautres affluents com- me le ruisseau de la Tanche et celui de Cornabey. En 1999, la Gaule Mortuacienne remettait 10 000 alevins de truite dans la Tanche pour nen récolter au final quune cinquantaine. Il savé- rait que ce ruisseau-pépinière était complètement pollué. On a dû arrê- ter lalevinage plusieurs années , reprendDaniel Blondeau. Des tra- vaux de réhabilitation ont été enga- gés en 2003 en liaison avec la municipalité des Fins, la com- munauté de communes et le gar- de fédéral. Deux bassins de réten- tion ont été réalisés dans la Raie avec une limitation partielle des pollutions du quartier des Usines. Au niveau de la source même, la gouille polluante du Barlot a été supprimée tout comme la décharge sauvage située au-des- sus des étangs Guibelin. Lesmembres de la société ont net- toyé le ruisseau jusquà Inter- marché. On commence à voir une amélioration, suffisante en tout cas pour tenter une nouvelle expé- rience dalevinage avec lintro- duction de 1 000 truitelles. Il ne reste plus quà régler les rejets pol- luants de lusine à ciment qui devrait prochainement partir au Bas-de-la-Chaux. On a deman- dé à la commune de Morteau de dépolluer le site. Autre bonne nouvelle, le curage du ruisseau dEspaceMorteau est
ticuliers. Certains sont en dehors de toute réglementation en bran- chant les eaux pluviales sur les eaux usées. 500 propriétés ont déjà été vérifiées. Après cet état des lieux, le schéma aboutira sur une enquê- te publique, phase qui précédera lélaboration dun certain nombre de prescriptions , précise Pierre Pinçon, responsable des services techniques. un éventuel épandage agricole, elles sont déshydratées sur place puis transportées sur Dijon où elles sont incinérées. Lorigine de cette pollutionmétallique nest pas encore cernée avec précision. Àmon avis, les traces de chrome et de nic- kel détectées sont plus liées à des petites activités car les grosses entre- prises disposent de systèmes de recyclage , avance Jean-Luc Fal- connet, biologiste à la D.I.R.E.N. (Direction Régionale de lEnvi- ronnement) qui dispose dune sta- tion de contrôle au pont de Sobey. Autre souci préoccupant, la présence de métaux lourds relevés dans les boues de la stationdeMor- teau. Non conformes pour
Le Theverot mal en point lui aussi.
La gouille nauséabonde au niveau de la source du ruisseau de la Tanche a disparu au grand soulagement de Daniel Blondeau, le vice-président de la Gaule Mortuacienne.
programmé dès ce printemps. La D.D.A.F. (Direction Départemen- tale de lAgriculture et de la Forêt) et le C.S.P. (Conseil Supérieur de la Pêche) ont donné leur autori- sation. Sollicitée pour une aide financière, lamunicipalité deMor- teau a accepté de financer la tota- lité du curage, dun montant de 3 700 euros. La remise en état du ruisseau de Cornabey, détenteur dun peu glorieux I.B.G.N. (Indi- ce Biologique Global Normalisé)
de 5 sur 20 en 1996, simpose éga- lement. Ce ruisseau-pépinière a longtemps souffert de lactivité des scieries. Lassainissement à Der- rière-le-Mont laisse à désirer. En 2004, la D.D.A.F. a lancé une étude complète sur ce ruisseau. Le coût sélève à 50 000 euros répartis entre lAgence de leau (40 %), la D.I.R.E.N. (30 %), le Conseil Général (10 %) et la com- mune de Montlebon (20 %). ! F.C.
Les pêcheurs du Beugnon demandent que les eaux usées de GrandCombe et des Gras soient transférés sur Morteau pour préserver le Theverot sujet à pollution.
Une nouvelle vis de relevage des eaux usées a été installée en novembre 2004 à la station dépuration de Morteau. Une opération à la charge de la société Gaz et Eaux.
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